Traque des calories superflues en cette période des repas des fêtes de fin d’année : tous les aliments font grossir, aucun ne fait maigrir

La principale conclusion de ces études est extrêmement simple. Laissez-moi l’exprimer sans détour et le plus simplement du monde : « Pour maigrir, on se moque de la composition de l’assiette. Ce qui compte c’est sa taille ! ! ! » 

C’est dit ! 

Pour maigrir, il faut manger moins de calories. Moins d’une alimentation équilibrée. Moins d’une alimentation déséquilibrée. Moins de gras et moins de sucres, moins de cinq fruits et légumes. Mais moins ! Moins de fromage, moins de pommes, moins de hamburgers, moins de salade, moins de pizza, moins de fromage blanc… Mais moins, moins de tout ! Moins de bio, moins de plats avec des colorants, moins de végan, moins de plats trafiqués, moins de cacher, moins de halal, moins de locavore, moins de plats éthiques… Il faut manger moins ! ! ! 

Tous les aliments font grossir. Aucun n’empêche de maigrir. Comme Mark Haub, vous pourrez aussi bien maigrir en mangeant des pizzas surgelées industrielles que grossir en mangeant des légumes bio. Les éléphants, les hippopotames, les rhinocéros, les buffles, les girafes… tous les plus gros animaux de la planète sont des méga-herbivores. On peut fabriquer des montagnes de muscles et de graisses en ne mangeant que des végétaux bio. 

Les études statistiques sur l’alimentation sont difficiles à interpréter. Elles mettent en évidence de simples corrélations, jamais des liens de causalité. Il faut pour cela des études d’intervention bien plus difficiles à mettre au point. Une étude statistique qui montre une relation entre la consommation de fromages ou de boissons sucrées et le surpoids ne permet pas de dire si le surpoids revient aux lipides, aux glucides ou aux calories apportés par les aliments. Il est évident qu’on ne grossit qu’en mangeant. Les campagnes qui visent à réduire la consommation d’un nutriment s’accompagnent mécaniquement d’une augmentation de l’autre nutriment. Il devient alors facile de l’accuser d’être responsable de la prise de poids. Dans les années 1970, les campagnes antisucres ont entraîné une augmentation de la consommation de gras sans faire diminuer la prévalence de l’obésité. Il devenait facile ensuite de leur en faire porter la responsabilité. Depuis les années 1980, les campagnes antigras ont fait augmenter la consommation de sucres sans ralentir la croissance de l’obésité. Quand la consommation de gras a diminué de 3 %, celle des sucres a augmenté de  3 %. Il devenait facile d’en faire les nouveaux boucs émissaires. 

Quand on conseille aux gens de consommer des lipides, ils grossissent en mangeant du fromage. Quand on leur conseille de consommer des glucides, ils grossissent en mangeant des pâtes. Ils grossiront avec ce qu’ils mangeront en trop. Trop de pâtes ou trop de fromage. 

Dans toutes les sociétés préindustrielles, la base de l’alimentation était constituée de glucides. Avec l’enrichissement, les populations ont eu accès à des aliments plus riches en gras. Ils ont grossi en consommant des graisses. Puis, pour lutter contre l’obésité, les campagnes antigras ont fait diminuer la consommation des aliments gras et mécaniquement augmenter celle des aliments sucrés. Ils ont donc continué à grossir en consommant des aliments sucrés.

Chaque fois qu’on incrimine l’un des nutriments, la consommation de l’autre augmente. 

Aujourd’hui la consommation des boissons sucrées augmente, il est évident que cela comporte un risque de surpoids. Mais pourquoi ? À cause des glucides qu’ils apportent ou de leurs calories ? Je sais bien que cette vérité diététiquement très incorrecte dérange beaucoup, mais elle revient dans toutes les études sur les glucides ; on n’a jamais pu mettre en évidence une relation de cause à effet entre la consommation de glucides et le poids. Les personnes obèses sont souvent celles qui en consomment le moins. 

Je participe à des dizaines de congrès. J’étudie avec attention des centaines d’articles sur le surpoids et l’obésité. Voilà au moins dix ans que je ne vois plus passer aucun article incriminant un nutriment particulier dans la responsabilité du surpoids. À ce jour, tous les nutritionnistes communiquant dans des congrès ou publiant dans des revues scientifiques admettent que le surpoids est la conséquence d’apports caloriques excessifs indépendamment de leur provenance. 

Bien sûr que ceux qui mangent beaucoup de fromage grossissent en consommant des lipides. Bien sûr que ceux qui boivent beaucoup de boissons sucrées grossissent en consommant des sucres rapides. Bien sûr que ceux qui mangent beaucoup de pain grossissent en consommant des glucides, etc. Avec quoi voulez-vous qu’ils grossissent ? Il faut bien qu’ils mangent quelque chose pour fabriquer leur surpoids et leur obésité. Alors je vous le redis, tous les aliments font grossir et aucun n’empêche de maigrir ! Pour maigrir, il suffit de manger moins. Moins de n’importe quoi mais moins !

Extrait du livre du Dr Jean-Philippe Zermati, "Osez manger, libérez-vous du contrôle", publié aux éditions Odile Jacob

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