Julien Aubert : "La détermination d’Emmanuel Macron face à l’islamisme relève plus de l’air du temps que de la conviction"<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron séparatisme
Emmanuel Macron séparatisme
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Lutte contre le séparatisme

Emmanuel Macron est mobilisés dans la lutte contre l'islamisme. De nombreuses mesures ont été annoncées depuis l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine contre Samuel Paty. L'affichage récent de la fermeté contre l'islamisme peut-il être efficace ?

Julien  Aubert

Julien Aubert

Julien Aubert est ancien député de Vaucluse, vice-président des Républicains

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Atlantico.fr : Emmanuel Macron a fait preuve d'ambiguïté sur le sujet de l'islamisme. Très ferme lors de son discours sur le séparatisme, il a par le passé montré plus de faiblesse sur le sujet, s'affichant avec des personnalités plus complaisantes, telles l'humoriste Yassine Belattar ou le député Aurélien Taché. Devrait-il, avant toute action politique, faire son mea culpa ?

Julien Aubert : Emmanuel Macron a beaucoup évolué. Il part, en 2017, d’une vision où il ramenait les gens à leur origine en disant qu’il voit des Algériens, des Marocains, des Tunisiens, etc. Une vision où il expliquait le problème de l’immigration uniquement par le prisme de la colonisation et de la repentance. Il a voulu une grande loi sur l’islam. Elle s’est perdue et est devenue une loi sur le séparatisme qui entend, derrière un même mot, s’atteler à plusieurs problèmes et non pas uniquement le problème du séparatisme islamiste. Puis, on est revenu via Gérald Darmanin à une logique de laïcité, beaucoup plus tournée sur l’aspect religieux mais sans viser spécialement le séparatisme. Là, il est frappé par le terrorisme et est contraint de rétropédaler une nouvelle fois.

Il y a à peine quelques mois on avait failli faire voter un amendement sur l’interdiction du voile lors des sorties scolaires. L’Elysée s’était opposé à ce que Jean-Michel Blanquer donne le feu vert à notre proposition. On voit bien qu’Emmanuel Macron a oscillé entre l’angélisme sans frontiériste et la volonté de prendre le taureau par les cornes pour parler de l’intégration des musulmans en France.

Il devrait faire son mea culpa en reconnaissant que d’abord, il a tout mélangé : religion, immigration, séparatisme, etc. Et que deuxièmement, il a toujours eu un problème avec les mots. Il n’a jamais su nommer les choses pour les affronter. 

Qu'est-ce qui, concrètement, a été fait ? Sur le terrain, ces fourvoiements ne peuvent-ils pas mener qu'à l'inaction ? 

Le phénomène islamiste est malheureusement bien antérieur à Emmanuel Macron. Mais il n’a strictement rien fait. On a déjà perdu 3 ans. Le gros des attentats était sous François Hollande. On est passé d’un terrorisme étranger à un terrorisme local, à un djihadisme de basse intensité qui procède plus d’une autonomisation d’individus en état de séparatisme du reste de la société. Macron n’a pas voulu couper la tête des serpents avant, il se retrouve à devoir le faire aujourd’hui.

Emmanuel Macron suit l’air du temps. Pendant la crise du covid-19, Macron était souverainiste. Aujourd’hui, il est devenu le président anti-terroriste. C’est un caméléon. Il change de braquet en fonction de la situation. Ça ne procède pas chez lui d’une conviction puisque fondamentalement la dimension culturelle lui échappe. Il avait expliqué qu’il n’y avait pas de culture française, il a donc beaucoup de mal à combattre le séparatisme culturel.

L'affichage récent de la fermeté contre l'islamisme peut-il être efficace si, en coulisses, l'appareil d'État n'est pas purgé des éléments qui affaiblissent le combat en évitant le conflit à tout prix ?

Rappelez-vous l’attaque de la préfecture de police. C’était quelqu’un de radicalisé qui travaillait dans une unité censé lutter contre ces mêmes radicaux, personne ne l’avait vu ! Ce n’était déjà pas anodin. Après les bougies ; les fleurs et quelques enquêtes, tout ça s’ensable et s’oublie. Au passage, certains de ses supérieurs hiérarchiques de l’époque seraient aujourd’hui dans un cabinet place Beauvau. 

Cette fois-ci, on parle d’un parent d’élève islamiste qui est reçu par une directrice d’école. Il n’y a aucun suivi ! D’un côté, on peut s’asseoir sur la liberté des Français quand il s’agit du virus et de l’autre, sur l’islamisme, on nous explique qu’il ne faut surtout pas toucher aux droits fondamentaux. Résultat, quand on croise un islamiste, on met une semaine à s’en apercevoir.

Les professeurs ont besoin d’être soutenus pour leur hiérarchie, de sentir derrière eux l’autorité de l’Etat. Alors qu’ensemble, nous sommes forts et puissants, nous nous laissons manger par des minorités. Personne ne peut lutter isolément, il faut une dimension collective.

A lire aussi : Ce mea culpa qu’Emmanuel Macron devrait prononcer avant qu’on puisse vraiment croire à sa détermination contre l’islamisme

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