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L’Europe paralysée face au péril turc : cette question brûlante à poser à Emmanuel Macron
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POLITIQUE

Recep Tayyip Erdogan n'a cessé, depuis son arrivée au pouvoir en 2003, d'affirmer sa volonté de retrouver une zone d'influence. Face aux actions turques, l'Europe paraît absente. Seule la France n'hésite pas à qualifier la "responsabilité historique et criminelle" de la Turquie.

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle est un géopolitologue et essayiste franco-italien. Ancien éditorialiste (France SoirIl Liberal, etc.), il intervient dans des institutions patronales et européennes, et est chercheur associé au Cpfa (Center of Foreign and Political Affairs). Il a publié plusieurs essais en France et en Italie sur la faiblesse des démocraties, les guerres balkaniques, l'islamisme, la Turquie, la persécution des chrétiens, la Syrie et le terrorisme. 

Son dernier ouvrage, coécrit avec Jacques Soppelsa, Vers un choc global ? La mondialisation dangereuse, est paru en 2023 aux Editions de l'Artilleur. 

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Dov Zerah

Dov Zerah

Ancien élève de l’École nationale d’administration (ENA), Dov ZERAH a été directeur des Monnaies et médailles. Ancien directeur général de l'Agence française de développement (AFD), il a également été président de Proparco, filiale de l’AFD spécialisée dans le financement du secteur privé et censeur d'OSEO.

Auteur de sept livres et de très nombreux articles, Dov ZERAH a enseigné à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po), à l’ENA, ainsi qu’à l’École des hautes études commerciales de Paris (HEC). Conseiller municipal de Neuilly-sur-Seine de 2008 à 2014, et à nouveau depuis 2020. Administrateur du Consistoire de Paris de 1998 à 2006 et de 2010 à 2018, il en a été le président en 2010.

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Atlantico : Quels sont les objectifs de la Turquie sur la scène politique mondiale, régionale, nationale?

Dov Zerah : Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, d’abord comme premier ministre puis comme président de la République, Recep Tayyip ERDOGAN n’a cessé d’affirmer, dans les paroles et les actes, sa volonté de retrouver une zone
d’influence à défaut de reconstituer l’Empire ottoman. Cela s’est manifesté par :
- Une intervention militaire en Syrie pour éviter la constitution d’un État kurde et remettre en cause le régime de Bachar Al ASSAD
- Des entreprises turques très actives en Afrique sub-saharienne avec le concours de crédits commerciaux garantis par l’État
- Un soutien actif à de nombreuses associations caritatives à Jérusalem au grand dam de l’autorité palestinienne
- Une défense du Hamas à Gaza au point d’avoir organisé et envoyé uneflottille contre la marine israélienne
- Des attaques répétées contre Israël notamment sur le sujet des champs pétrolifères au large des côtes israéliennes
- Ses interventions discrètes mais réelles en Tunisie en appui du mouvement islamiste Ennhdha de la mouvance des frères musulmans, véritable maître du pays
- L’envoi de troupes en Libye pour soutenir et défendre le Gouvernement d’union nationale, GNA, de Fayez al-SARRAJ
- Le chantage permanent fait à l’Europe sur les migrants
- La promotion des mouvements affiliés aux « frères musulmans » partout où se présente une opportunité
- La transformation de Sainte Sophie en mosquée constitue la dernière manifestation de cette affirmation
- …
Le retrait américain a favorisé cette stratégie partout où la situation laissait apparaitre des faiblesses ou une opportunité.

Nous devons faire face à un impérialisme turc qui développe une stratégie tous
azimuts et utilisant tous les moyens y compris la force militaire, sans
autorisation de l’ONU.

Alexandre Del Valle : Au niveau international, la Turquie d’Erdogan est extrêmement ambitieuse. Elle souhaite devenir un acteur qui puisse parler d’égal à égal avec les deux grandes anciennes superpuissances de la Guerre froide: les États-Unis et la Russie. C’est déjà le cas avec la Russie. Les négociations sur le découpage de la Syrie dans le cadre de la guerre civile syrienne ont hissé Erdogan au niveau de Poutine, lequel utilise les Turcs pour les projets de gazoducs d’une part et pour neutraliser des groupes islamistes de l’autre, en échange d’un blanc-seing pour éradiquer les Kurdes pro-PKK dans le nord-ouest Syrien, objectif direct d’Ankara.. 

Du côté des Américains, le président-néo-sultan turc Erdogan entretient une correspondance téléphonique hebdomadaire avec le prédisent américain Donald Trump, et le fait de convaincre ce dernier du pouvoir de nuisance dissuasif de la Turquie lui a permis d’écraser les factions kurdes dans le nord-ouest syrien jadis protégées par les Américains, qui ont très peur que la Turquie leur échappe encore plus en se rapprochant de Moscou.

Concernant la Libye, difficile de ne pas y voir un point commun avec les actions menées par la Turquie au Soudan, en Érythrée, au Qatar ou même en Tunisie : le but est d’obtenir des bases militaires au nom d’une plus grande « profondeur stratégique » puis des comptoirs en vue d’objectifs commerciaux. La Libye est une porte d’entrée sur l’ensemble du continent africain. Les nouvelles bases militaires turques dans le nord-Ouest de la Libye en zone contrôlée par le gouvernement pro-turc de Sarraj et par les milices islamistes appuyées par Ankara entre dans la continuité de la stratégie politique expansionniste et géoéconomique de la Turquie en Afrique.

L’implantation de base militaires turques en Afrique de l’Est puis la coopération bilatérale de plus en plus intense entre la Turquie et la Mauritanie s’inscrivent également dans cette grande politique « néo-ottomane » et panislamiste d’Ankara qui permet bien sûr de favoriser des échanges économiques croissants avec les pays musulmans d’Afrique et donc d’y prépositionnel de nombreuses entreprises turques très actives : les contrats peuvent autant relever de l’ordre de la haute industrie que du bâtiment, de l’énergie, de l’agriculture et même du culturel ou du « sociétal », comme on le voit par exemple au Mali et au Burkina Faso avec les écoles religieuses musulmanes turques jadis contrôlées par le réseau Fetullah Gulen et reprises en main par le régime d'Erdogan. Comme les Chinois, les Turcs se présentent comme un "puissance amicale", une alternative à l’Européen ex-colonisateur (une aberration lorsqu’on se souvient de la Turquie impériale et coloniale de l’empire Ottoman), mais ce discours même mensonger d’un point de vue historique et géopolitique, passe assez bien au nom de la solidarité panislamique et de l’anti-occidentalisée sur lequel Erdogan sait très bien "surfer".

En approfondissant ses relations avec la Mauritanie, par exemple, ce pays du G5 Sahel qui sert également de base arrière à de nombreux terroristes djihadistes de la région, la Turquie joue parfois même un double jeu sur la scène politique régionale et internationale : elle investit dans des projets onusiens consacrés à l’aide aux populations et au développement tout en maintenant de bonnes réactions avec les forces islamistes radicales (on le voit aussi en Libye, au Soudan, en Érythrée, en Somalie, etc), et elle s’impose de la sorte comme une force incontournable lors des négociations régionales et internationales en tant que pays « charnière », comme le Qatar, ayant des relations avec les islamistes comme avec leurs ennemis...

Le rétablissement de la basilique Sainte Sophie en mosquée, joyaux de l’Église orthodoxe (qui avait déjà été transformée en mosquée pendant 5 siècles après la conquête de Constantinople en 1453, devenue Istanbul) a consisté à envoyer un message « géo-civilisationnel » très clair au monde musulman: l'objectif pour Erdogan est de séduire, d’une part, l'électorat islamiste-nationaliste en « désoccidentalisant » le pays, et, d’autre part, de séduire et rallier le monde musulman dans son ensemble dans le cadre d’un «  leadership » panislamisme et néo-ottoman visant à persuader que la Turquie serait le «  meilleur défenseur de l’identité islamique » face aux « ennemis de l’islam". Cette stratégie néo-ottomane géo-civilisationnelle est efficace car elle permet de polariser la Turquie contre le monde extérieur, face aux «  puissances chrétiennes » bouc-émissaires islamophobes », en cherchant à séduire les musulmans du monde entier, le but étant en réalité de légitimer par La Défense de l’islam le « retour » de la Turquie néo-impériale dans ses anciens territoires ottomans perdus à la fin de la première guerre mondiale. Ainsi Recep Tayyip Erdogan devient un modèle d'islam politique, un héraut de la « réislamisation » et de la « désoccidentalisation ». Par ailleurs, au-delà de cette dimension panislamisme, Ankara ambitionne, avec une politique étrangère extrêmement active, tant en Afrique qu’au Moyen-Orient, en Asie et même en Europe (Balkans) et aux Amériques, de devenir un acteur incontournable de ce monde multipolaire caractérisé par une requête de « désoccidentalisation".

Comment expliquez-vous la paralysie de l'Europe face aux actions turques ? Représentent-ils une menace pour l'Europe ?

Dov Zerah : Dans ce contexte, l’Europe parait particulièrement absente. Nonobstant ses prétentions séculaires sur son ancienne colonie, l’Italie semble impuissante. Malgré son influence sur le pays depuis la seconde guerre mondiale, le Royaume Uni semble lointain. L’Allemagne s’est contentée d’accueillir une conférence internationale à Berlin soutenue par l’ONU ; elle n’a pas les coudées franches car, au-delà de sa proximité historique avec Ankara, elle ne peut ignorer la présence de 4 millions de personnes d’origine turque. Seule la France soutient la contradiction avec sa marine et n’hésitant pas à pointer et qualifier la « responsabilité historique et criminelle » de la Turquie. L’appartenance des deux pays à l’OTAN n’a pas empêché la confrontation des deux marines le 10 juin dernier ; le Courbet s’était juste approché d’un navire en train de violer l’embargo international. L’intervention de la marine turque s’apparente à un acte de guerre contre la France, au sens du droit international...

Alexandre Del Valle : La Turquie demeure une menace permanente en Méditerranée : relations tendues avec Chypre et la Grèce, dont les immenses réserves de gaz offshore ouvertes à l'exploitation dans les années 2000 sont convoitées par Ankara qui veut redéfinir les frontières maritimes; tensions très graves avec l’Égypte pour les mêmes raison géo-énergétiques; tensions avec l’Italie dont l’entreprise de pétrole ENI a récemment été « interdite » de forage au sud de Chypre par l’armée turque qui a envoyé des corvettes militaires menacer un bateau de forage italien; menaces militaires encore plus violentes pour empêcher les entreprises chypriotes de forer dans leur propre domaine maritime pourtant étranger à la Turquie qui n'a aucune base légale pour effectuer des forages en zone exclusive chypriote ou grecque; menaces envers la Grèce dont Ankara revendique les îles de la Mer Égée et le triple de ses eaux exclusives commerciales afin d'y convoiter le gaz offshore de Mer Égée et de Crète; récents accrochages navals en méditerranées orientale et au large de la Libye entre la marine turque et la marine française, sans oublier aussi les tensions avec Israël, la Syrie et le Liban, également propriétaires de réserves de gaz offshore convoitées par Ankara. Rien ne semble pouvoir aujourd’hui stopper l’expansionnisme et l’irrédentisme turco-ottoman en méditerranée orientale et méridionale. Pourquoi? Car personne ne souhaite entrer en guerre contre la Turquie qui sait très habilement et très bien jouer de ses différents leviers et pouvoirs de nuisance... L’OTAN peut en effet difficilement entrer en guerre contre l’un de ses propres membres, et les États-Unis ont trop peur de la proximité des Turcs avec la Russie à qui ils ont acheté des S400 anti-missiles. N'oublions pas que Washington ne peut pas trop efficacement de tempérer les ardeurs impérialistes d’Erdogan car la Turquie abrite une importante base américaine (Incirlik) disposant d'armes nucléaires atomiques américaines difficiles à récupérer..., quant à l’armée égyptienne, elle ne pourra pas rivaliser avec celle d'Ankara, même si l'infériorité stratégique égyptienne pourrait être compensée par l'alliance croissance avec la Grèce, très inquiète de la menace militaire turque en Méditerranée et de ses appétits de prédation énergétiques.

Rappelons aussi que si la seule puissance historiquement ennemie de la Turquie ottomane, la Russie, aurait pu contrer l'expansionnisme turc et protéger les pays 'frères-orthodoxes" comme Chypre et la Grèce, l'accord sur le gazoduc turco-russe passant par le territoire turc ("Turkish Stream", en alternative aux précédents projets d'acheminements de gaz russe vers l'Ouest empêchés par les Européens et les Etats-Unis), a permis à la Turquie de de protéger du seul pays capable de la vaincre et qui aurait pu entrer en conflit direct avec elle. On se rappelle certes de la grave crise russo-turque de novembre 2015, lorsque l'aviation turque osa abattre un avion de chasse russe soukoi dans le ciel turco-syrien, mais un an plus tard à peine, le néo-Sultan Erdogan qui a eu très peur des menaces de guerre et des boycott économiques lancés en représailles par Moscou, a su trouve de nouveaux sujets d'ententes avec Poutine dès septembre 2016, peu après le coup d'Etat pro-US raté contre le néo-Sultan, en abandonnant DAECH et nombres de milices islamistes dans les 3/4 de la Syrie en échange d’une chasse-gardée dans le nord-ouest face aux Kurdes, puis en intensifiant les coopérations gazières et en scellant une alliance certes contre-nature mais tournée contre les ennemis occidentaux et surtout américains communs. Sur fond de trahison de l'OTAN, de lutte prioritaire contre l'ennemi kurde séparatiste, et dans le cadre d'un pragmatisme sans limites, la Turquie du néo-sultan Erdogan s’est efficacement protégée des anciens ennemis russes et poursuit donc son expansion en profitant de son double statut de membre de l'OTAN que les Etats-Unis ne veulent pas perdre et de nouvel allié de revers des Russes face à l'hégémonisme américano-occidental.

Quelle réaction l'Europe et la France peuvent-elles avoir ?

Dov Zerah : Cet exemple comme bien d’autres démontre que la désunion entre les pays européens est préjudiciable à tous. Il faudra que l’Europe choisisse entre « la stratégie des bourgeois de Calais »refusant de combattre pour protéger leurs flux commerciaux et « la volonté de
réécrire l’histoire » pour protéger son modèle. Cela parait de plus en plus urgent et indispensable surtout avec les événements récents survenus au Mali. Alors que la France et ses alliés contrôle les mouvements djihadistes dans la Nord du pays, les manifestations de Bamako à l’initiative de l’mam Mahmoud DICKO déstabilise le pouvoir malien et risquent d’ouvrir à côté de la Libye un nouveau foyer de troubles…
Les réactions européennes peuvent être nombreuse :
- L’Europe ne doit pas oublier qu’elle dispose de suffisamment de moyens économiques pour contenir l’expansionnisme turc

- Parallèlement, elle doit critiquer, notamment au sein du Conseil de l’Europe dont la Turquie est membre, toutes les violations des droits del’homme enregistrées dans ce pays depuis de nombreuses années, et surtout depuis le « coup d’État » de l’été 2016.
- Enfin, il est grand temps que la Turquie ne fait pas partie de l’Europe et ne peut rejoindre son organisation politique
- Enfin, il est grand temps de s’interroger sur la place de la Turquie dans l’OTAN.

Alexandre Del Valle : La France est le seul pays européen à avoir envoyé une flotte et donc un message pas deux fois ces deux dernières années à l’encontre de l'armée navale turque de plus en plus agressive et menaçante. Paris est aussi le seul pays de l'Union européenne à avoir vivement et officiellement averti la Turquie et condamné au sein de l'UE et de l'OTAN les agissements d'Ankara, prenant d'ailleurs la défense des Grecs et des Égyptiens, sur le dossier du gaz et de viol de l'embargo sur les armes envoyées par la Turquie aux milices islamistes libyennes. Mais dans les faits, les timides sanctions que la France a voulu faire appliquer via l'Union européenne en novembre dernier à l’égard de la Turquie, appuyées notamment au Parlement Européen et reprises seulement en partie par la Commission européenne, n’ont eu aucun véritables impact car elles n'ont pas été dissuasives et elles n'ont pas été acceptées par la majorité des pays européens qui, hélas, se contre-fichent des menaces subies par deux autres membres de l'UE, Chypre et la Grèce. Pour autant, des nouvelles ou récurrentes alliances géostratégiques se redessinent aujourd’hui face à la menace national-islamiste-néo-ottomane de la Turquie d'Erdogan: rapprochement indirect entre Israël et certains pays arabes comme les Émirats, l'Arabie saoudite et l’Égypte; rapprochement direct entre les pays arabes, Chypre et la Grèce. Tous ceux qui se sentent menacés par la Turquie semblent chercher à s’unir face à l’éventualité d’une guerre avec Erdogan. Celle-ci n'aura peut-être pas lieu, car Erdogan est aussi un grand spécialiste du bluff stratégique et du poker-menteur, mais il est surtout le maitre incontesté de ce que j'ai nommé dans mes ouvrages sur la Turquie, "la stratégie du test des réactions", en vertu de laquelle, comme avant lui tous les Etats-prédateurs et empires expansionnistes totalitaires califaux, communistes ou nazis, plus la cible demeure passive, plus on pousse plus loin les actions de provocations et de d'expansion. Cela veut dire en termes clairs, que si Erdogan n'est pas encore déterminé à attaquer la Grèce pour lui voler ses îles égéennes et s'emparer de ses zones commerciales exclusives pour y forer le gaz offshore, il finira par le devenir et par agir dans ce sens s'il constate qu'aucune grande puissance ni groupes de puissances (Russie, EU, OTAN, UE, Ligue arabe, etc) ne se montre prête à lui barrer la route par tous les moyens, y compris militaires. Comme jadis l'empire ottoman et les pirates barbaresques qui lui prêtaient allégeance et terrifiaient en permanence la Méditerranée et les pays de l'Europe du sud constamment razziés, pillés et leurs habitants mis en esclavage, la Turquie néo-ottomane qui ravive partout le "suprémacisme" néo-califal et anti-chrétien/anti-occidental ne s'arrêtera et ne reviendra sage QUE si elle rencontre en face d'elle une force tout aussi déterminée et prête au clash. Rappelons pour la petite histoire que les Pirates maghrébins barbaresques et leur suzerain ottoman turc ne cessèrent de terrifier la méditerranée qu'après les guerres de Barbarie lancées par les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne entre 1804-1815 puis surtout après la prise d'Alger en 1830 et l'affaiblissement de l'empire ottoman vaincu progressivement par les réactions européennes et les nationalismes grec et balkaniques... A cette époque, l'Europe avait encore une Mémoire civilisationnelle, et le coeur de l'Europe battait pour la Grèce aidée à s'affranchir du joug turco-ottoman. Le grand poète romantique Lord Byron lui-même, pourtant anglais, mort le 19 avril 1824 à Missolonghi, en Grèce, face aux Ottomans, estimait que la défense de la Liberté des Peuples passait par la défense de la Nation grecque, mémoire et identité-matrice de la civilisation européenne. Aujourd'hui, le problème ne vient pas que des ennemis géo-civilisationnels des Européens, qui n'ont pas changé, comme le montrent le néo-Sultan Erdogan et ses proxys islamistes en Europe et dans le monde arabe, mais de notre amnésie doublée d'une "apostasie civilisationnelle": Lord Byron le pro-Héllénique est remplacé par les artistes pro-Black Lives Matter adeptes de la repentance éternelle et de l'antiracisme antioccidental et pro-islamiste... Erdogan et ses amis frères musulmans en sont parfaitement conscients....

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