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Sécurité sociale : les tenants du tout-Etat gagnent du terrain
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Sécu d'État

Les partisans du « tout sécurité sociale » sont désormais majoritaires au gouvernement, et ce point devrait inquiéter sérieusement les assureurs complémentaires.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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L’heure du tout sécurité sociale, ou d’une version approchante de celle-ci, est-elle arrivée ? Si l’on songe aux déficits abyssaux qui se creusent du côté de la sécurité sociale et aux erreurs de communication des assureurs dans la crise, il n’est pas interdit de penser que l’automne sera chaud pour les organismes complémentaires, et que le pire pourrait intervenir dans la préparation de la loi de finances pour 2021. Plusieurs nominations accréditent l’idée d’un mouvement sismique qui pourrait se révéler dévastateur. 

Nicolas Revel, un directeur de cabinet très étatiste

La nomination la plus inquiétante est sans doute celle de Nicolas Revel, proche de Nicolas Sarkozy, qui devient directeur de cabinet de Jean Castex. Il sera l’homme fort de Matignon, choisi personnellement par Emmanuel Macron lui-même, avec qui il a partagé quelques années de travail à l’Élysée, du temps de François Hollande. Revel connaît aussi très bien Jean Castex. 

Nous rappelons ci-dessus une audition de Nicolas Revel donnée il y a quelques années, au moment de la préparation du tiers payant, devant l’Assemblée Nationale. Il y dissèque le mode opératoire pour « nationaliser » les organismes complémentaires. En l’écoutant, on comprend que cet invité régulier de Didier Tabuteau, le grand partisan du tout sécurité sociale qui enseigne à Sciences-Po, ne verrait pas d’obstacle idéologique majeur à supprimer toute forme de concurrence dans les remboursements santé. On suivra donc de près la préparation du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2021, qui pourrait réserver quelques innovations de derrière les fagots sous la houlette d’un Matignon soucieux de donner à l’opinion des gages de son engagement en faveur d’une santé qui deviendrait un « bien commun ». 

Olivier Véran toujours en poste

Au ministère de la Santé, Olivier Véran reste en poste, sans grande surprise. Le ministre de la Santé qui a succédé à Agnès Buzyn n’est pas non plus un grand partisan de la concurrence en santé, et il ne manque pas une occasion de dénoncer les frais des organismes complémentaires. Les assureurs ont donc intérêt à se méfier fortement des réactions chimiques induites par le duo Véran – Revel, qui risquent de produire quelques catastrophes écologiques pour le secteur. 

Là encore, la préparation du projet de loi de financement de la sécurité sociale, dont Véran était le rapporteur unique avant d’être ministre, risque de donner lieu à des fièvres automnales dans le monde de la santé concurrentielle. 

Alain Griset devrait plaider contre la concurrence

Ce duo est désormais complété par Alain Griset, le président de l’U2P, dont les positions frileuses sur la question de la complémentaire santé sont bien connues. Là encore, les organismes complémentaires (mais cette crainte peut être étendue à l’ensemble de l’assurance) ont du souci à se faire, car Griset préparera sans doute un projet de loi qui risque d’être destructeur pour la profession. Ici, le dédain affiché de la FFA pour ses partenaires patronaux risque de se payer cash. Il devrait être tentant pour les artisans de prendre leur revanche sur les silences des assureurs concernant la perte d’exploitation, et probablement sur le passage au forceps sur la concurrence en matière de complémentaire santé d’entreprise. 

Rappelons que l’U2P a toujours été partisane des désignations, qui permettaient à certaines de ses fédérations adhérentes comme la boulangerie de se financer à bon compte sur le dos des salariés. 

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