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Après la chute du Mur de Berlin, le marxisme et le totalitarisme n’ont pas disparu. Trente ans après les voilà revigorés
©Reuters

Disraeli Scanner

Lettre de Londres mise en forme par Edouard Husson. Nous recevons régulièrement des textes rédigés par un certain Benjamin Disraeli, homonyme du grand homme politique britannique du XIXe siècle.

Disraeli Scanner

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Benjamin Disraeli (1804-1881), fondateur du parti conservateur britannique moderne, a été Premier Ministre de Sa Majesté en 1868 puis entre 1874 et 1880.  Aussi avons-nous été quelque peu surpris de recevoir, depuis quelques semaines, des "lettres de Londres" signées par un homonyme du grand homme d'Etat.  L'intérêt des informations et des analyses a néanmoins convaincus  l'historien Edouard Husson de publier les textes reçus au moment où se dessine, en France et dans le monde, un nouveau clivage politique, entre "conservateurs" et "libéraux". Peut être suivi aussi sur @Disraeli1874

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Londres, 
Le 23 septembre 2019
Mon cher ami, 
Nous approchons du trentième anniversaire de la chute du Mur de Berlin. Et je ne peux m’empêcher de penser le bilan est sombre pour l’Europe et pour l’Occident. Entendons-nous bien, rien ne remplacera jamais la libération des peuples européens opprimés. J’étais l’autre jour à Cracovie et moi le mécréant anglican je me suis réjoui d’entrer dans ces églises polonaises toujours aussi pleines de fidèles, y compris lors des messes de semaine. Mais précisément, lorsque vous êtes assis au coeur de la Vieille Ville de Cracovie - cette merveille sous-estimée - vous prenez conscience, par contraste, de tout ce qui ne va pas dans une partie de l’Europe et du monde parce que nous ne nous sommes pas montrés dignes de la libération des peuples « à l’Est ». 
Regardons défiler toute une série d’événements: les référendums bafoués sur l’Union Européenne, les guerres en Irak ou, plus récemment, la démission de Benoît XVI ou les manifestations de Hong Kong. Je vois se dessiner une cohérence. Nous n’avons pas voulu, au fond, faire l’inventaire du totalitarisme qui s’écroulait dans une partie du monde. 
- le totalitarisme a prospéré grâce aux deux guerres mondiales dans notre monde. Or ce que les Etats-Unis se sont empressé de faire, dès 1990, c’est précisément cela, la guerre ! En Irak, en particulier. Lorsque je vois aujourd’hui l’infâme Tony Blair se battre pour empêcher le Brexit, je ne peux m’empêcher de douter encore plus de l’Union Européenne: si un falsificateur invétéré de preuves, prêt à déclencher la foudre des missiles occidentaux sur des millions d’innocents, défend l’Europe de Bruxelles avec une telle véhémence, c’est une raison de plus pour la quitter. Plus profondément, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, en Irak ou en Libye, ont eu recours à la pire tradition machiavélienne de reniement de la parole donnée et de mensonge politique pour créer le chaos. Rien qui les différentiât en cela des totalitarismes qui ont mené à la Seconde Guerre mondiale. 
- Et la démocratie, me direz-vous? Ce à quoi nous avons assisté depuis 1989, c’est à une constante et continue désincarnation de la démocratie. Souvenons-nous du ridicule bicentenaire de la Révolution française où les uns et les autres n’avaient que les droits de l’individu à la bouche. Comme si votre révolution - horresco referens - ce n’était pas la destruction d’institutions anciennes et protectrices des libertés, la volonté de créer une entité politique d’un type nouveau, potentiellement universelle mais venue se briser sur la réalité des peuples avoisinants. Depuis 1989, nous assistons à la négation de la souveraineté, au mépris des frontières, à l’exaltation d’un individualisme nomade, celui des riches et de leurs flux financiers ou celui des pauvres, les migrants. Il ne faut pas s’étonner que la démocratie soit de plus en plus vidée de sa substance, simple instrument de tyrannie entre les mains des plus riches, qui se vivent dans une démocratie mondiale et méprisent les populismes, ce cri des plus pauvres dépossédés de leur participation aux grandes décisions de leurs pays. 
- Dans ce mouvement, le libéralisme politique se vidant de sa substance, le libéralisme économique a pu s’émanciper et prendre des dimensions qui n’ont plus rien à voir avec le respect de l’économie de marché. L’économie de marché aussi est une conquête de l’Occident qui doit s’incarner. Le meilleur contrepoids au capitalisme sauvage, c’est la nation, le parlementarisme, la libre association locale. Or non seulement le capitalisme s’est émancipé de l’Etat-nation depuis 1989, il s’est financiarisé sous l’effet de la dollarisation de l’économie mondiale mais il a passé alliance avec le régime chinois pour, pensait-il, prendre son expansion de capitalisme mondialisé. Alors que les événements de la place Tian An Men et des quatre-cents villes chinoises où il y a eu des révoltes étaient parfaitement en phase avec la libération de l’Europe de l’Est, nous avons laissé le pouvoir chinois réprimer dans le sang l’aspiration chinoise à la démocratie. Nous avons décrété qu’il y avait une voie propre de la Chine vers....l’économie de marché et le capitalisme. Trente ans plus tard, le régime chinois est redevenu un terrible totalitarisme, capable, grâce aux big data, de surveiller tous ses concitoyens. Et la belle révolte de Hong Kong est comme le cri désespéré d’une culture chinoise non moins apte que la nôtre à la démocratie. Je suis frappé par la ressemblance entre la répression, chez vous, du mouvement des Gilets Jaunes, et la répression policière à Hong Kong: 
- L’actualité de l’Eglise nous montre qu’en Amérique Latine non plus, les choses n’ont pas tourné comme elles l’auraient dû. La théologie de la libération avait eu les ailes coupées par la chute du Mur. Mais les théologiens marxistes se sont recyclés dans l’environnementalisme, le mythe des cultures indiennes intactes. Je ne sais pas si vous avez lu les documents préparatoires du synode sur l’Amazonie. Je n’ai jamais vu une telle somme de stupidité dans une institution que par ailleurs, sous l’influence du Cardinal Newman et de Jean-Paul II, j’avais appris à respecter. Le pape François se comporte comme un véritable dictateur, voulant imposer sa vision des choses à l’ensemble de l’Eglise. Et comme un disciple inconscient des communistes de la grande époque, il accuse de « volonté de schisme »  ceux qui lui résistent. 
Mon cher ami, nous pourrions multiplier, malheureusement, les exemples: pensez à la manière dont l’Allemande de l’Est Merkel a pensé pouvoir soumettre son pays à une véritable expérience d’ingénierie sociale en faisant entrer des centaines de milliers de « migrants » sans aucun contrôle. Pensons à la manière sont progresse le « meilleur des mondes » avec les manipulations du vivant, la procréation médicalement assistée, les tentatives de clonage. Il y a tout un eugénisme qui se met en place, à côté duquel les médecins racistes d’Adolf Hitler apparaîtront comme des enfants de choeur. Pensons aussi à la manière dont le grand rêve de fraternité sud-africaine est en train de tourner au cauchemar pour les Blancs tant il est vrai que le progressisme et son anti-racisme, encouragés par les élites mondialisées porteuses de la démocratie désincarnée, sont facteurs de dissolution des communautés humaines et de haines artificiellement entretenues. 
Je pars pour la Chine, pour ma visite annuelle à des communautés chrétiennes. Je vous en donnerai des nouvelles à mon retour. Cette année, j’ai le sentiment, les événements de Hong Kong mais aussi le désastreux accord signé par le pape François  avec la République populaire vont peser lourd dans la réalité que je vais découvrir. 
Bien fidèlement à vous 
Benjamin Disraëli

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