Dans la tête du tueur de Hanau

Le parquet fédéral allemand, compétent pour les crimes terroristes, s'est saisi de l'enquête sur le bain de sang de Hanau et considère que les faits auraient été motivés par une idéologie "d'extrême-droite". L'auteur des faits, Tobias Rathjen, un citoyen allemand de 43 ans a été retrouvé mort à son domicile (de même que sa mère, âgée de 72 ans). Il était inconnu des services de police et a, très probablement, agi seul.  Les chercheurs de l'ESISC, la société que je codirige, ont pu se procurer et analyser la lettre de revendication de l'auteur des faits et nous en publierons, demain, une analyse exhaustive, mais en voici déjà un résumé.

Dans ce texte de 24 pages, un véritable "manifeste", rédigé dans un allemand parfait, mais au contenu délirant et complotiste, Rathjen décrit une Allemagne "contrôlée par les services secrets" qui exercent (avec le concours des Etats-Unis) le "contrôle mental à distance" des citoyens par divers moyens et les espionnent chez eux, à l'aide de micros et de caméras. Pour lui, en controlant les "Allemands" plutôt que les étrangers, les services de sécurité se rendent coupables de "haute trahison". Il décrit également "la femme idéale" ("blonde" et avec "des courbes"), et l'utilisation que Hollywood fait de ce stéréotype pour "dominer les cerveaux".

Le document ne contient pas de référence explicite à l'Islam mais affirme la supériorité de la "race blanche" et appelle à "l'extermination" des populations de plusieurs pays d'Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d'Asie centrale. Il s'en prend violement aux "non-blancs" qui commettent "tous les crimes" en Allemagne et explique qu'il ne suffit pas de les expulser mais qu'il faut "les annihiler" pour être "débarrassé du problème". Il cite nommément les résidents ou citoyens allemands originaires d'Afghanistan, d'Algérie, du Bnegladesh, du Cambodge, d'Egypte, d'Inde, d'Iran, d'Irak, d'Israel, de Jordanie, du Kazakhstan, du Laos, du Liban, de Libye, de Maroc, d'Ouzbékistan, des Philippines, du Pakistan, de Syrie, de Tunisie, du Turkménistan, de Turquie, du Vietnam et de la péninsule arabique.

Son manifeste et son "profil" - "inconnu des services"-, manifestement en proie à des troubles psychiatriques et des désordres émotionnels, n'appartient pas directement à un groupe mais ayant agi, seul, sous l'influence d'idéologie et de propagandes complotistes circulant sur les réseaux (ce que les médias appellent un "loup solitaire") - offrent un parallèle inquiétant autant que fascinant avec le terroriste suprémaciste norvégien Anders Breivik qui commis les attentats d'Oslo et d'Utoya (77 morts et 151 blessés), le 22 juillet 2011, mais aussi avec nombre de djihadistes étant passé, seuls, à l'action, en Europe, ces dernières années.

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