Biden et les entrepreneurs. De grands choix attendent<!-- --> | Atlantico.fr
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Joe Biden entrepreneurs emploi avenir
Joe Biden entrepreneurs emploi avenir
©Olivier Douliery / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Quarante-sept ans après avoir été l’un des plus jeunes élus au Sénat, Joe Biden s’apprête à devenir le président le plus âgé à entrer à la Maison Blanche. Denis Jacquet décrypte les conséquences du succès de Joe Biden, les enjeux économiques et l'impact sur le front de l'emploi pour les entrepreneurs.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Il a été élu. C’est ce que pense 51% des Américains. Mais 48% pensent le contraire. C’est la rançon à payer pour une élection qui a battu tous les records de participation, des records jamais atteints aux USA. Cette mobilisation était censée submerger et ridiculiser les Républicains, ou plutôt, Trump. C’est bien loin d’être le cas. Pour une raison simple, c’est que Trump représente une partie bien plus importante que celle que les hommes des villes chics des USA se plaisent à imaginer à penser.

Celle d’une Amérique qui souhaite conserver ses racines, celle d’une Amérique du déclassement qui rêve de ressusciter le cow boy qui sommeille en chacun d’eux, celle d’une Amérique qui a perdu la foi dans le rêve américain. L’économie reste n°1 au hit-parade des attentes des Américains, bien loin devant le Covid, n’en déplaise aux bobos Parisiens et à Jean Castex. Dépourvus d’amortisseurs qui sont autant de doses de morphine administrées à un patient en phase terminale, les Américains ont besoin, eux, de bosser et ne peuvent passer leur temps à prétendre travailler en télétravail.

Biden, ne pourra en réalité gouverner, personne n’est dupe. Ses facultés cognitives s’enfuient au moindre coup de vent, il est incapable de se souvenir du prénom de sa petite fille et pense, certains jours, que son fils est toujours vivant. Les USA seront tiraillés par un gouvernement composé des anciens de Obama et ceux de Warren/Sanders/Cortez. Mais nombre de votants, rêvent d’une Amérique héritière de Sanders, découvreuse du socialisme, capable d’en prononcer le nom, qui soit capable de rétablir l’égalité des chances, réduire les inégalités renforcées par la crise du Covid, afin d’éviter à terme une explosion de ces Etats auparavant unis par une destinée commune.

Biden va donc virevolter entre une forme de progressisme libéral et une dérive gauchiste et devra ou faire des choix ou composer et compromettre. Aux USA, on pense que le Président est puissant, mais il le sera toujours plus dans les médias, dans l’imaginaire collectif, que dans la réalité. Dans chaque Etat, chaque Gouverneur peut n’en faire qu’à sa tête, et les entreprises et les investisseurs décident au final, du sort de la nation. Trump quitte les accords de Paris ? Les entreprises continuent à investir dans la green-économie. Trump réduit les crédits sur la R&D ? Les investisseurs doublent la mise. La question sera donc de savoir ce que la nouvelle équipe va faire en matière d’entrepreneuriat et d’investissement.

Biden et les entrepreneurs ? Difficile à dire à ce stade. Ses priorités sont la gestion du Covid, l’unité et l’environnement. Peu d’indications sur ce qu’il va faire sur les PME, les GAFA. Pourtant ce sont des sujets fondamentaux puisqu’il veut remettre l’économie dans le vert. Tout d’abord il va devoir rouvrir les frontières. Seuls les Français, les Anglais, les Espagnols n’ont pas encore compris que le confinement ne servait à rien, et qu’il ne fait que repousser l’inévitable. Même l’OMS le dit désormais. Trump a fermé les frontières par vengeance face à la fermeture des frontières Européennes, car les Européens se sont empressés de tester leurs simulations de réaction du peuple à la dictature, en les privant de liberté de mouvement sous prétexte sanitaire (et cela marche). Biden devra être le leader éclairé qui les ré-ouvre. Il devra au passage supprimer le gel des « Green Cards » et visas de travail, qui a privé les entreprises Américaines de talents incroyables dont la croissance de son économie avait besoin hier et aura besoin encore plus demain. Il devra accroître la partie des appels d’offre Gouvernementaux réservés aux PME. Elle était conséquente et unique, elle devra être doublée, au moins pour les 2 prochaines années, afin qu’elles puissent très vite redevenir la machine à création d’emploi net, qu’elles ont toujours été. Idem pour aider les « minorities owned companies » (entreprises détenues par des « minorités ») qui permettront notamment aux entreprises dirigées et fondées par des noirs américains, de bénéficier de cette manne de chiffre d’affaire. Autrement plus efficace que les 10 000€ de Bruno Lemaire, cette aumône qui permettra aux PME de tenir au mieux 48H de plus en moyenne.

Enfin, elle devra décider du sort des GAFA. Devrait-elle en démanteler certains comme Face Book, Google ou Amazon, que Trump avait mis sur la sellette ? C’est une question complexe. Si les GAFA sont démantelés ou affaiblis, les Chinois s’empresseront de prendre la place ainsi libérée. Ce qui pose au même moment, la question de la position de Biden face à la Chine. Elle sera essentielle, car seuls les USA, avaient pris leur courage à deux mains pour équilibrer le combat face à la Chine. Pendant ce temps, l’Europe préférait jouer dans le camp des prostituées, qui joue un jour de l’un, un jour de l’autre, imposant le tarif de ses faveurs via des amendes prises à l’un ou à l’autre. Là encore, Trump avait raison. La Chine est un adversaire (pas un ennemi, il n’y a que des affrontements d’intérêts) trop habile et brillant pour le laisser faire la course en tête. Si les USA ne veulent pas suivre le chemin vers l’abime que suit l’Europe, elle devra rester ferme, ce qui est plus rarement la marque des Démocrates. La disparition des USA des combats géopolitiques du monde sous Obama, en était l’illustration.

Biden devra se poser la question du niveau de la prise de risque en matière d’investissement ce risque que prennent les USA pour imposer des leaders au monde, et qui au final, creuse un peu plus chaque fois, les inégalités de richesse entre les Américains, entre ces 2 camps, qui ont montré dans ces élections Présidentielle. Entre ceux qui profitent de cette réussite, moins de 5% et ceux qui la voient passer, tous les autres. Certains encore moins que d’autres, dans tous ces Etats qui sont restés marqués en rouge sur la carte électorale la semaine passée. Le nouveau Président, en tous cas lorsque l’ancien le laissera rentrer, aura de grands choix à faire, s’il est vraiment déterminé à ré-enchanter le rêve Américain, celui d’une Amérique des années 70 où 9 Américains sur 10, à la naissance, avaient une chance d’élever le niveau social de la génération qui l’avait précédé.

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