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Terrorisme
Massacre à la Préfecture de police : quand le déni de réalité alimente l’islamisation des esprits
©BERTRAND GUAY / AFP

Effet diffus

Si les Français veulent se protéger du terrorisme islamiste, la tuerie de la Préfecture de police de Paris devrait déboucher sur une transformation complète des mentalités. La question posée par l’islamisme n’est pas seulement politique, elle est d’abord et avant tout culturelle.

Nathalie Krikorian-Duronsoy

Nathalie Krikorian-Duronsoy

Nathalie Krikorian-Duronsoy est philosophe, analyste du discours politique et des idéologies.
 
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Il faut en finir avec le déni de réalité qui consiste à refuser de considérer, dans l’origine des actes terroristes, ce que j’appelle, l’islamisation des esprits.

Tant que l’Etat et les politiques refuseront de s’attaquer au processus de la radicalisation, enclenché par l’islamisation des esprits, notre société continuera à fabriquer des terroristes.

L’islamisme est une idéologie totalitaire parce qu’elle confond le politique et le théologique et peut, de ce fait, conduire au massacre de ceux qui n’y adhèrent pas. L’islamisation est le phénomène qui rend possible l’adhésion à cette idéologie .Elle se manifeste par une radicalisation de la pratique religieuse.

Deux solutions s’offrent à la France, et à tous ceux qui partagent les valeurs de l’Occident, pour en finir avec le terrorisme : adhérer en masse à l’islamisme, selon le scénario de la soumission décrit par le romancier Michel Houellebecq, ou le combattre.

Encore faut-il que nous souhaitions conserver nos moeurs dans un ensemble commun, appelé la France ou l’Europe, et dans une vie commune qui ne se résignerait pas à devenir un univers multiculturel. Tel quue le désigne « le vivre-ensemble », qui sous entend, chacun selon les règles de sa communauté.

Pour combattre efficacement l’islamisme, il faudra s’attaquer aux deux facteurs principaux de sa diffusion dans les esprits.

1) Il s’agira dans un premier temps d’en finihj avec l’idéologie dominante, qui interdit, à gauche comme à droite, d’établir un lien entre la religion islamique et l’islamisme.

Analyser le lien objectif entre islam et islamisme ne veut pas signifier que tous les individus de culture ou de religion musulmane adhèrent à, ou verseront un jour dans, l’idéologie islamiste. Dire que l’islamisme provient d’une radicalisation de la religion musulmane, à laquelle adhèrent de plus en plus de musulmans, et qu'il constitue, dés lors, un danger pour la religion musulmane elle-même, et les pays musulmans (on l’a vu avec Daech en Syrie et en Libye), c’est parler d’une réalité, c’est dire la vérité. C’est le contraire du déni, qui est déraisonnable.

C’est le déni qui est cause du fait que l’on compte deux jours entre le massacre de la Préfecture de Police de Paris, qui débute à 12h53, le jeudi 3 octobre (et dure sept minutes) jusqu'au vendredi soir, pour qu’enfin, le parquet anti-terroriste prenne en charge l’enquête et re-qualifie le drame en attentat terroriste.

Mickaël Harpon, 45 ans, agent de la Préfecture de police depuis 2003, a attaqué 6 personnes, en a tué 4 à lui tout seul, avant d’être abattu. Il avait accès à des informations ultrasensibles, dont celles de la lutte contre l'islam radical. Il était habilité au secret-défense du pays, et pourtant il avait été repéré comme converti à un islam radical en 2015.

Une telle défaillance, au sein même de notre système de sécurité et de protection anti-terroriste, révèle un dysfonctionnement, non seulement de nature politique, mais plus profondément, d’origine culturelle.

D’ailleurs le déroulé de l’attaque aurait dû dès les premières minutes alerter et orienter la prudence en direction de la suspicion, par les autorités, d’un attentat islamiste : le mode opératoire, avec le choix de l’arme, un couteau en céramique de 33cm, la connaissance de la conversion à l’islam et, détail macabre, l’égorgement d’au moins une des victimes. Enfin, le signalement de la radicalisation de Mickaël Harpon, repérée à l’époque des attentats de Charlie Hebdo, qu’il avait ouvertement soutenus.

Au contraire, durant 48heures, la prudence, la précaution, ont été orientés dans un sens inverse à la réalité. On a pu entendre ad nauseam des phrases du type : « la conversion n’implique pas la radicalisation » ce qui n’est pas faux en soit, mais qui, ajouté à la concordance des faits, dans le mode opératoire de la tuerie, aurait dû interroger dans l’autre sens, et obliger la majorité des commentateurs à ne pas tomber dans le courage fuyons.

L’idéologie dominante, issue de la propagande anti-raciste des années 80, transformée aujourd’hui en crainte d’être taxé d’ « islamophobe », ou de passer pour un « raciste anti-musulman », a fait de la dénonciation de la radicalisation un tabou. Et si la radicalisation n’est pas un délit, sommes-nous contraints de nous soumettre à sa loi ?

Les plus hauts personnages de l’Etat, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, et la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, ont eux-mêmes donné l’exemple, en minimisant sciemment la réalité.

Le ministre affirmait, dès les premières heures de l'attentat, que l’auteur du massacre n’avait « jamais présenté de difficulté comportementale » ni « le moindre signe d'alerte ». La porte parole de son côté renchérissait: « Ce n'est pas parce qu'on est musulman qu'on est terroriste (…) Nous n’avons pas d’indication sur une radicalisation éventuelle de l’auteur de ces assassinats ».

La majorité des politiques sont pris dans un déni idéologique de la réalité, qui n’oppose aucun frein à la progression de l’islamisation des esprits. Ceux qui se sont succédés au pouvoir depuis le 11 septembre 2001 n’y font pas exception.

2) Il est par conséquent urgent de déconstruire les raisons culturelles de ce déni.

Marcel Gauchet, l’a montré dans La démocratie contre elle-même (Gallimard, 2002) : « Une démocratie qui n’entend plus la disposition globale de soi (…) qui n’est plus qu’attentive à la coexistence de ses parties (…) est une démocratie qui ne comprend plus non plus les bases sur lesquelles elle repose (…) Elle devient aveugle à ses conditions pratiques d’existence et susceptible, dès lors, de se retourner contre elle-même ». La démocratie fabrique sa propre destruction.

Nous en sommes arrivés là. Voilà l’explication à la crise de nos valeurs existentielles que sont la liberté et l’égalité.

C’est en effet au nom de la liberté que l’islamisme condamne nos moeurs démocratiques comme l’égalité entre hommes et femmes. Nous sommes passés du respect de la différence culturelle à l’auto-destruction de notre propre culture.

Aujourd’hui, des moeurs contraires à nos valeurs de liberté de conscience, de pensée et d’expression, sont admises et respectées au nom de la liberté individuelle.

5 janvier 2019 : « Vous êtes encore là ? » interrogeait en une le magazine Charlie Hebdo, quatre ans après la monstrueuse tuerie que le terroriste de la Préfecture de police approuvait déjà, à l’époque.

Lors d’un entretien accordé à atlantico.fr, le 6 janvier dernier, je m’étonnais « que la banalisation de la multiplication des foulards islamiques (…) ne soulève pas plus d’interrogations sur la montée de l’intégrisme islamique ».

Aujourd’hui je me pose cette question : comment notre démocratie en est-elle venue à accepter que, selon un rapport parlementaire sur la radicalisation au sein des services publiques, sur 150.000 policiers, une trentaine soient effectivement suivis pour radicalisation et par conséquent susceptibles de massacrer un jour leurs collègues?

L’attentat de jeudi, au sein même de la Préfecture de Police, apporte une preuve accablante de notre désarmement intellectuel et moral. Si nous voulons trouver les moyens de lutter contre la monstruosité de l’islamisme, et l’une de ses conséquences les plus horribles, le terrorisme, il y a un préalable obligatoire : comprendre et accepter la réalité de l’islamisation des esprits. Il y va de la survie de nos valeurs, qui sont la condition sine qua non de notre mode de vie, démocratique, libéral et si possible républicain.

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