Pourquoi le faible taux d’inflation masque une réalité plus complexe pour le pouvoir d’achat des ménages<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Pourquoi le faible taux d’inflation masque une réalité plus complexe pour le pouvoir d’achat des ménages
©ANGELA WEISS / AFP

Conséquences

Malgré un faible taux d'inflation évoqué par les économistes, le prix des biens et services de première nécessité aurait tendance à augmenter, tandis que celui des produits de seconde nécessité diminuerait. Quels seront les impacts de cette évolution sur le pouvoir d'achat et, plus généralement, sur l'économie globale ?

Gilles Dufrénot

Gilles Dufrénot

Gilles Dufrénot est Professeur de Sciences Economiques à Aix-Marseille Université et membre de l’Ecole d’Economie de Marseille (AMSE). Il est également chercheur associé au CEPII. Il est l’auteur de nombreux livres dont Les pauvres vont-ils révolutionner le 21ème siècle ?, sorti en 2018 aux Editions Atlande.

 

Voir la bio »

Atlantico.fr : Les économistes parlent du faible taux d'inflation aux États-Unis. Mais la réalité est plus complexe : d'après le rapport annuel doxoINSIGHTS, les ménages ont vu leurs dépenses fixes augmenter plus vite que leurs revenus, avec des dépenses fixes (services publics, prêts etc.), qui ont augmenté de 6 % entre 2019 et 2020.

Le rapport en question observe que le prix des biens et services de première nécessité augmente, tandis que celui des produits de seconde nécessité a tendance à diminuer. Quels impacts aura cette évolution sur le pouvoir d'achat et, plus généralement, sur l'économie globale ?

Gilles Dufrénot : Les Etats-Unis sont un des pays les plus inégalitaires au monde, qu’il s’agisse des inégalités de revenus ou de richesses. La hausse du prix des dépenses fixes risque d’accentuer ces inégalités en pesant sur les ménages les plus modestes. Dans le contexte actuel de taux de chômage élevé et de récession économique consécutifs à la crise sanitaire, cela risque de peser davantage sur le pouvoir d’achat des ménages.

Par quoi se caractérise la situation de l’inflation aujourd’hui ? Sur le plan structurel comme conjoncturel, quelles seront les conséquences de la crise de la Covid-19 sur les prix et sur l’économie ?

Les pays industrialisés évoluent aujourd’hui dans un régime d’inflation basse, qui s’explique par des facteurs structurels : pressions déflationnistes liées à la globalisation, disparition de la boucle prix-salaires comme fondement de régulation des économies, décrochage des anticipations inflationnistes. La crise du Covid-19 a conduit les économies à mettre volontairement à l’arrêt une partie des systèmes productifs durant le confinement. Ce qui a détruit une partie des capacités productives, fait augmenter le chômage et a plongé les économies dans une situation de récession pire que celle de la crise de 2008. Les scénarios possibles de reprise dépendent de deux inconnus. D’une part, de la reprise éventuelle de l’épidémie au cours de l’automne ou de l’hiver. D’autre part, du comportement de désépargne des ménages. 

Que peut-on prédire ou prévoir quant à l'évolution à venir des prix ? Si le danger est davantage celui de la déflation aux Etats-Unis, à quoi peut-on s'attendre pour les économies européennes ?

Il est peu probable que l’inflation réapparaisse prochainement, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis. Le taux d’utilisation des capacités de production reste bas. Mais surtout les anticipations inflationnistes sont fixes. Les marchés et le secteur privé n’anticiperont pas de hausse durable des prix tant que l’avenir restera incertain. Par ailleurs, de nouvelles baisses durables des taux de chômage – susceptibles d’exercer une pression à la hausse sur les salaires – ne devraient pas se manifester avant un ou deux années, même en cas de « rebondissement » de l’économie. Enfin, une incertitude demeure sur le rythme auquel reprendront les échanges commerciaux internationaux dans un contexte où certains secteurs se trouvent t en crise : transport aérien, tourisme.  

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !