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Vladimir Poutine entend rester au pouvoir ad vitam aeternam mais la population russe l’acceptera-t-elle ?
©Aleksey Nikolskyi / SPUTNIK / AFP

Régime autoritaire

Le président russe a présenté cette semaine des propositions de réformes institutionnelles qui pourraient lui permettre de continuer à les ficelles du pouvoir en Russie même une fois son mandat terminé.

Pierre Berthelot

Pierre Berthelot

Pierre Berthelot est chercheur associé à l' IPSE et directeur de la revue Orients Stratégiques. 

 

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Atlantico : Vladimir Poutine a présenté cette semaine des propositions de réformes institutionnelles qui pourraient lui permettre de continuer à les ficelles du pouvoir en Russie même une fois son mandat terminé. Le président russe a-t-il pour ambition de conserver le pouvoir ?

Pierre Berthelot : En effet, Poutine veut certainement continuer à  tirer les ficelles car à moins de modifier la constitution il ne peut se représenter pour un nouveau mandat de six ans en 2024, or il n'aura " que" 72 ans ce qui n'est pas si vieux alors que l'on sait que que Trump a 73 ans, et qu'il est en pleine forme comme semble l'être Poutine qui n'a pas par ailleurs de successeur désigné.          

Quels sont les moyens qu'il possède pour y parvenir ?

Il dispose d'abord d'une certaine popularité au sein de la population même si elle a pu s'éroder avec le temps, ce qui est normal et justement le projet qu'on lui prête de continuer à conserver une forte influence sinon à tirer les ficelles à la tête d'un conseil des gouverneurs aux pouvoirs renfoccés suite aux récents changements institutionnels mis en place devrait le lui permettre. Il dispose aussi d'un solide réseaux de fidèles qu'il a placé aux postes clés au fil des années au sein de l'appareil militaire, sécuritaire ou parmi les principaux oligarques.     

A quel degré la société civile et économique russe sont-elles prêtes à l’accepter ?

En théorie on peut penser qu'il devrait y avoir une certaine réticence face à un système qui donne des signes d’essoufflement mais on peut aussi penser que Poutine l'a compris et que c'est précisément pourquoi il va mettre en avant un nouveau président et sera davantage en retrait en faisant le pari que la population validera cette stratégie du retrait progressif ou du semi-retrait en attendant meilleure fortune en évitant tout risque de chaos dans un pays qui incarne le paradigme de l'ordre et de l'autorité. S'ils aspirent à peut-être plus de liberté, les Russes ne sont pas naïfs et savent que cela va parfois de pair avec laxisme et d'alignement sur des valeurs occidentales qu'ils ne partagent pas forcément, en tout cas pas intégralement. Cette stratégie poutinienne pourrait ainsi constituer une voie moyenne avec un peu moins d'autoritarisme en façade mais un Vladimir Poutine qui serait le garde-fou contre des " dérives" libérales trop marquées ou audacieuses.       

Y-a-t-il des risques de protestations ? 

Il y a aura probablement des protestations de la part de ceux qui considéreront que c'est une mascarade et que Poutine sera le vrai patron comme il l'était lorsqu'il fut le premier ministre de Medvedev de 2008 à 2012 mais encore une fois rien ne garantit qu'elle seront majoritaires.     

 S’arrêtera-t-il lorsqu'il aura achevé son projet pour la Russie ? 

Personne ne peut dire quand est-ce qu'il considérera son projet achevé. Peut-être jamais. Sauf que s'il considère que le successeur qu'il aura probablement désigné est le digne continuateur de ses idées et qu'il a l'envergure nécessaire ou l'acquiert progressivement, alors il sera peut-être temps de lâcher prise mais peut être pas avant une dizaine années ! L'environnement international jouera probablement un rôle important : s'il est apaisé, notamment avec les Etats-Unis et la Chine, alors il sera plus enclin à lâcher prise plus vite, alors que si ce n'est pas le cas d'ici 2030, il pourrait continuer à jouer un rôle majeur, à moins que son successeur ne s'en sorte pas trop mal.     

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