Quand Macron assimile la guerre d’Algérie à la Shoah ! <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Quand Macron assimile la guerre d’Algérie à la Shoah !
©Abir SULTAN / POOL / AFP

Une mémoire très sélective…

Il a fait très fort le chef de l’Etat. En effet les élections municipales approchent.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

A Jérusalem, comme tous les autres chefs d’état conviés pour le 75ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, le président de la République a commémoré la Shoah. Avec une petite goujaterie en passant : « Nul n’a le droit de convoquer ses morts pour attiser la haine, le ressentiment et la vengeance ». Un gros clin d’œil en direction de l’Iran menacée par les horribles sionistes. Il convient de dire à la décharge de Macron que sa formule était bien plus élégante que celle de Dieudonné sur le « Shoah business ».

Puis dans l’avion qui le ramenait à Paris, Macron s’est mis à réfléchir, ce qui lui arrive parfois. Il s’est dit qu’il en avait fait beaucoup sur les Juifs et rien sur les Arabes. Sans avoir besoin de calculette, car il sait compter, il s’est souvenu que les Juifs en France n’étaient que quelques centaines de milliers alors que les Arabes sont vingt fois plus nombreux.

Alors il a revêtu la tenue de combat qu’il affectionne – un polo marqué « french tech » avec un gilet estampillé à l’identique – pour s’adresser aux journalistes, embarqués dans l’avion présidentiel. Et de la « french tech » il est passé à la « Macron touch ». Pour ce faire, il a délaissé ses délicats petits escarpins pour chausser ses gros sabots. Des gros sabots qui servent à piétiner l’Histoire et la vérité. Et il a parlé, encore une fois de la guerre d’Algérie. Certes en 2017 il l’avait déjà assimilée à un « crime contre l’humanité ». Mais 2017 c’était il y a longtemps et il fallait absolument rafraichir les mémoires. 

Macron déclara donc : « Je suis très lucide sur les défis que j’ai devant moi d’un point de vue mémoriel et qui sont politiques. La guerre d’Algérie est sans doute le plus dramatique. Je le sais depuis ma campagne. Elle a à peu près le même statut que la Shoah pour Chirac en 1995 ». Aussitôt l’ombre des chambres à gaz s’étendit sur le djebel algérien… On peut compter sur Macron pour relever ces défis. Car comme la pièce est supposée avoir du succès il la rejouera pour la présidentielle 2022.

On ne va pas refaire ici l’histoire de la guerre d’Algérie sur laquelle tout à déjà été dit. Elle fût horrible et sanglante. Egorgements d’un côté, tortures de l’autre. Cette guerre ne fût pas seulement – loin de là- une guerre coloniale. Elle fût aussi une guerre civile et comme toutes les guerres civiles : particulièrement abominable. Des Français tuèrent des Français (la fusillade de la rue d’Isly). Des Français abandonnèrent, sur ordre, d’autres Français aux égorgeurs du FLN en 1962 à Oran. 

Des musulmans tuèrent des musulmans. Des centaines de milliers de harkis avaient servis sous les drapeaux français. Quand vint l’indépendance en 1962, De Gaulle refusa de rapatrier la majorité d’entre eux. Les hommes du FLN les massacrèrent dans des conditions épouvantables. Cet abandon fût un crime pour lequel la France s’honorerait de demander pardon. Chiche monsieur Macron ? 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !