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Vers de nouveaux médicaments capables d’atténuer les douleurs liées au vieillissement
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

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Des scientifiques ont déclaré qu'ils pourraient peut-être inverser la fragilité de la vieillesse après avoir utilisé des médicaments pour éliminer les cellules toxiques de l'organisme pour la première fois.

Christophe de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Atlantico.fr : Lors d'un essai clinique aux Etats-Unis, neuf patients âgés et souffrants de maladies rénales se sont vus distribuer des médicaments contre le vieillissement. Or après trois jours, leur pourcentage de cellules sénescentes avait chuté de 30%. En quoi ceci est une bonne nouvelle et constitue une certaine révolution ?

Christophe de Jaeger : Cette étude est particulièrement intéressante, car elle met en perspective deux phénomènes qui sont toujours séparés : la maladie et notre vieillissement. Les médecins ne s’intéressent généralement qu’à la maladie, partant du principe que l’on ne puisse pas intervenir sur le processus du vieillissement ou sénescence. Le processus du vieillissement intéressant surtout des médecins physiologistes. Or, et c’est une évidence, les deux processus sont liés (maladie et sénescence). Quand on améliore nos systèmes physiologiques, on améliore les défenses de l’organisme contre la maladie.

C’est ce principe qui pour moi, médecin très impliqué dans la physiologie de la sénescence, a été étudié et démontré dans cette étude. Les auteurs ont ciblé les cellules sénescentes de l’organisme. Ces cellules en fin de vie, non fonctionnelles, ne disparaissent pas. Elles restent quiescentes et sont à l’origine d’une inflammation chronique et silencieuse, qui va contribuer à la sénescence de notre organisme. L’idée est donc de détruire réellement ces cellules pour faire disparaître totalement cette inflammation délétère. Les auteurs ont utilisé pour cela un complexe de deux molécules synergiques. D’une part, la Quercétine qui est un flavonoïde puissant et d’autre part, un anticancéreux utilisé dans le traitement des cancers hématologiques (leucémies) avec des résultats surprenants d’efficacité sur les patients sélectionnés.

Je pense que nous allons voir dans les années à venir de plus en plus d’études montrant qu’agir sur le vieillissement est possible et que cette action n’est pas qu’utile pour rester en bonne santé, mais également pour améliorer le pronostic des maladies chroniques et ceci pas simplement chez des patients âgés. C’est en effet, cette vision qui est révolutionnaire, bien qu’évidente. Ceci nécessite encore bien des travaux, mais la tendance est là.

Ce type de traitement pourrait-il être utilisé pour tous les types de maladies ? 

Je pense que ce type de traitement pourrait être généralisé dans beaucoup de maladies secondaires au vieillissement de notre organisme comme les maladies cardio-vasculaires et neuro-dégénératives. Ces maladies chroniques, pour la plupart, sont la conséquence de l’altération de nos systèmes physiologiques au cours du vieillissement et que nous appelons sénescence. Agir sur la maladie elle-même est bien sûr fondamental, mais nous pourrions être encore plus efficaces, si nous y associions des procédures anti-sénescence comme cette équipe vient de le faire. Il s’agit donc d’un tout nouvel espace thérapeutique qui s’ouvre aux soins. Cette étude va évidemment beaucoup plus loin que ce que nous connaissions jusqu’à présent et qui est parfaitement démontré. Je parle des mesures hygiéno diététiques. Une alimentation équilibrée, une activité physique sont des mesures de physiologie qui permettent d’améliorer le fonctionnement de notre organisme, ou tout du moins, de diminuer la charge fonctionnelle qu’il doit supporter du fait d’une alimentation non adaptée et / ou d’une sédentarité. L’amélioration du fonctionnement de notre organisme ne peut que contribuer à un combat plus efficace contre la maladie. La nouveauté apportée par cette étude est l’adjonction de médicaments, dont il faut rappeler qu’ils sont riches en effets indésirables et donc d’une manipulation complexe.

Est-ce là réellement un moyen d'améliorer la longévité et la qualité de vie des personnes âgées ? 

Tout le problème est dans les effets indésirables. Cette étude utilise un produit naturel, la Quercétine, accessible partout sur internet et pourtant pas dénué d’effets indésirables, et un médicament anticancéreux détourné de son indication princeps et réservée aux cancérologues. Il est donc possible que l’on puisse améliorer la longévité des personnes âgées, mais cela nécessite d’autres études avec bien plus de patients, car pour l’instant, il est impossible de ce projeter dans l’avenir avec ce type de produits.

A terme, de tels traitements pourraient-il être pris par des personnes plus jeunes et en bonne santé dans le but de prolongé leur durée de vie  ? Est-ce là 
une thérapie anti-âge qui se profile ? 

Les traitements à visée anti-âge sont effectivement très en vogue dans le monde. Tout le monde est naturellement intéressé par rester en bonne santé fonctionnelle le plus longtemps possible. La piste des sénolytiques (destruction des cellules sénescentes dans l’organisme) est une des pistes que suivent certains et vous avez déjà aujourd’hui de nombreuses personnes dans le monde qui utilise les propriétés de la Quercétine comme sénolytique afin d’améliorer leur santé et ceci hors maladie. Le problème est que la plupart de ces personnes n’ont aucune idée de ce qu’ils font. La Quercétine est un xénobiotique, certes d’origine naturelle, mais une molécule étrangère au corps humain. Elle a donc des effets parfois positifs, mais également des effets potentiellement négatifs. Tout ceci nécessite donc une supervision médicale et il faut absolument bannir des prises sauvages de ce type de produits.

Rester en bonne santé le plus longtemps possible est un objectif raisonnable, mais ambitieux. J’aborde ce sujet dans mon dernier livre « Bien vieillir sans médicaments » aux Editions du Cherche midi et vous verrez qu’il existe de nombreuses pistes pour rester en bonne santé le plus longtemps possible sans recourir à des traitements dont l’efficacité est douteuse et le risque pour sa santé à terme réel.

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