Philippe Bouvard, ce fabricant de futures vedettes<!-- --> | Atlantico.fr
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Petit théâtre de Bouvard humour télévision Philippe Bouvard Régis Laspalès Mimie Mathy Smaïn
Petit théâtre de Bouvard humour télévision Philippe Bouvard Régis Laspalès Mimie Mathy Smaïn
©PASCAL GEORGE / AFP

Bonnes feuilles

Philippe Bouvard publie "Des grumeaux dans la passoire" aux éditions Plon. Dans cet ouvrage, il livre une cascade de souvenirs souvent indiscrets et établit une galerie de portraits hauts en couleurs. A 91 ans, le journaliste n'a rien oublié des rencontres providentielles offertes par un métier qui le passionne toujours. Extrait 1/2.

Philippe Bouvard

Philippe Bouvard

Présente-t-on Philippe Bouvard, l'écrivain tout en verve et mordant qui a déjà publié 66 livres, écrit plus de 50 000 articles, présenté 10 000 émissions à la télévision et près de 30 000 à la radio ? Journaliste de presse, de radio, de télévision, créateur des mythiques Grosses têtes, plume acerbe, acide et drôle, il est l'une des figures du panthéon journalistique français.

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Le théâtre auquel j’avais immodestement donné mon nom m’a offert à la fois l’une de mes plus grandes réussites et le plus misérable de mes cachets. La deuxième chaîne, sur laquelle je sévissais depuis que Pierre Sabbagh m’y avait entraîné lorsqu’il avait quitté « la une », cherchait une émission grand public pour meubler son « access prime time ». Ses dirigeants avaient d’abord refusé mon projet, avec un argument massue :

— On ne peut pas, à cette heure-là, programmer des comédiens que personne ne connaît !

À quoi j’avais objecté que, si se vérifiait ma théorie selon laquelle ce qui me faisait rire ferait rire les Français, mes jeunes recrues n’attendraient pas un mois pour devenir des vedettes.

Le pronostic se révéla valable. Régis Laspalès n’était pas à l’antenne depuis quinze jours que les imitateurs le caricaturaient déjà. J’avais eu un peu plus de peine à imposer Mimie Mathy à laquelle j’avais trouvé, dès sa première audition, un talent si prometteur que j’avais diffusé son sketch le soir même. Le lendemain, le responsable des variétés, dont personne n’est plus capable de citer le nom, alors que celui de ma petite protégée est sur toutes les lèvres, m’avait sévèrement tancé avec une remarque dépassant les bornes du mauvais goût :

— Il ne faut pas confondre chaîne publique et Foire du Trône.

Ma fierté d’avoir donné sa chance à l’éternelle gamine qui devait très rapidement décrocher le titre enviable de « vedette préférée des Français » n’en avait été que plus grande. J’ai revu souvent Mimie. Elle s’est mariée de façon rocambolesque avec un très grand garçon qu’elle avait fait monter sur scène alors qu’il assistait à l’un de ses spectacles. Ensemble, ils ont ouvert un restaurant. Hélas ! il y a eu surtout des convives le jour de l’inauguration, où les repas étaient gratuits.

Dans son sillage s’étaient engouffrées d’autres futures stars, telles que Muriel Robin, Michèle Bernier, Smaïn et Didier Bénureau . Le succès avait été si fulgurant que j’avais dû diviser ceux que j’appelais « mes neveux » en trois équipes. Par roulement, elles assuraient la quotidienne du petit écran, un spectacle dans un théâtre parisien et une grande tournée en province. Chaque soir, nous obtenions plus de 50 % d’audience et le journal qui suivait n’avait jamais été plus regardé. Cette formidable aventure a duré près de trois ans. Trois ans de bonheur. Trois ans durant lesquels j’ai fait rimer hilarité et amitié.

Au total, j’ai dû chaperonner une centaine de débutants. Quatre-vingts ont ensuite très bien vécu de leur métier. Une vingtaine ont vu leur nom s’afficher en lettres de feu au fronton des théâtres et des music-halls.

Par deux fois, j’ai éliminé des acteurs qui ont fait carrière. Je trouvais Bigard vulgaire et Dany Boon pas drôle. Leur succès ne m’a pas fait changer d’avis.

Je n’ai pas conservé de contact avec tout le monde mais, de temps en temps, je reçois le coup de fil d’anciens pensionnaires qui ne m’en veulent pas de les avoir fait travailler à leur début.

Extrait du livre de Philippe Bouvard, "Des grumeaux dans la passoire, souvenirs d'un amnésique", aux éditions Plon. 

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