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Benalla, Goulard et Delevoye, les trois mousquetaires de la Macronie
©DOMINIQUE FAGET / AFP

Tous pour un

S'ils sont différents en termes de formation et de parcours politique, ils ont bénéficié du soutien sans faille du président et de la République en marche.

Rémy Prud'homme

Rémy Prud'homme

Rémy Prud'homme est professeur émérite à l'Université de Paris XII, il a fait ses études à HEC, à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de l'Université de Paris, à l'Université Harvard, ainsi qu'à l'Institut d'Etudes Politique de Paris. 

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Alexandre Benalla, Sylvie Goulard et Jean-Paul Delevoye sont très différents en termes de formation (droit, ENA, rien), d’origine politique (Parti socialiste, MODEM, RPR), ou encore d’âge (soyons courtois). Mais ils sont devenus tous les trois d’excellents représentants du parti macronien. Au moins trois caractéristiques fortes les rassemblent.

La première est d’être des chouchous (certains, pas nous, diront : des toutous) du président. Ils ont participé à sa Courte Marche, et sont prêts à tous les combats pour lui. Il le leur rend bien. Au mépris des institutions et des pratiques administratives, il a confié sa sécurité au premier, sa politique européenne à la deuxième, le choix de ses députés puis sa principale réforme au troisième. Nos trois mousquetaires ne sont pas (ou n’étaient pas) des ornements décoratifs, mais bien des arc-boutants du système macronien.

Ils étaient tous les trois vénaux. Leurs appointements, pourtant confortables, ne leur suffisaient pas. Leur grande proximité avec Jupiter valait de l’or. Il y a eu des acheteurs. Et nos mousquetaires (à la différence des héros de Dumas) étaient vendeurs. Il y a un mot pour décrire cela : la simonie. M. Benalla a accepté 400 000 euros des mains d’un oligarque poutinien, Mme Goulard 10 000 euros par mois d’un milliardaire américain, et M. Delevoye 5000 euros par mois de ceux qui se cachent derrière le paravent d’un « think tank » français inconnu. Dans les trois cas, il s’agit d’emplois fictifs. Qui peut croire que M. Makhmudov ne dispose pas déjà pour sa protection d’une demi-douzaine de gorilles russes (des hommes qui ont dans leur carrière fait plus et mieux que tabasser un couple d’amoureux Place de la Contrescarpe) ? Ou que M. Berggruen, playboy philanthrope, paye Mme Goulard pour mieux comprendre « l’approche chinoise du développement » ? Ce que ces ploutocrates ont acheté, c’est la clé des portes de l’Olympe.

Enfin, nos mousquetaires ont joui du soutien total, sans faille, du Président et de l’ensemble des élus et des cadres de son parti. Même lorsqu’ils ont été surpris les doigts - ou pour mieux dire : les bras - dans le pot de confiture. Tous les ministres, tous les Parlementaire de la LREM ont défendu bec et ongles, jusqu’au bout, le trafic d’influence de leurs collègues, avec l’aide des médias amis, et les encouragements de leurs électeurs. Pour au moins au moins deux de nos trois mousquetaires, l’argent venait de l’étranger : circonstance aggravante aux yeux des patriotes vieux jeu, circonstance atténuante aux yeux des héros du nouveau monde. Dans le cas de Sylvie Goulard, il a fallu pour faire reculer l’indécence un vote du Parlement européen. Ce soutien total de tous les membres du groupe (on a failli écrire: du clan) est la caractéristique principale de cette histoire. On ne peut guère empêcher que dans un troupeau apparaissent quelques brebis galeuses. Ce qui est remarquable, c’est qu’elles soient promues, chéries, protégées par l’ensemble des moutons, et par leur berger.

Lorsque le peuple a su, il a protesté, et si fort qu’on a du se résoudre à écarter, au moins en apparence et provisoirement, nos simoniaques. A regret, à reculons. En les couvrant de félicitations et de remerciements. En niant, en minimisant et en camouflant leurs fautes. L’une des astuces employées à cet effet consiste à les diluer dans une mare de peccadilles : dans les quatre passeports de M. Benalla, dans l’utilisation des assistants parlementaires de Mme Goulard, ou dans l’omission de dix fonctions honorifiques de la déclaration de M. Delevoye. Rien de bien grave dans tout cela, et avec de bons avocats rien d’illégal sans doute. En attendant, le débat sur ces bricoles juridiques fera oublier que ces trois mousquetaires de la Macronie ont pendant des années empoché chaque mois, en plus de leurs émoluments officiels, la retraite mensuelle de trente smicards. En toute bonne conscience ; et avec l’approbation satisfaite du parti au pouvoir.

Celui-ci persiste et signe. M. Pietraszewski, le député LREM choisi pour succéder à M. Delevoye, a fait en août et septembre dernier pour Auchan un petit travail payé 70 000 euros. C’est par mois beaucoup plus que son prédécesseur, et même que Mme Goulard. Ce record valait bien un poste de ministre. Son parti incarne la France d’en-haut. Jamais le fossé qui la sépare de la France d’en-bas n’a été aussi profond. 

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