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Oubliez astéroïdes et guerres nucléaires : au XXIe siècle, le principal danger pour l'humanité est les pandémies et maladies infectieuses
©Greg Baker / AFP

Bonnes feuilles

Bryan Walsh publie "Le guide des fins du monde" chez FYP éditions, 2020. L'humanité est plus en danger qu'elle ne l'a été tout au long de son existence. Bryan Walsh propose un panorama complet des menaces qui pèsent sur l'espèce humaine. Extrait 1/2.

Bryan Walsh

Bryan Walsh

Journaliste d'investigation scientifique, Bryan Walsh a été rédacteur en chef du Time pendant plus de 20 ans. Il a livré des enquêtes à travers le monde sur des sujets environnementaux et sur les extinctions de masse. Aujourd'hui, il couvre les technologies émergentes et les grandes tendances pour Bloomberg, Newsweek et Axios. Bryan Walsh a également créé Ecocentric, un site d'information dédié à l'environnement qui a été primé à plusieurs reprises.

 

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Les risques existentiels traités dans cet ouvrage sont soit historiques, soit théoriques. Personnellement, et je ne suis pas le seul, je n’ai pas connu d’attaque d’astéroïde, ni de super-éruption de volcan, ni de guerre nucléaire à grande échelle et le type de risques générés par des nouvelles technologies, comme la biologie synthétique ou l’intelligence artificielle, est inconnaissable. Cependant, il y a bien une menace existentielle à laquelle j’ai été directement confronté : les maladies infectieuses. Et c’est à Hong Kong, assis sur le canapé d’un studio que l’on m’avait prêté, que cette pensée m’est venue : je pourrais mourir. Nous pourrions tous mourir.

Nous étions en mars 2003, c’était ma deuxième année en Asie en tant que reporter pour le magazine Time. J’avais très peu voyagé en dehors des États-Unis, tout était nouveau pour moi. Puis ce jour de juillet 2001, au bout de deux escales et quelque vingt-quatre heures de voyage, un avion me déposa dans cette ville vertigineuse et densément peuplée avec ses 6,7 millions d’habitants, à l’extrême sud-est de la Chine. Au début, je me sentais seul et j’avais le mal du pays.

J’étais éreinté par la foule qui m’oppressait autant que la chaleur et l’humidité. Le premier mois, alors que je logeais dans un foyer de travailleurs migrants venus de Chine continentale, je m’endormais en écoutant les cris des singes du zoo de l’autre côté de la rue. Mais Hong Kong exerce sur vous une emprise qui vous colle à la peau et, au printemps 2003, j’ai même commencé à y trouver ma place et à faire mon trou en tant que journaliste scientifique.

Au printemps 2003, un seul et unique événement dominait l’actualité, du moins pour la plupart des journalistes : l’invasion imminente de l’Irak. Ce printemps-là, les pages de notre magazine Time-Asie — d’habitude occupées par des articles que nous écrivions sur l’Asie et des textes repris de l’édition américaine — étaient remplies de récits sur la préparation des combats au Moyen-Orient. Mais étant donné que les rédacteurs en chef à New York avaient décidé que notre périmètre d’action au Time-Asie s’arrêtait à l’Afghanistan, les journalistes qui se trouvaient à Hong Kong n’avaient pas grand-chose à faire. Et c’est peut-être la raison pour laquelle nous étions si impatients de nous jeter sur les rapports d’une maladie respiratoire inexpliquée qui se répandait au sud de la Chine, à Guangdong (anciennement Canton), dans la province limitrophe de Hong Kong.

J’étais à Hong Kong depuis moins de deux ans, mais j’avais déjà bien compris les dégâts qu’une maladie infectieuse non maîtrisée pouvait causer à cette ville surpeuplée, où les quartiers les plus denses entassaient plus de 22 500 habitants au km2. Dans un parc, au pied de mon appartement, une plaque commémorait la dernière grande épidémie de peste bubonique de 1894, qui avait tué plus de 100 000 personnes, soit plus de 10 % de la population Hongkongaise de l’époque. Non loin du parc, se trouvait un « marché humide » où des stands en plein air proposaient des poulets vivants aux Hongkongais qui affectionnent la volaille encore gloussante, en particulier les consommateurs cantonnais. Ces marchés ont été au cœur de l’épidémie du virus H5N1 de la grippe aviaire en 1997, ainsi que de celle du Covid-19 en 2020.

Jusqu’alors, comme son nom l’indique, la grippe aviaire H5N1 était considérée comme un danger pour les populations d’oiseaux et pas pour les humains. Mais le virus a muté — comme c’est souvent le cas pour la grippe — et, en avril de cette année-là, Hong Kong est devenue la première ville à enregistrer des cas d’infection humaine. Dix-huit personnes sont tombées malades et six sont décédées.

Ces chiffres étaient très bas — en comparaison, cette même année à Hong Kong, 252 personnes sont décédées de la tuberculose. Mais l’épidémie a alarmé les responsables internationaux de la santé en raison du lieu où cela se passait. La dernière pandémie de grippe, en 1968, s’était développée à Hong Kong lorsqu’un virus de grippe chez les oiseaux avait muté et s’était propagé à des êtres humains qui n’avaient aucune défense immunitaire contre cette nouvelle souche. À terme, plus d’un million de personnes dans le monde en mourront. Le marché de Hong Kong, où de nombreux êtres humains sont en contact étroit avec des oiseaux et où les virus peuvent se mélanger et se reproduire entre les espèces, est l’endroit le plus probable pour l’émergence d’une pandémie de grippe. Les premiers cas humains de H5N1 auraient pu signifier le début d’une nouvelle pandémie, c’est pourquoi le gouvernement de Hong Kong a pris des mesures drastiques pour l’enrayer, en tuant les 1,2 million de poulets vivant sur le territoire. Cela semble avoir fonctionné : il n’y a plus eu de cas humains après l’abattage des poulets. Mais les responsables de la santé et les experts de la grippe craignaient que le H5N1 ne revienne un jour.

Ainsi, lorsque la nouvelle d’une mystérieuse maladie respiratoire dans le Guangdong a commencé à circuler en février 2003, beaucoup ont supposé que la grippe aviaire était de retour. Mais c’était autre chose. Bientôt, des cas furent signalés à Hong Kong avec des symptômes similaires (fièvres, frissons et essoufflement) qui devinrent si graves que de nombreux patients furent mis sous respirateur artificiel. Une nouvelle s’était répandue concernant des dizaines de médecins, d’infirmières et d’étudiants tombés malades à l’hôpital Prince de Galles de Hong Kong. De nouveaux cas avaient fini par apparaître au Vietnam, à Singapour, en Allemagne et au Canada. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclara que la maladie était une « menace pour la santé mondiale » et lui donna le nom de « syndrome respiratoire aigu sévère », ou SRAS.

Mais cette éventuelle épidémie mondiale n’était pas suffisante pour faire la une et déplacer les articles couvrant une invasion imminente de l’Irak. Ce samedi soir, alors que nous clôturions notre numéro hebdomadaire de Time-Asie, il ne me restait plus qu’un petit espace pour résumer la nouvelle. L’entrefilet commence ainsi : « Les responsables de la santé internationale sont confrontés au pire cauchemar : une maladie très contagieuse, potentiellement mortelle, d’origine génétique inconnue et pour laquelle il n’existe actuellement ni remède ni vaccin. » Avec le recul, je constate qu’à l’époque je ne me rendais absolument pas compte de la portée réelle de ces propos. Je pensais qu’il y aurait une poussée de SRAS, puis qu’il disparaîtrait, comme le H5N1 en 1997.

Le lendemain matin, j’ai pris un vol pour les États-Unis afin d’assister au mariage d’un ami, en Arizona. À peine arrivé à l’aéroport de Tucson, une équipe du journal télévisé local m’a interpellé pour me poser quelques questions, non pas sur le SRAS, mais sur mes opinions à propos de l’invasion de l’Irak. (Pour information, j’étais contre.) Quelques jours après le mariage, manquant de sommeil et encore sous l’emprise du décalage horaire, j’ai cherché obsessionnellement dans les journaux télévisés des nouvelles du SRAS, mais l’Irak occupait toutes les antennes. Je me suis endormi avec la voix de Colin Powell donnant une nouvelle conférence de presse.

Lorsque j’ai atterri à Hong Kong, après huit jours d’absence, le SRAS s’affichait partout. La une du South China Morning Post annonçait que le directeur général du Hong Kong Hospital Authority en était probablement atteint. Dans le train à grande vitesse qui me ramenait en ville depuis l’aéroport, j’ai pu découvrir celle qui allait devenir l’image symbolique du SRAS : des visages couverts par des masques chirurgicaux en coton. On ne voyait que des regards craintifs.

Une semaine après mon retour, le gouvernement a mis en quarantaine — en isolement préventif — une partie du complexe d’appartements Amoy Gardens, l’un des nombreux lotissements tentaculaires de Hong Kong, après l’annonce que des centaines de résidents étaient atteints du SRAS. C’est à ce moment-là que la peur est devenue tangible. Jusqu’alors, les cas de SRAS étaient principalement limités aux hôpitaux ou aux voyageurs malchanceux, mais l’épidémie d’Amoy Gardens montrait que le virus pouvait se répandre ailleurs. Les scientifiques ne savaient toujours pas ce qui causait la maladie, et il n’existait pas encore de traitement efficace. (De l’autre côté de la frontière, à Guangdong, des spéculateurs faisaient monter le prix du vinaigre, dont la rumeur disait, à tort, qu’il permettait de prévenir la maladie.)

L’OMS a émis un avis sans précédent : elle a demandé aux gens d’éviter de se rendre à Hong Kong et dans la région de Guangdong. C’était la première fois que l’agence internationale de santé prenait une telle mesure. L’aéroport flambant neuf, qui accueillait habituellement des centaines de milliers de passagers par jour, s’est littéralement vidé. Les familles des expatriés travaillant dans le secteur financier ont été renvoyées chez elles ou sur des îles comme Phuket, en Thaïlande. Les hôtels cinq étoiles, les restaurants et les bars ont été désertés. Même les Rolling Stones — dont le système immunitaire avait certainement subi des épreuves bien plus rudes — ont annulé un concert prévu à Hong Kong. Parmi le personnel du Time-Asie, certains ont été sélectionnés pour travailler à domicile afin d’assurer la sortie du magazine en cas de contagion dans le bureau et de mise en quarantaine du bâtiment. Nous avons donc porté des masques pour travailler. Mais au bout de quelques minutes, ceux qui étaient en coton chirurgical étaient humides, ce qui les rendait perméables aux germes, tandis que les masques FFP2 étaient trop chauds et trop encombrants pour être portés pendant des heures. Quoi qu’il en soit, les stocks de masques se sont vite épuisés à Hong Kong. Chaque soir, vers 18 heures, le gouvernement hongkongais annonçait le nombre de nouveaux cas de SRAS confirmés. Au plus fort de l’épidémie, ce chiffre est monté à cinquante.

Quant à moi, je logeais dans un appartement infesté de cafards. J’étais piégé dans une ville étrangère à 13 000 kilomètres de ma famille et de mes amis, et si l’épidémie s’aggravait, si la maladie commençait à se propager de façon incontrôlable à travers Hong Kong, j’aurais pu mourir. Nous aurions tous pu mourir.

C’est pourtant à ce moment-là que j’ai décidé de commencer une enquête qui me conduira à la publication de ce livre.

Peu de temps après le début de l’épidémie d’Amoy Gardens, des scientifiques de l’université de Hong Kong (HKU) ont annoncé qu’ils avaient identifié la cause probable du SRAS : un coronavirus jamais rencontré auparavant, appartenant à la même famille virale qui conduit à la pneumonie et au rhume. Le lendemain de la conférence de presse, j’ai visité le laboratoire de l’HKU au Queen Mary Hospital. Penché sur un microscope électronique, j’ai pu voir le coupable. Il ressemblait à une tache ronde bleue entourée d’un halo (ou couronne) de pics de protéines virales qui donnent leur nom au coronavirus. C’était une tueuse de 60 à 220 nanomètres (nm) de diamètre.

La découverte du coronavirus responsable du SRAS a marqué un tournant dans la lutte contre la maladie. 10 % des personnes infectées par le virus pouvaient décéder du SRAS, un taux de mortalité élevé pour une maladie infectieuse à l’ère des antibiotiques et des médicaments antiviraux. Cependant, aussi effrayant qu’il était, le virus du SRAS avait ses faiblesses et il n’a pas pu se propager facilement. Les premières transmissions dans les hôpitaux ont été provoquées principalement par les respirateurs branchés sur les patients, qui ont répandu des particules virales dans l’air, comme une arme biologique. Une fois que de nouveaux protocoles ont été mis en place, les transmissions à l’intérieur des hôpitaux ont rapidement cessé. L’épidémie d’Amoy Gardens, qui nous a tant alarmés, s’est avérée être un épisode isolé : un seul résident infecté et ayant eu la diarrhée, un symptôme occasionnel du SRAS, et des problèmes de plomberie dans les appartements qui ont entraîné la propagation de particules virales dans tout l’immeuble. Aucun autre foyer à grande échelle dans l’espace public n’a éclaté. Le 23 mai, l’OMS a finalement levé sa recommandation de ne pas se rendre à Hong Kong. Le lendemain, pour la première fois depuis le début de l’épidémie, il n’y a pas eu de nouveaux cas dans la ville. Le 5 juillet, le SRAS — qui avait infecté plus de 8 000 personnes dans le monde et fait plus de 770 victimes — était déclaré circonscrit. En novembre, les Rolling Stones étaient de retour à Hong Kong.

Fléau du XXIe  siècle, le SRAS est une maladie zoonotique, c’est-à-dire qui se transmet de l’animal à l’homme ou vice-versa, une marque qu’il a en commun avec la plupart des maladies émergentes, dont le VIH. Après des années de recherches, les scientifiques en ont conclu que le virus provenait des rhinolophes du sud de la Chine, une espèce de chauves-souris. Ces dernières ont ensuite transmis la maladie à des civettes masquées, des mammifères ressemblant à des chats, originaires d’Asie du Sud-Est. Les humains sont entrés dans la chaîne de transmission parce que, sur les marchés surpeuplés de Guangdong, se trouve toute une ménagerie d’animaux sauvages vivants, dont les civettes. Au milieu de ces « usines à virus », la proximité physique entre les animaux sauvages et les humains est telle que le nouvel agent pathogène a pu aisément passer d’une espèce à l’autre. Il s’est peut-être propagé à cause d’une civette qui a égratigné la peau d’un acheteur imprudent qui voulait de la viande d’animaux fraîchement abattus pour cuisiner son Dragon tigre phœnix.

L’épidémie de SRAS a été le produit d’une série d’accidents et d’erreurs. Le virus a d’abord émergé chez les chauves-souris, puis il s’est propagé à un animal plus susceptible d’entrer en contact avec l’homme — la civette — et est passé ensuite de cet hôte intermédiaire à un être humain. Si cette série s’était produite il y a cinquante ans, lorsque la Chine était largement isolée du reste du monde, l’épidémie de SRAS n’aurait sans doute jamais pris sa dimension mondiale. Depuis 2003, cependant, avec l’ouverture de la Chine, des milliers de personnes se déplacent chaque jour entre Guangdong et Hong Kong. Parmi elles se trouvait le médecin du Guangdong, Liu Jianlun. Lorsque ce dernier s’est rendu à Hong Kong en février 2003 pour un mariage, il était déjà infecté par le SRAS. Mais à cette époque, la plupart des patients atteints du SRAS n’infectaient que ceux qui étaient en permanence en contact très étroit avec eux, comme les infirmières dans un hôpital ou les membres de la famille. Or, pour des raisons que les médecins ne comprennent toujours pas, une poignée de patients atteints du SRAS se sont révélés être des « superépandeurs  » capables de transmettre la maladie à un nombre exceptionnel d’individus. Liu en faisait partie. À l’hôtel Métropole, il a infecté seize personnes qui, en prenant l’avion pour rentrer chez elles, ont involontairement déclenché des épidémies au Canada, à Singapour, à Taïwan et au Vietnam.

Le SRAS s’est ensuite propagé dans le Guangdong durant des mois avant que le gouvernement chinois ne finisse par admettre ce qui se passait. La maladie a ainsi eu le temps de traverser la frontière jusqu’à Hong Kong — où arrivent quotidiennement des centaines de vols internationaux —, puis de proliférer dans le reste du monde. Même après l’apparition de la maladie dans la capitale chinoise, en mars 2003, le silence du gouvernement chinois a été maintenu, jusqu’à ce qu’un médecin courageux, du nom de Jiang Yanyong, ne prenne contact avec mes collègues du Time à Pékin. Jiang leur a signifié que le gouvernement mentait au monde entier sur l’étendue du SRAS. Selon lui, Pékin était même allé jusqu’à déplacer d’un hôpital à l’autre des dizaines de patients suspectés d’être atteints du SRAS afin d’empêcher les responsables de l’OMS de les voir.

Le SRAS a démontré la nécessité de la transparence dans la réponse à une épidémie. Les mensonges de Pékin n’ont fait qu’aggraver la mauvaise gestion de cette crise. Le SRAS a également montré que les connexions dans un monde globalisé nous rendent plus vulnérables aux maladies. Celles-ci peuvent désormais se propager par l’intermédiaire des 12 millions de personnes qui prennent l’avion chaque jour. Notre monde était donc fin prêt pour qu’une pandémie s’y développe.

Il faut préciser néanmoins que c’est grâce à ces mêmes connexions que l’épidémie a pu être stoppée avant qu’elle ne fasse encore plus de dégâts. Un réseau de laboratoires internationaux partageant leurs données sur internet a pu identifier le virus à l’origine du SRAS seulement un mois après la première alerte mondiale émise par l’OMS. C’est un résultat exceptionnel comparé aux deux longues années qui se sont écoulées entre les premiers signes du sida et la découverte du VIH au début des années 1980. En mars 2003, lorsqu’il est apparu clairement que le SRAS était dangereux, l’OMS a agi avec une droiture exemplaire en émettant des recommandations aux pays les plus touchés, malgré les protestations des gouvernements qui estimaient que ces mesures coûteraient des milliards de dollars de pertes — prévisions qui se sont avérées exactes. En dehors de Hong Kong, de la Chine continentale, du Canada et de Taïwan, la plupart des foyers épidémiques qui ont émergé dans une trentaine de pays étaient limités à une poignée de cas grâce à un rapide confinement des malades et à une mise en quarantaine préventive de ceux qui avaient été en contact avec des personnes infectées. Bien que des centaines de personnes aient succombé à la maladie, le SRAS aurait pu être bien plus dévastateur. Nous avons eu de la chance.

À l’époque, il n’y avait ni vaccin ni médicament antiviral contre le SRAS — et il n’y en a toujours pas à l’heure actuelle. Mais les médecins ont pu traiter efficacement les malades en utilisant les méthodes classiques employées pour toute maladie respiratoire grave. La plupart des patients infectés se sont rétablis. Il faut dire que le SRAS n’était pas un bon transmetteur. En effet, les maladies sont définies par leur nombre de reproduction de base (R0), soit le nombre de personnes qu’un malade peut infecter en moyenne. La rougeole, l’une des maladies les plus contagieuses sur Terre, a un R0 de 12 à 18. Le SRAS, après la mise en place de méthodes de contrôle des infections, avait un R0 de 0,4, ce qui explique pourquoi l’épidémie a été stoppée si rapidement.

Le SRAS a malgré tout paralysé l’est de l’Asie pendant des semaines et il a coûté près de 80 milliards de dollars à l’économie mondiale. Si l’on envisage le SRAS comme une catastrophe naturelle, il s’agit de l’une des plus coûteuses de l’histoire de l’humanité. Depuis l’apparition du virus du sida, il a été la maladie infectieuse la plus alarmante. Mais en fin de compte, le SRAS n’avait tout simplement pas « les jambes » pour être une véritable menace existentielle.

C’est le paradoxe de la maladie infectieuse en tant que risque existentiel. Au cours de l’histoire de l’humanité, ni les tremblements de terre, ni les volcans, ni les guerres, rien n’a tué plus de personnes que les virus, les bactéries et les parasites.

Extrait du livre de Bryan Walsh, "Le guide des fins du monde", publié chez FYP éditions, 2020

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