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Coronakrach sur le CAC40 : le match Sarkozy/Macron sur la meilleure réaction face à l'effondrement
©ERIC GAILLARD / POOL / AFP

Des paroles et des actes

Eric Verhaeghe revient sur la crise boursière liée à l'épidémie de Covid-19 et compare la réaction d'Emmanuel Macron face au Coronavirus à celle de Nicolas Sarkozy lors de la crise financière de 2008.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Le Big One du CAC 40 s'est déroulé sous nos yeux : après un lundi noir, le jeudi qui a suivi a donné lieu, avec plus de 12% de pertes, à un triste record historique, annonciateur de bien des heures sombres. Face à la catastrophe, dont le coronavirus est à la fois le déclencheur apparent et le prétexte, les autorités mondiales réagissent en obéissant à un réflexe protectionniste qui pourrait précipiter la planète vers la catastrophe. Pour mémoire, Nicolas Sarkozy, dont on peut penser beaucoup de mal rétrospectivement, avait réagi de façon très différente... d'une manière qui laisse à penser aujourd'hui qu'il a accordé 10 ans de répit au capitalisme mondial.

Le Big One du CAC 40 était impressionnant aujourd’hui. Après une journée noire lundi, le -12% du jour laisse pantois : en moins d’une semaine, l’indice est revenu à son état de 1998, c’est-à-dire 20 ans plus tôt. Mais quelle sera la réaction présidentielle, la seule qu’on attend aujourd’hui, face à ce désastre ? 

Le Big One du CAC 40 était prévisible

Il serait extrêmement malhonnête de la part d’Emmanuel Macron d’expliquer que ce Big One du CAC 40 est une surprise. Dès juin 2019, l’économiste qui avait annoncé le krach de 2007 annonçait un krach pour 2020. Il n’était pas seul. Nous-mêmes avions considéré dès septembre 2019 que les annonces sur l’assurance-vie et sa baisse de rendement préfiguraient un krach généralisé.  

Faire semblant d’être pris au dépourvu relèverait donc de la parfaite tartufferie.  

Le prétexte du coronavirus

Certains prétexteront que la crise boursière n’est pas le produit d’une faiblesse sous-jacente de l’économie, mais de la crise épidémique du coronavirus. Ce n’est que très partiellement vrai. Le coronavirus est incontestablement, avec la Grande Peur, et la rupture de confiance qu’il ouvre, un détonateur du krach. Mais les fondamentaux étaient bien présents auparavant, notamment la guerre du pétrole qui est la réelle cause du krach. Parce que la Russie et l’Arabie Saoudite, dans la foulée folle du prince Ben Salmane qui vit sous perfusion d’argent occidental, mènent une guerre des prix sur le pétrole, la confiance dans l’avenir s’effondre.  

Dans cette affaire, l’épidémie du coronavirus est un prétexte, rien de plus.  

La réaction anticipée de Sarkozy

L’intelligence de Nicolas Sarkozy, en 2007, fut d’anticiper très largement la crise et de jouer d’emblée la carte de la coopération internationale pour y répondre. Dès le 16 août de cette année-là, c’est-à-dire avant l’effondrement boursier, Nicolas Sarkozy avait clairement alerté ses partenaires et avait exigé que les membres du G7 prennent des mesures par anticipation.  

Par la suite, le président français a pris le leadership pour une réponse concertée et coordonnée non seulement aux difficultés boursières, mais aussi aux difficultés économiques. En particulier, il fut l’élément moteur qui permit d’éviter des faillites bancaires en chaîne.  

On peut penser beaucoup de mal de cette stratégie à l’époque, il n’en reste pas moins qu’elle a évité un effondrement généralisé.  

Le manque de vision de Macron

Face à ce précédent qui mit la France en tête de proue de la coordination internationale dans un monde multipolaire, le calme plat d’Emmanuel Macron laisse perplexe. Alors que la rumeur d’un grand krach court depuis septembre, aucune initiative française n’a cherché à le prévenir. Et aucune initiative d’ampleur aujourd’hui ne laisse présager une réaction forte qui projetterait la France en tête du peloton des nations.  

Pire : alors que la crise du coronavirus a montré l’exemple du désastre en Chine, la France continue à temporiser et à tortiller face à la difficulté de l’exercice. Pourtant, même la prude Angela Merkel a pris acte du fait que 70% des habitants seraient contaminés, et qu’il fallait donc faire avec.  

Désastreux court-termisme français

On comprend bien ce qui inquiète Emmanuel Macron les élections municipales et sa gouverne personnelle. Pour des calculs idiots, liés à la participation au premier tour des municipales, le Président n’a pas voulu prendre des mesures fortes de confinement, et attend la semaine prochaine (probablement mardi, si l’urgence ou les sondages ne s’imposent pas à lui d’ici là) pour les prendre. Pendant que le Président français regarde le bout de son index, il ne se préoccupe guère du vrai problème : la réponse internationale concertée au cataclysle qui s’annonce. Comme Sarkozy le fit en son temps.  

L’individualisme international est une catastrophe

Alors que nous vivons dans des économies de libre-échange, chaque pays réagit individuellement à la crise qui vient, y compris en Europe. La Russie et l’Arabie Saoudite s’affrontent sur le terrain des prix pétroliers. Les États-Unis interrompent unilatéralement et sans préavis les relations aériennes avec l’Europe. L’Allemagne prend des mesures dans son coin. L’Italie appelle la Chine à l’aide, faute d’intervention européenne. 

Tout le monde marche sur la tête. Un Sarkozy avait pris les choses en main et secouaient ses alliés. Macron est aux abonnés absents.  

En 2008, la France était première de cordée. Elle est désormais à la traîne.  

Le désastreux calcul Christine Lagarde à la BCE

L’une des clés de la situation repose sur Christine Lagarde, qui pourrait prendre des mesures d’urgence pour sauver la situation. Certes, après des années d’épuisante politique interventionniste, la BCE a globalement épuisé ses munitions pour répondre à la crise. Mais quand même… 

Pour des raisons de facilité budgétaire, la France ajoué des pieds et des mains pour imposer Christine Lagarde à la tête de la BCE, alors qu’elle ne connaît rien à la banque. Le maillon faible de l’équipe appelé Lagarde va devenir très embarrassant : faute de savoir faire, la BCE va se condamner au rôle d’observateur qui explique aux États comment mieux se fracasser sur la falaise.  

La fin d’un monde auquel chacun doit se préparer

À l’évidence, les mesures de confinement imposées par le coronavirus au nom de la protection des individus qui incomberait à l’État vont durcir les difficultés économiques pourtant épouvantables. L’ensemble de l’économie, tous secteurs confondus, sera dans les semaines à venir entraîné dans une chute vertigineuse qui rebattra les cartes. Il est très probable que l’Europe endormie sur ses lauriers de la protection en sorte groggy, pendant que la Chine renforcera sa domination politico-économique.  

Rien n’exclut un « recovery » européen dans les dix ans à venir. Mais les trois prochaines années seront redoutables. Macron aura, à cette occasion montrer les limites majeures qu’un mari d’eau douce choisi par l’aristocratie parisienne présente en cas de tempête en haute mer.  

Sachons-le, et préparons-nous y.  

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