Ensauvagement : une fois encore, Laurent Mucchielli parle trop vite… <!-- --> | Atlantico.fr
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©DENIS CHARLET / AFP

Vocabulaire

Xavier Raufer réagit suite aux déclarations de Laurent Mucchielli sur la question de l'ensauvagement au sein du pays.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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"Je suis ancien combattant, militant socialiste et bistrot. C'est dire si, dans ma vie, j'en ai entendu des conneries !" : du Michel Audiard bien sûr, dans le film "Un idiot à Paris".

Eh bien, pour les criminologues, c'est un peu ça aussi, dans un autre azimut. Divers zigotos, médias... gauchistes... vous aboient au basques, vous accusent de tout... Classique : on n'a rien à dire de sérieux sur des idées ou des faits ? On tente de salir l'homme.

Dans ces importuns, le sociologue Mucchielli Laurent me bave dessus depuis toujours... Bof, haussement d'épaules. Mais là, sa dernière : "le concept d''ensauvagement' a été théorisé par le 'criminologue' Xavier Raufer" (son blog, 30/09/20). Moi ? vraiment ? Faisons la généalogie du concept.

D'abord, un rappel : la discipline des sciences criminelles a eu son grand Mucchielli : Roger, père de Laurent, auteur de Comment ils deviennent délinquants (ESF, 1974), livre que j'ai jadis dévoré. Héros de la Libération (division Leclerc, blessé au combat, commandeur de la Légion d'honneur à titre militaire avec citations) l'agrégé de philo Roger Mucchielli était aussi docteur (médecine et lettres). Éminent patriote, il avait donné son patronnage à Nouvelle École, l'excellente revue d'Alain de Benoist.

Le bilan criminologique de Mucchielli junior est plus contrasté, car ce garçon étourdi parle trop vite. Deux exemples parmi bien d'autres - ne lassons pas le lecteur :

- Toulouse, mars 2012. Assassinat de militaires puis d'enfants d'une école juive. Dans les Inrocks du 19 mars 2012, Laurent Mucchielli en mode je-sais-tout : "Le meurtrier n'est pas un islamiste ou un banlieusard - cibles favorites du débat public - mais une personne apparemment issue d'un groupuscule néo-nazi. or ce thème de violence d'extrême-droite est peu présent en France, à la différence d'autres pays comme l'Allemagne". L'assassin fanatisé était bien sûr Mohamed Merah. Sans commentaire.

- Pourtant prompt à dénoncer, Laurent Mucchielli cohabite avec le mythomane Stéphane Bourgoin dans l'équipe enseignante de l'ICM (Institut de criminologie méditerranéen). Dès 2014, Bourgoin est fortement suspecté d'affabulation galopante mais pour Mucchielli en 2016, c'est un "spécialiste talentueux" ; en décembre 2018, Bourgoin donne encore à l'ICM une conférence nommée "Dans la tête d'un tueur en série".

Propos légers sur des sujets graves... voisinages farfelus...

Place à "l'ensauvagement".

Privilégiant un vocabulaire sobre, je n'ai évoqué l'"ensauvagement" qu'une fois, dans ma préface au prophétique "La France Orange Mécanique" de Laurent Obertone. Or bien sûr, le terme avait servi auparavant. :

- Dès 1950, dans son Discours sur le colonialisme, le poète martiniquais Aimé Césaire dénonçait ainsi "l'ensauvagement de l'Europe"

- En 2005, la politologue Thérèse Delpech publiait L’Ensauvagement : le retour de la barbarie au XXIe siècle (Grasset).

Comme souvent, Mucchielli junior aura parlé à la légère.

Mais creusons plus profond : remonter aux années 1970 révèle la passion des révolutionnaires d'alors pour la violence, pour ce "sauvage" et cet "ensauvagement" qu'ils appellent alors de leurs vœux.

- En 1970, Bernard Kouchner cosigne "La France Sauvage" sur les luttes violentes dans la France post-1968. Oh, pas de quoi déclencher un bain de sang, le militant d'opérette Kouchner ayant vite acquis le sobriquet "un tiers-mondiste, deux tiers-mondain" ; mais bon, l'intention "sauvage" était affichée,

- De même, dans les années 70, Jean-Paul Sartre dirige chez Gallimard une collection La France Sauvage qui publie 17 livres oscillant entre anarchisme et maoïsme,

- Devant les usines de Milan, dans cette Italie soixante-huitarde qui alors, fascine tant nos révolutionnaires, les militants ouvriéristes ("operaismo") diffusent la feuille proto-terroriste "Il gatto selvaggio", le chat sauvage.

Que reste-t-il de tout ça ? Une fâcheuse gueule de bois, des morts, des années de prison - et divers bobos médiatiques plaidant la morale de l'intention "nous voulions bien faire...".

Telle est, Laurent Mucchielli, l'authentique et fort gauchiste généalogie du concept sauvage-ensauvagement dans la France contemporaine ; mais si je vous lis bien, vos idées politiques personnelles vous retiennent sans doute d'aller fouiller dans ces poubelles-là.

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