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Professeur décapité : "je crains plus le silence des pantoufles que le bruit des bottes"
©BERTRAND GUAY / AFP

Il ne faut surtout pas faire trop de bruit

Cette phrase fut écrite par Max Frisch après qu'Hitler est parvenu au pouvoir avec l'assentiment de millions de silencieux. Elle est tout à fait d'actualité.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Les fleurs s’amoncellent devant le collège où enseignait Samuel Paty. Surtout des roses dont on a soigneusement enlevé les épines. Les hommages pleuvent et l'un d'entre eux sera national. On va donc pleurer. Mais – posons la question – la France n'est-elle capable de se rassembler que pour les enterrements ?

Où sont les milliers de musulmans qui devraient crier leur écoeurement alors qu'ils étaient si nombreux à la manifestation contre l'islamophobie ? Où sont les dizaines de milliers de manifestants en colère criant "l'islamisme ne passera pas" ? Ils étaient pourtant si nombreux pour saluer la mémoire d'Adama Traoré. Il est vrai que ce dernier est mort lors d'une interpellation policière alors que Samuel Paty a été victime d'une interpellation islamiste...

Lisez Libération. Droit dans ses pantoufles, ce journal s’indigne de certaines réactions suscitées par la mort du professeur : "l’extrême droite, première dans la récup'". Regardez le communiqué du CCIF. Droit dans ses babouches, cet organisme dénonce "l'instrumentalisation du drame par les racistes".

Nous vivons dans un pays où les attentats islamistes rythment la vie de leurs bruits horribles. Nombreux sont ceux qui se bouchent les oreilles pour ne pas entendre. Tout aussi nombreux sont ceux qui après chaque attentat psalmodiaient "vous n'aurez pas notre haine" ou "tous en terrasse". Une démission collective et lâche pour préserver un soi-disant "vivre ensemble".

C'est contre les pantoufles qu'il faut se battre et crier aux assassins : "vous aurez notre haine". En 1828, après que les Turcs ont massacré la population grecque de Chios, Victor Hugo, révolté, écrivit un poème célèbre.

Voici sa dernière strophe que je dédie à tous ceux que le silence des pantoufles écoeure.

"Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,
Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,
Plus éclatant que les cymbales ?
Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l’oiseau merveilleux ?
– Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles."

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