Puisque nous sommes partis pour des reconfinements, que faire pour éviter une violente crise de santé mentale ? <!-- --> | Atlantico.fr
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confinement coronavirus impact psychologique
confinement coronavirus impact psychologique
©Thomas COEX / AFP

Hiver de la dépression

Alors que la France pourrait se diriger vers un confinement localisé dans les jours ou les semaines à venir pour lutter contre la pandémie de Covid-19, quelles sont les personnes les plus fragiles face à cette nouvelle phase d'isolement ? Que faire pour éviter une violente crise de santé mentale à l’échelle du pays ?

François  Chauchot

François Chauchot

Médecin Psychiatre Libéral. Il exerce également à l'hôpital Sainte Anne. 

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Atlantico.fr : La France va vraisemblablement avoir un reconfinement. Quelles sont les personnes les plus fragiles face à ce phénomène ? Quelles sont les signes de cette dépression ?

François Chauchot : Je pense que nous sommes tous fragiles face à ce phénomène. L'ensemble de la population est fragile face à la peur de la maladie et face à l'angoisse de mort. Ceux qui le sont aussi sont tous les patients, tous ceux qui ont un long suivi et qui vont être exposés à une rupture des soins, à un arrêt des soins, à une difficulté à se soigner, et qui vont être confrontés à un isolement. Après le premier confinement, beaucoup de personnes m'ont dit qu'elles avaient très bien supporté le confinement mais qu'elles avaient mal supporté le déconfinement. En fait, elles ont eu le contre-coup du confinement au moment du déconfinement. Le propre de l'être humain, c'est d'être en mouvement et d'être en relation. Or, le confinement fait qu'on ne doit plus bouger et qu'on ne doit plus être en relation. Donc, cela fait deux situations qui sont très peu compatibles avec un état de bonne santé physique ou psychique. Et en plus, on se retrouve confronté à des maladies : peur de la maladie, peur de la mort, peur de l'avenir...

Les signes de la dépression sont l'anxiété, la dépressivité, la perte d'espoirs ou la difficulté à garder espoir, le renoncement. Lors du premier confinement, beaucoup de personnes ont renoncé à se soigner, à contacter leurs médecins. Il y a aussi un autre aspect que l'on sous-estime, c'est la culpabilisation de tout le monde. Tout le monde devient le suspect de tout le monde. Par exemple, si vous allez voir vos grands-parents, vous craignez de les contaminer. Donc, cela crée un sentiment de culpabilité et de méfiance vis-à-vis de l'autre.

Que faire pour éviter une violente crise de santé mentale à l’échelle du pays ?

Il faut maintenir absolument la relation thérapeutique par tous les moyens. On a compris, grâce au premier confinement, que le coup de téléphone, la télé-consultation... permettaient de maintenir ce lien. Je pense que pour éviter une situation de détresse psychique, il faut absolument faire en sorte que tous les liens thérapeutiques soient maintenus, ainsi que les liens amicaux, les liens familiaux. Donc, il faut continuer à communiquer, à prendre des nouvelles des autres, et ne pas être dans un temps suspendu. En effet, l'un des aspects du confinement a été le temps suspendu car on attendait tous les 15 jours les déclarations d'Edouard Philippe qui nous disait si on était encore confiné. Et le fait d'attendre sans cesse est une très mauvaise chose. Donc, il faut que les personnes continuent de prendre soin d'eux, continuent d'espérer... afin de rester dans une dynamique psychique.

Quels conseils pourrait-on donner aux personnes les plus fragiles face à cette mesure et ces inquiétudes ?

Les personnes les plus fragiles doivent prendre davantage de précaution et qu'elles ne soient pas isolées. Il faut également garder un certain dynamisme physique et psychique. Et je trouve que parmi les choses auxquelles nous n'assistons pas assez, c'est qu'il y a un dynamisme possible et une espérance possible dans un après.

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