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"Peut-on encore dire que le mariage concerne deux personnes de sexe opposé sans être taxé d’homophobie ?"
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Le Contre

C’est une page qui se tourne : le président américain s'est affiché ouvertement en faveur du mariage gay. Il l’a annoncé mercredi, expliquant que ses vues sur la question avaient évolué. Une révolution, dans un pays encore attaché aux valeurs chrétiennes. Mais cette position va-t-elle vraiment à l'encontre de ces dernières ?

Amaury Cariot

Amaury Cariot

Amaury Cariot a été ordonné prêtre en 1999.

Il est curé dans l’agglomération de Cergy (95) et responsable de la communication du diocèse de Pontoise.

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Il est toujours surprenant de voir l’aplomb avec lequel on attribue à Jésus des dialectiques contemporaines, en instrumentalisant sa Parole, et en l’opposant la plupart du temps avec l’Eglise qu’il a lui-même fondée. Ainsi, le mariage serait une invention de l’Eglise, les sacrements aussi, et peu à peu toute l’édification de la pensée chrétienne, forte de 2000 ans de tradition, s’écroulerait comme un château de carte contre lequel le vent du « progrès » souffle inexorablement. Il faudrait 3 pages pour répondre aux affirmations énoncées (ici) par  M. Barreau.

Je me contenterai de souligner 4 points :

  • Si l’Eglise se permet une parole sur les questions de société, qui touchent à l’organisation du bien commun, c’est bien au nom de l’Evangile, et pas au nom d’un fantasme de toute puissance. L’Evangile est chemin de liberté, et l’Eglise reste libre de dire ce qu’elle pense, encore plus lorsqu’on essaie de la museler et de la faire taire.
  • L’évolution des lois est bien là pour accompagner les progrès d’une société. La description faite par M. Barreau de la société romaine comme une société pédophile (ce qui est pour le moins à nuancer ! et on peut s’étonner voire s’indigner du lien fait entre pédophilie et homosexualité…) montre bien qu’une société peut tomber dans une décadence grave comme la pédophilie, et le fait que ce soit admis par tous ne rend pas cette décadence bonne pour autant. On connait la fin de l’Empire romain, et on ne peut que se réjouir que les sociétés qui l’ont suivie aient aboli ces pratiques barbares.

Le progrès est-il dans les sondages d’opinion ou le lobbying actif de certaines associations très présentes et qui savent se faire entendre ? Ou le progrès est-il dans l’accompagnement d’un bien vivre ensemble, la loi n’étant pas là pour régir la vie privée de chacun mais pour donner un cadre et orienter la vie commune. Balayer d’un revers de manche ce qui reste le socle de la vie familiale et sociétale (le mariage entre un homme et une femme, et le foyer fondé par eux) parait pour le moins expéditif.

  • Dire que nous ne sommes pas favorables au mariage entre deux personnes du même sexe n’est pas un jugement contre les personnes, infiniment respectables. Mais peut-on encore dire que le mariage comme institution, pas seulement religieuse mais aussi laïque, concerne deux personnes de sexe opposé sans être taxé d’homophobe ? Sans être traduit en procès de réaction et d’obscurantisme ? Affirmer benoitement que Jésus ne s’est jamais mêlé de ces choses-là est simplement un mensonge. (Mc 10, reprenant la Genèse) et la Bible fourmille de références à ce sujet. Affirmer que le sacrement de mariage est une invention de l’Eglise est une thèse connue, mais pas catholique. C’est même le sacrement, avec l’eucharistie et le Pardon qui s’appuie le plus sur les paroles-mêmes de Jésus !

Alors oui, nous pouvons dire encore aujourd’hui que le mariage a pour but non seulement l’épanouissement d’un Amour, mais aussi le don de la vie, qui est d’ordre naturel, biologique, il n’y a pas de scandale à l’affirmer, mais un constat fondateur pour nos sociétés. Nous pouvons aussi dire que l’enfant ne peut être instrumentalisé, qu’il a droit à avoir un père et une mère. Nous pouvons aussi nous étonner de la rapidité annoncée de cette loi, empêchant tout débat démocratique sérieux. La vie privée des personnes est une question sacrée, et la conscience de chacun est absolument respectable. Mais le rôle des lois est-il d’exprimer par décrets toutes les situations personnelles en les établissant comme normatives ? C’est une question posée au législateur. C’est aussi pour redire leur attachement àla Vie que le 22 mai les chrétiens sont invités par le Cardinal Vingt-Trois à Notre-Dame de Paris à 20h30, non pour manifester mais juste pour prier et remercier Dieu pour ce don dela Vie.

A lire sur le même sujet : "Jésus n'aurait rien contre le mariage gay. Pour lui, le seul péché est le mépris de l'autre"

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