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Productivité : les salariés travaillent plus depuis le début de la pandémie. Oui, mais pas tous
©LOIC VENANCE / AFP

Impact du confinement

Selon une récente étude, les journées de travail étaient en avril et en mai 30 minutes plus longues qu’en janvier et en février. Cette hausse a été constatée principalement le soir. Cette hausse concerne-t-elle toutes les catégories de salariés ou un profil en particulier semble plus travailler ? Qu'est ce qui expliquerait les différences ?

Xavier  Camby

Xavier Camby

Xavier Camby est l’auteur de 48 clés pour un management durable - Bien-être et performance, publié aux éditions Yves Briend Ed. Il dirige à Genève la société Essentiel Management qui intervient en Belgique, en France, au Québec et en Suisse. Il anime également le site Essentiel Management .

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Atlantico.fr : Selon une étude réalisée dans 65 pays par Atlassian, un développeur de logiciels de travail, les journées de travail étaient en avril et en mai 30 minutes plus longues qu’en janvier et en février. Le dépassement ayant surtout lieu le soir. Est-ce un phénomène général ?  Qu’est-ce qui pourrait expliquer cette hausse ?

Xavier Camby : Je pense qu'il serait prématuré d'en extrapoler des tendances durables. Le 1er confinement, décrété par mimétisme avec la Chine, face à la découverte d'un virus inconnu, nous a obligés à réagir dans l'urgence. Et à expérimenter des modalités de travail qui étaient jusqu'alors inacceptées (par la hiérarchie) ou inenvisageables (par les salariés). Dès qu'il a été possible de travailler depuis son domicile, les horaires de travail nous sont apparus merveilleusement flexibles. 

Je crois que l'adaptation individuelle, autonome, au travail collectif distant imposé a été générale dans les pays développés. Avec un très grand nombre d'inventions et d'innovations géniales. Cette flexibilité a certainement favorisé le travail du soir, lorsque dorment en même temps que tournent les machines à laver.

L'augmentation observée d'environ 30 minutes de travail quotidien supplémentaire me semble provenir d'une légitime volonté de récupérer le retard accumulé sur de nombreux travaux pendant le confinement imposé et par les innombrables désorganisations qu'il a généré.

Cette hausse concerne-t-elle toutes les catégories de salariés ou un profil en particulier semble plus travailler ? A l’inverse, qui semble avoir été moins productif ? Par exemple, ya-t-il une dichotomie entre cadres et non-cadres ? Qu'est ce qui expliquerait ces différences ?

Toute généralisation est dangereuse et le plus souvent erronée. Semblent cependant avoir été moins productifs, les salariés qui déjà, concrètement, créaient le moins de valeur ajoutée. Notamment les fonctions administratives, de siège social ou dites de "support" par opposition aux opérateurs de "terrain", les métiers d'aides sociales contrairement aux métiers de la santé, les ONG internationales - à l'exception notable de l'OMS - alors que les entreprises ont rivalisé d'ardeurs et de talent, le plus souvent, pour continuer de contribuer au bien commun. Opposer cadres est non-cadres, dans les circonstances que nous avons vécues ensemble, me semble parfaitement inadéquat, irréaliste. Et comme un vieux relent suranné d'une idéologie obsolète, celle d'une lutte des classes. J'espère que cela sera un bénéfice à très long terme de cette épreuve pandémique : nous avons pris conscience de la nécessité de recréer, au-delà de nos antérieures interdépendances non-solidaires, de nouvelles communautés humaines responsables.

Cette tendance est-elle partie pour durer ?

Oui, je le crois. Et de très nombreux signes le démontrent. Les salariés préfèrent travailler mieux, attachés à à la réelle performance de l'intelligence collaborative et non plus seulement aux heures effectuées (trop souvent en séances improductives) sans création d'aucune richesse réelle, sous la pression contreproductive des objectifs individuels et de l'omni-contrôle.

Car nous avons un monde nouveau à inventer, chaque jour. Loin des erreurs de l'instrumentalisation de l'homme par l'homme comme de l'omni-prédation détruisant peu à peu toutes nos plus essentielles ressources. 

Et notamment humaines. Car c'est à mes yeux le 1er enjeux : faire cesser la destruction de nos richesses humaines, au sein de nos organisations, à grands usages de maltraitances jusqu'à la détresse psychique ou de licenciements, tout cela pour qu'un petit retraité inconséquent puisse vivre et consommer, à Palm Beach ou ailleurs sans travailler ni créer aucune valeur ajoutée.

La création objective de ce monde nouveau est en marche. Et le méchant microbe, malgré les médiatiques ou politiques hystéries sanitaristes, semble vouloir y contribuer et nous y aider.

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