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Emmanuel Macron
Emmanuel Macron
©Reuters

Un sujet épineux

Emmanuel Macron s'est rendu en Côte d'Ivoire et a rencontré le président ivoirien, Alassane Ouatarra. Le chef de l'Etat Français a d'ailleurs fait un discours sur les jeunes mais aussi le colonialisme. Une façon d'enterrer la hache de guerre entre la France et l'Afrique ? Est-il bon de parler sans cesse de ce fait historique ?

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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On ne change pas une formule qui ne veut rien dire…

Emmanuel Macron, dénoncer le colonialisme ça ne mange pas de pain ! Mais croyez-vous que ça peut rapporter quelque chose ?

La rhétorique présidentielle est bien rodée. Un peu répétitive quand même.

Les pays africains qui furent jadis sous notre coupe sont indépendants depuis 1958. Soixante ans donc sont passés. Une période suffisante, semble-t-il, pour se débarrasser du fardeau colonial que nous leur avons fait porter. 

Eux ont peut-être oublié cette triste période. Mais pas Macron. De passage en Côte d'Ivoire, il s'est senti obligé (et il l'a déjà fait maintes fois depuis 2017) de dénoncer le colonialisme "qui fut une erreur historique, une faute de la France". C'est plutôt banal et aussi monotone que les moulins à prière qui tournent inlassablement au Tibet. Le président de la République a précisé que son acte de contrition s'adressait spécifiquement aux jeunes et que lui-même – il a 42 ans – était d'une génération qui n'avait pas connu le colonialisme. 

On ne sait pas ce que les jeunes Ivoiriens en ont pensé. Mais on imagine que dans nos banlieues colonisées, ces propos ont été accueillis avec liesse : "wesh, il est sympa le Manu !". On est content pour le 93.

Macron aurait pu dire aussi que la France verse, pour la période 2017-2020, plus de deux milliards d'euros à la Côte d'Ivoire. Ainsi le gouvernement de ce pays parvient à payer (mal) ses fonctionnaires, ses soldats et ses enseignants. Ce qui fait de la Côte d'Ivoire un pays assisté. Pas sûr que d'être subventionnés permette aux Ivoiriens d'aller de l'avant…

Macron ne connait rien à la Côte d'ivoire que je connais beaucoup mieux que lui. Ce qui n'est pas difficile. Un jour, je me trouvais à Abidjan. Je me suis rendu pour déjeuner dans un restaurant du bord de mer. Pas loin de moi, il y avait une grande tablée avec plusieurs dizaines de Chinois. Ils mangeaient un repas spécifiquement préparé pour eux : bols de riz et baguettes. Trouvant ce spectacle étrange, je me suis adressé à celui qui paraissait être le chef. 

Il m'a expliqué qu'ils étaient tous là pour bâtir un ensemble résidentiel destiné aux riches de ce pays. Architectes, ingénieurs, ouvriers, tous étaient chinois. Je lui demandais pourquoi il n'employait pas d'ouvriers ivoiriens. Il m'a répondu qu'il voulait être sûr que le travail serait bien fait et a assorti sa phrase de quelques propos passablement racistes. "Nous, les Chinois, on sait travailler."

Il y a quelques années, Nicolas Sarkozy se fit lyncher pour avoir dit que "l'homme africain n'était pas assez entré dans l'Histoire". C'est l'homme chinois qui est entré à sa place et, contrairement à Macron, il ne perd pas de temps à dénoncer le colonialisme.

PS : Macron vient d'annoncer qu'il renonçait à sa future retraite de président (6600 euros par mois). C'est à peu près aussi démagogique que de piétiner sans cesse un casque colonial…

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