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Coronavirus : petits conseils pour se préparer au choc économique si la crise devient aussi grave que celle de 2008
©WANG ZHAO / AFP

Avis de tempête

Face à l'inquiétude liée à l'épidémie du coronavirus en Chine, les indices boursiers ont été fortement impactés depuis le début de la crise. De nombreuses entreprises et des grands groupes ont également décidé d'interrompre temporairement ou de ralentir leurs activités en Chine.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico.fr : Le coronavirus affole et bouscule depuis quelques semaines les plans de grands groupes (LVMH entre autres) en Asie qui craignent une crise similaire à celle de 2008.

Pensez-vous que les entreprises ont de quoi s’inquiéter ? Si oui, pour quelles raisons ?    

Philippe Crevel : Dimanche 9 février, le nombre de décès dus aux coronavirus s’élevait à 811 en Chine  auxquels s’ajoute 1 à Hong Kong et 1 à Singapour. A cette date, le nombre de personnes contaminées était de près de 32 000. Le taux de mortalité par le coronavirus est de 2 %. Il reste inférieur à celui du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) qui avait provoqué la mort de 774 personnes dans le monde en 2002-2003. Le bilan sanitaire est inférieur à la grippe. Le foyer principal et pour le moment unique étant en Chine, l’épidémie impacte l’économie de la deuxième puissance mondiale. L’impact est de trois ordres : l’offre, la demande et la confiance. Du fait de la fermeture des usines, la production est en baisse. Les revenus des Chinois risquent de baisser en raison de la diminution du nombre d’heures de travail, de l’absence de touristes, etc. Les projets d’investissement sont reportés, ce qui aura des conséquences sur la croissance. Les consommateurs étant appelés à ne pas bouger de chez eux, la demande est en berne. Les Chinois diffèrent leurs voyages tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières. De nombreuses compagnies aériennes ont annulé leurs vols vers la Chine. La confiance qui est essentiel dans les rouages de l’économie est atteinte. La population chinoise voire mondiale doute des capacités des pouvoirs publics à endiguer l’épidémie. La mort à Wuhan du Docteur Li, ce médecin qui avait été contraint au silence après avoir révélé les dangers du coronavirus, a amené à des réactions vives au sein des réseaux sociaux dans un pays où l’expression publique est très régulée.

Les autorités chinoises ont décidé la mise en place de mesures de soutien à l’économie. Lors de l'épidémie en 2003, l'impact du SRAS sur le PIB chinois avait été évalué à un point pour l'ensemble de l'année. Du fait de l’essor de l’économie chinoise, le manque à gagner sera certainement plus élevé. De même, les effets sur l’ensemble de l’économie mondiale seront plus importants en raison de l'intégration de la Chine dans les chaînes de valeur mondiales. Néanmoins, une épidémie est logiquement un phénomène temporaire qui logiquement s’accompagne d’un rebond (courbe en « V »). Si dans les prochaines semaines, l’augmentation du nombre de victimes se ralentissait, la confiance pourrait commencer à se restaurer. Après un mauvais mois de janvier et de février, l’économie repartirait à partir du mois de mars. Si la décrue du nombre de nouveaux cas tardait, l’économie chinoise voire mondiale pourrait connaître une courbe en « U » avec plusieurs mois de mauvais résultats précédant un rebond.

Les investisseurs et les dirigeants des entreprises ne croient pas au pire. Ils parient sur une courbe en « V » ou en « U ». le scénario d’une courbe en « L » avec une longue période de crise économique n’est pas pour le moment retenu. La preuve que la confiance n’est pas entamée est la remontée du CAC 40 la semaine dernière qui est  repassé au-dessus de 6000 points. L’Indice Eurostoxx a gagné en une semaine de plus de 4,3 %. Le Dow Jones a progressé de 3 % et le Nasdaq d’un peu plus de 4 %.

Si la crise du coronavirus venait à être de la même ampleur que la crise de 2008, que peuvent – et devraient – faire les entreprises pour ne pas être prises par surprise ? 

La crise du coronavirus ne peut pas être comparé à la crise de 2008 qui est une crise financière liée à un surendettement immobilier. La crise actuelle est liée à une épidémie et doit être comparée à des problèmes de même nature. En l’état actuel, il n’y a aucune comparaison avec la grippe espagnole de 1918 qui a fait 40 millions de morts ni même avec l’épidémie de peste noire qui qui aurait décimé plus de la moitié de la population européenne de 1347 à 1351, ou environ 25 millions de victimes. Plus près de nous, il convient de souligner qu’en 1956 la grippe asiatique avait tué en Chine entre 1 et 4 millions de personnes. De 1968 à 1969, la grippe de Hong Kong a tué pour environ 1 million de personnes.

En cas d’épidémies virales, les process sont connus, limitation des contacts, mise en quarantaine, mesures d’hygiènes renforcées. Sur le plan économique, cela ralentit les échanges et cela oblige à revoir les circuits de production en cas de fermeture prolongé de certaines usines.

Comment se protéger individuellement ? En vendant ses actions par exemple ?

L’inverse serait sans nul doute un meilleur conseil. IL faut acheter quand les cours sont bas et non l’inverse. Les bourses asiatiques ont fortement baissé ces dernières semaines mais elles devraient retrouver leur niveau de la fin de l’année dernière dès que l’épidémie sera jugulée. L’économie chinois enregistrera un mauvais premier trimestre mais qui sera suivi d’un rebond au deuxième ou au troisième. 

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