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Covid-19 : une planète fragmentée sur le plan économique
©KAZUHIRO NOGI / AFP

Bonnes feuilles

François Lenglet publie "Quoi qu’il en coûte ! Qui va vraiment payer ?" aux éditions Albin Michel. "Quoi qu'il en coûte", ces mots du président Macron, répétés à l'envi, confirment bel et bien notre entrée dans le monde de l'Hyperdette. La "Coronadette" met en évidence le piège de la croissance mondiale qui tire des traites sur l'avenir. Extrait 2/2.

François Lenglet

François Lenglet

François Lenglet est journaliste économique. Il est également éditorialisteSon dernier livre, Quoi qu'il en coûte !, a été publié en septembre 2020 aux édition Albin Michel.

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Les États veulent dorénavant avoir leur mot à dire. Ils sont d’autant plus désireux de le faire que la question géopolitique a réapparu. Le laisser-faire avait coïncidé avec une longue période de risque faible, après la chute du Mur, la disparition des régimes communistes et de la menace de guerre qu’ils faisaient peser sur le monde. La reprise de l’affrontement des grandes puissances, en particulier la montée de l’agressivité de la Chine, change complètement la donne. On le mesure par exemple avec l’affaire de la 5G, ces réseaux de télécoms du futur, où le principal fournisseur d’infrastructure, chinois, est banni des pays anglo-saxons par crainte d’espionnage et, de facto, par la France, avant peut-être de s’étendre à tous les pays occidentaux. Laissés livrés à eux-mêmes, les opérateurs téléphoniques européens auraient choisi Huawei comme fournisseur, parce qu’il offre le meilleur rapport qualité-prix. Ils vont avoir l’obligation de se rabattre sur d’autres fabricants.

Si ces industriels sont exclus du marché des télécoms britannique, la Chine, par mesure de rétorsion, envisage de se retirer du projet de construction de centrale nucléaire au Royaume-Uni, à Hinkley Point, duquel elle était un partenaire essentiel. Ce gigantesque programme, où le français EDF est impliqué à hauteur de dizaines de milliards d’euros, pourrait alors capoter. Une sorte d’effet papillon, qu’on risque de voir se reproduire pour d’autres opérations de ce genre dans les années qui viennent. À l’initiative des États qui, tantôt interdisent, tantôt incitent les entreprises à se soumettre à leurs intérêts stratégiques internationaux. Ainsi le gouvernement de Tokyo, dans le cadre de son gigantesque plan de relance post-coronavirus, a-t-il débloqué plus de deux milliards d’euros pour aider les entreprises nippones à quitter la Chine. La fragmentation de l’économie-monde est en marche.

La guerre à laquelle se livrent les États pourrait changer la géographie économique mondiale, celle de la production comme celle du commerce international. Avec tout d’abord, un contrôle accru des investissements étrangers, chinois en particulier, sur les secteurs stratégiques, qu’on observe dans tous les pays européens. Même en Allemagne, qui était jusqu’ici réticente parce qu’elle souhaitait comme d’habitude préserver ses intérêts commerciaux en Chine. L’affaire Kuka, le n°  2 mondial de la robotique, allemand, soufflé par un acheteur chinois, a fait mûrir les esprits outre-Rhin. Les montants d’investissements industriels transnationaux ont déjà chuté, en particulier ceux de la Chine, ils vont encore ralentir.

Avec à nouveau le durcissement de l’attitude vis-à-vis des entreprises étrangères, même en Europe, à l’égard des sociétés extra-communautaires –  enfin. La nouvelle Commission de Bruxelles envisage ainsi de changer ses règles, pour pouvoir exclure des marchés les firmes qui font du dumping grâce aux subventions de leurs gouvernements –  une entrave évidente à la concurrence loyale que les dirigeants du Vieux Continent avaient jusqu’ici délibérément ignorée.

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©Editions Albin Michel, 2020

Extrait du livre de François Lenglet, "Quoi qu’il en coûte ! Qui va vraiment payer ?", publié aux éditions Albin Michel.

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