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Alerte au déficit : ce que personne n’ose vraiment rappeler sur les hypothèses de travail du Conseil d’orientation des retraites
©Thomas SAMSON / AFP

Rapport

Le Conseil d'orientation des retraites (COR), présidé par Pierre-Louis Bras, va présenter son rapport au gouvernement ce jeudi. Le déficit du système des retraites sera compris en 7,9 milliards et 17,2 milliards d'euros en 2025, selon les hypothèses de croissance retenues.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico.fr : Le Conseil d'Orientation des Retraites (COR) remettra au gouvernement un rapport ce jeudi, rapport dont la plupart des orientations principales ont d'ores et déjà été publiées dans les médias. 

Selon le rapport, le déficit du système des retraites sera compris en 7,9 milliards et 17,2 milliards d'euros en 2025, selon les hypothèses de croissance et de comptabilité démographique retenues. Le rapport reprend pour beaucoup celui qui avait été publié en juin. Quelles sont les hypothèses qui ont été retenues en juin et qui devraient être encore à la base de ce rapport ?

Philippe Crevel : Ce sont les hypothèses démographiques qui n'ont pas changé entre juin et maintenant : l'évolution du taux de fécondité, du taux de mortalité, l'espérance de vie, sont identiques en juin et maintenant, évidemment. Au niveau économique, déjà au mois de juin avait été pris en compte le ralentissement de l'économie française et de l'économie mondiale, donc là-dessus, pas de grands changements en ce qui concerne le contexte économique. 

Ces hypothèses sont-elles trop optimistes ?

Dans le passé, le COR n'était pas connu pour être très pessimiste, c'est un organisme plutôt de tempérament positif et optimiste. Depuis quelques années, il faut reconnaître qu'il a étendu ses scénarios. Il retient, sur la croissance économique en particulier, plusieurs options qui vont d'une croissance très faible à une croissance difficile à atteindre; donc évidemment il faut regarder les différents scénarios et pas forcément uniquement le scénario qui est souvent présenté pour avoir les possibles et futures possibles du déficit en matière d'assurance vieillesse. On peut considérer que le COR aujourd'hui croit quand même à la diminution du taux de chômage. Il avait intégré plusieurs niveaux de chômage possibles : ça va du plein emploi à un taux de chômage de 10%, ce qui est globalement réaliste. 

Quelle évaluation du déficit du système vous semble plus vraisemblable ?

J'espère à titre personnel que le scénario optimiste soit au rendez-vous, il faut évidemment l'espérer. Après c'est vrai que ces dernières années, la croissance s'est révélée plus faible, le taux de chômage diminue très lentement, donc on peut craindre évidemment que ce ne soit pas le déficit le plus faible qui se réalise, et il faudra le regretter, mais c'est vrai qu'en matière de financement de retraite, il faut se préparer à tous les cas de figure, même à ceux qui ne sont pas favorables. 

La réforme actuelle peut-elle résoudre une partie de ce déficit ? On parle notamment d'un retour de l'âge pivot...

Il faut que la réforme soit faite, et ce n'est pas encore gagné. Il y a deux réformes en une : la réforme de l'équilibre, pour mettre à l'équilibre le régime des retraites, et la réforme systémique, de l'ordre du changement du mode de calcul des retraites. Quoi qu'il arrive, quel que soit le système, on aura un système de financement des retraites déficitaire dans les 30 prochaines années parce qu'il y a l'augmentation du vieillissement de la population, l'augmentation du nombre de retraités. Il y aura 25 millions de retraités en 2060 quand aujourd'hui il en a 16 millions. Par définition, il va falloir trouver des solutions pour à la fois assurer le niveau de vie des retraités, à la fois ne pas tuer l'économie française, et d'éviter de tout faire reposer sur l'endettement, c'est-à-dire sur les générations futures. Tous les Gouvernements sont donc confrontés aujourd'hui à une équation difficile, et ce n'est pas la réforme systémique qui résoudra tout. Il faudra avoir le courage de poser la question de l'âge du départ à la retraite, que ce soit l'âge pivot ou l'âge légal. La France est aujourd'hui une exception en la matière avec la base de 62 ans qui ne correspond plus du tout à ce qu'on peut aujourd'hui maintenir pour assurer un équilibre des régimes de retraites. La moyenne des autres pays est au-delà de 65 ans.

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