Panorama COVID-19 : maintenant, c’est l’Europe qui est la plus touchée par les nouveaux cas<!-- --> | Atlantico.fr
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©LUCAS BARIOULET / AFP

Evolution de la pandémie

100 000 cas nouveaux en moyenne mobile sur les 7 derniers jours en Europe au sens large (dont Union Européenne, RU, Suisse, Norvège), c’est désormais plus que l’Inde, les États-Unis ou le Brésil, tous pays très touchés en valeur absolue mais où le nombre de nouveaux cas décroît. L’Europe redevient l’épicentre de la maladie.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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39,8 millions de cas : c'est le chiffre officiel des personnes atteintes, ou l’ayant été, par le COVID-19. Les États-Unis, par le nombre de cas, sont toujours les plus touchés, avec 8,3 millions, suivis de l’Inde avec 7,5 et du Brésil, avec 5,2. Ces chiffres absolus dépendent évidemment des tailles des populations : c’est alors que l’on trouve l’anomalie américaine, avec près de 25 000 cas par million d’habitants, on obtient un niveau qui est plutôt celui du Brésil : 24,500, du Pérou : 26 000 ou du Chili : 25 600. Compte tenu de la richesse américaine, ceci ne peut s’expliquer que par des problèmes de désorganisation et de dissensions politiques, d’où la place de la  gestion de la pandémie dans la campagne présidentielle en cours.

La France, avec 30 000 cas le 15 octobre et 25 000 le 16, inquiète, ce qui explique les mesures de précaution prises en Ile de France et dans huit métropoles. On note en effet une montée récente des décès, 176 par jour, sans évidemment atteindre le terrible niveau du début de la pandémie. Mais cette remontée se retrouve aussi en Europe, d’où l’inquiétude et les mesures prises partout.

La remontée des cas de COVID-19 en Europe pèse sur les bourses, à côté de la Présidentielle américaine. Certes, le Nasdaq américain est toujours en avance, avec un tiers de hausse depuis janvier : les nouvelles technologies sont les gagnantes de la phase qui s'ouvre, plus la pandémie qui va accélérer les processus de digitalisation. Suit la Bourse de Shanghai, qui accélère (+9,7%) avec la reprise chinoise qui s’affirme de plus en plus. De l’autre côté du spectre, le Cac 40 français est toujours en baisse, avec des interrogations sur la croissance française (0% annoncé pour le quatrième trimestre de cette année), mais aussi sur son climat politique et social. La bourse anglaise est encore plus en retard, avec la forte remontée des cas et des décès, plus le Brexit. Le Dow Jones américain et le Dax allemand se trouvent au milieu, pratiquement au niveau de janvier, comme le Nikkei. Les trois sont, outre la qualité de leurs sociétés, très bénéficiaires des programmes budgétaires et monétaires de soutien à la reprise, ceci aidant cela.  

Les prix des matières premières traduisent, à leur manière, trois problèmes de l'économie mondiale :

  • La hausse du prix de l’or est celle de l’inquiétude en général et peut-être aussi sur le dollar,
  • La baisse du prix du Brent, parce que la reprise de l'économie est ralentie et que les marchés sont convaincus qu’il y a trop de pétrole,
  • lanouveauté est la hausse des prix du soja et désormais davantage du blé, sans doute du fait de la demande chinoise mais aussi des effets des sécheresses qui réduisent les rendements aux États-Unis et en Europe.


Alors, si la reprise économique se met à inquiéter, le déficit budgétaire ne peut qu’augmenter, mais sans pour autant faire monter les taux à long terme, parce que l’inflation ne monte pas ! C’est en particulier le cas aux États-Unis, où le déficit ne cesse de se creuser, avec un autre plan de soutien en cours pour des raisons économiques mais surtout politiques (les élections), avec le soutien sans limite de la Fed. C’est aussi le cas en Europe, où les déficits budgétaires se creusent également en Europe, avec l'idée qu’il s'agit de financer des programmes de relance et de restructuration des économies, avec l’idée de les verdir. Inquiétude qui pèse sur les budgets et sur les prix, plus Banques Centrales : les taux nominaux et réels baissent.

Un cas dramatique : l'Italie en déflation, un cas à suivre : le Royaume-Uni au milieu de difficultés structurelles. Italie : le pays est en récession forte (-12%),  avec un déficit budgétaire qui se creuse (10% du PIB) et une dette publique à 1,6 fois le PIB. Ceci se produit avec des taux d'intérêt nominaux sur la dette publique à 0,66%, grâce à la Banque Centrale Européenne ! Mais les prix sont en baisse de 0,9% sur l’année : le taux réel de la dette italienne est ainsi à 1,7%, déflationniste. Royaume-Uni : les taux sont assez bas, même si le déficit augmente, mais les prix se mettent à monter un peu.

Les taux de change reflètent ces faits et les exagèrent. Le dollar paye ses déficits budgétaire et extérieur, plus son engagement de taux. Le dollar baisse par rapport à l’euro… ce qui lui fait retrouver son taux de change de naissance par rapport au dollar, il y a 20 ans ! Le Yuan monte un peu, pour ne pas être accusé de manipuler son change ! Les monnaies des pays émergents sont en chute. Les baisses de ces monnaies impliquent des aides du FMI pour l’Afrique du Sud et le Brésil, mais la Turquie ne la demandera pas. La prolongation de la crise sanitaire est donc un risque majeur. Reste à savoir comment les marchés vont réagir aux meilleures nouvelles sur ce front venant du Brésil : ceci sera-t-il suffisant ? Peu probable.

Tout s’ajoute : COVID-19 + élections américaines + Brexit + tensions mondiales. Et pour longtemps.

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