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Actes antisémites, antichrétiens et antimusulmans : la vérité des chiffres
©Reuters

Triste réalité

Le bilan statistique 2019 des actes racistes, antisémites, antimusulmans et antichrétiens a été présenté le 26 janvier 2020. Ces données ont été communiquées par le ministre de l'intérieur. Nicolas Moreau revient sur cette question.

Nicolas Moreau

Nicolas Moreau

Diplômé d'école de commerce, Nicolas Moreau a exercé en tant qu'auditeur pendant une décennie, auprès de nombreux acteurs publics, associatifs et privés.

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Proportionnellement à leurs populations respectives, les Juifs sont victimes d’actions antisémites 12 fois plus que les chrétiens ne sont victimes d’actions antichrétiennes, et 24 fois plus que les musulmans ne sont victimes d’actions antimusulmanes. Des chiffres qui vont en sens inverse des discours clientélistes et victimaires d’une grande partie de la classe politique et associative, prompte à sous-estimer l’antisémitisme ambiant, et surestimer le rejet des musulmans.

Nicolas Moreau : Les statistiques 2019 des actes antireligieux, antisémites, racistes et xénophobes ont été publiés par le ministère de l'Intérieur. Comme chaque année, les résultats qui sont donnés sont des chiffres bruts, à savoir la somme des faits à caractère antisémite, antimusulman, antichrétien, et raciste.

Ces chiffres ne doivent toutefois pas être comparés les uns aux autres sans remise en contexte, car les populations de référence ne sont pas les mêmes. En effet, 100 faits antisémites, sur une population Juive de 500 000 individus, ne sont pas comparables à 100 faits antichrétiens, sur une population beaucoup plus importante pouvant atteindre, au sens large, 40 millions de personnes. Le nombre de faits, en proportion de la population concernée, est totalement différent.

Rapportons donc ces chiffres du ministère de l’Intérieur aux populations concernées, pour les analyser avec plus de finesse.

Il est malheureusement interdit, depuis 1872, de recenser l’appartenance religieuse des français, ni d’intégrer dans une enquête démographique des questions portant sur l’appartenance religieuse. L’INSEE ne fournit donc pas ces informations, et il est nécessaire de compiler plusieurs enquêtes privées ou étrangères pour obtenir une évaluation des populations concernées. (Ipsos, Randstad, Eurobaromètre, Pew Research Center, Bureau National des Statistiques d’Israël - BNSI, etc.).

Des Juifs et des musulmans

En recroisant diverses sources, la population Juive de France peut par exemple être estimée à environ 500 000 individus (BNSI, Observatoire de la Laïcité), et la population musulmane à 7.5% de la population française (Institut Montaigne, Pew Research Center, Eurobaromètre, Randstad), soit 7.5% de 67 millions, où 5 025 000 musulmans.

Montrons rapidement un exemple de calcul opéré, puis passons directement aux conclusions.

Le ratio de faits antisémites sur la population Juive est de 687 faits / 500 000 Juifs = 1 / 728

Le ratio de faits antimusulmans sur la population musulmane est de 154 faits / 5 025 000 musulmans = 1 / 32 630

Et le rapport entre les deux ratios est de 32 630 (musulmans) / 728 (Juifs) = 44.8

Ce chiffre s’interprétant ainsi : à population comparable, les Juifs sont 45 fois plus victimes de faits antisémites que les musulmans ne sont victimes de faits antimusulmans, en France, en 2019.

Parmi ces faits, on distingue les "actions" (catégorie qui regroupe les atteintes aux personnes et aux biens : dégradations, vols, violences physiques…) et les "menaces" (propos ou gestes menaçants, inscriptions, tracts, courriers…).

En reprenant les mêmes calculs, pour les actions (151 actions antisémites, 63 actions antimusulmanes), le résultat final est de 24,1, ce qui signifie que, à population comparable, les Juifs sont 24 fois plus attaqués (atteintes aux biens et aux personnes) que les musulmans, en France, en 2019.

Le ministère de l’Intérieur insiste toutefois sur une "bonne" nouvelle, dans ce sombre tableau : "La hausse des faits antisémites en 2019 s’explique exclusivement par l’augmentation des menaces (+50%), les actions ayant quant à elles diminué de 15 %. Les faits les plus graves, les atteintes aux personnes, sont même en net recul, de 44 %."

La conclusion, année après année, reste cependant la même. La persécution envers les Juifs est beaucoup plus marquée en France que la persécution envers les musulmans. Les Juifs sont 45 fois plus victimes de faits de haine, et 24 fois plus victimes d’actions de haine que les musulmans, à périmètre et populations comparables.

A l’heure où les islamistes, les décoloniaux et une bonne partie de classe politique, notamment à gauche, minorent l’antisémitisme en France pour surévaluer grandement le rejet des musulmans, un froid rappel de ces chiffres frappants est essentiel.

Non, les musulmans d’aujourd’hui ne sont pas les Juifs des années 30. Les Juifs des années 30, en 2019, en France, ce sont toujours les Juifs. Et de loin.

Tout aussi froid et nécessaire est le rappel, pour briser ces éléments de langage islamistes, que 12 Juifs ont été tués parce que Juifs en France depuis Sébastien Sellam en 2003, et que tous ont été assassinés par des individus musulmans.

La dure réalité des chiffres brise la propagande islamiste et décoloniale, reprise en chœur par une classe politique aux abois électoralement, prête à toutes les contritions pour quelques voix communautaires. Alors rappelons-là.

Et les chrétiens dans tout cela ?

Les profanations d’Eglises et de cimetières, devenus presque quotidiennes, portent la lumière sur la persécution des chrétiens en France. (Catholiques, Protestants, Orthodoxes…)

Malheureusement les calculs sur les chrétiens sont nettement plus complexes, car le nombre de pratiquants par rapport aux chrétiens de culture est très variable selon les études, tout comme le nombre d’athées se revendiquant chrétiens par affinité culturelle.

Au sens large, le nombre de chrétiens déclarés comme tel, ou s’y insérant culturellement, peut être estimé à environ 60% de la population (dont une moitié non pratiquante) selon les instituts cités précédemment, soit environ 40,2 millions de personnes.

Cette estimation large a le mérite d’englober la majeure partie de ceux qui se sentent directement ciblés, culturellement ou religieusement, par les faits antichrétiens.

Rapporté aux populations respectives, les actions antichrétiennes (996 actions) sont 12 fois moins fréquentes que les actions antisémites, mais 2 fois plus fréquentes que les actions antimusulmanes. Bien loin des discours à la mode, donc.

En conclusion : des Juifs toujours autant persécutés, des musulmans mieux traités que les autres

En France, en 2019, et rapporté aux populations respectives, les Juifs sont victimes d’actions antisémites (atteintes aux biens et aux personnes), 12 fois plus que les chrétiens ne sont victimes d’actions antichrétiennes, et 24 fois plus que les musulmans ne sont victimes d’actions antimusulmanes.

De même, rapporté à leur population, même prise au sens le plus large possible, les chrétiens souffrent de 2 fois plus d’actions antichrétiennes que les musulmans n’ont à souffrir d’actions antimusulmanes.

Cette conclusion va en sens inverse des discours trop souvent entendus, sur les plateaux ou ailleurs, considérant que l’antisémitisme en France est résiduel, ou que les musulmans subissent un climat de persécution particulièrement marqué. Elle met également en lumière le caractère endémique des actions antichrétiennes en France, trop souvent ignorées.

Malheureusement, la victimisation et le clientélisme politique ont nettement plus d’aficionados que la vérité, de nos jours.

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