Macron veut que le Liban soit un Etat laïque. Et pourquoi pas la France ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron Liban
Emmanuel Macron Liban
©GONZALO FUENTES / POOL / AFP

Commençons chez nous

Mais ça c'est très, très difficile.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Macron se plaît au Liban. Il en est à son deuxième séjour à Beyrouth. Dans cet Orient compliqué il est arrivé avec une idée simple : faire du Liban un Etat laïque. 

A première vue, cela paraît souhaitable. Depuis plusieurs décennies, le pays du cèdre est régi par un système confessionnel que nous avons installé là-bas au temps du mandat français : un président chrétien, un Premier ministre sunnite, un président de l'Assemblée chiite. Ce qui engendre un clientélisme corrupteur et dévastateur. 

Mais il y a un mais. Ce système permet aux chrétiens libanais d'avoir une existence politique même quand le président s'appelle Aoun, inféodé à Damas et au Hezbollah. De majoritaires ils sont devenus là-bas minoritaires. La plupart des millions de Libanais qui vivent à l'étranger sont de confession chrétienne. 

Dans un Liban laïque les chrétiens seraient réduits à la portion congrue. Et c'est le Hezbollah qui règnerait en seul maître sur le Liban. On peut trouver bizarre, et même scandaleux, que Macron n'ait pas demandé le désarmement de ses milices plus puissantes que la pauvre armée libanaise*. Le chef de l'Etat est courageux mais pas téméraire... 

Nous nous permettons de lui suggérer de s'intéresser à la France et d'essayer de faire d'elle un Etat laïque puisque c'est ce qu'il souhaite pour le Liban. Sur le papier elle l'est mais en réalité ? Sommes-nous dans un Etat laïque quand sur certaines parties de notre territoire des filles sont insultées et frappées car elles refusent de porter le voile ?

Sommes-nous un pays laïque quand des Juifs ont été contraints de s'exiler de certains quartiers car ils étaient jugés incompatibles avec la religion qui y domine ? Sommes-nous dans un Etat laïque quand dans des édifices religieux, les mosquées, on peut en toute impunité prêcher que la femme est un être inférieur ?  Est-on dans un pays laïque quand près d'un million de musulmans refusent de désapprouver l'atroce tuerie perpétrée à Charlie Hebdo (sondage Ifop) ? Voilà la tâche prioritaire qui attend Macron. Mais à notre avis, il est bien plus à l'aise à Beyrouth. 

* Le président de la République a fait mieux : il a reçu en tête-à-tête un représentant du Hezbollah. Ce qui lui vaut les félicitations d'Hassan Nasrallah.

A lire aussi : Ce qu'Emmanuel Macron ne comprend décidément pas au Liban

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