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L’hiver 2020 sera-t-il aussi froid que le prévoit une équipe d’experts météorologistes britanniques ?
©Reuters

Prévisions

La "bête de l'Est" est de retour, selon le Daily Mail et une étude du University College London. D'après Guillaume Séchet, météorologiste français, de telles prévisions vont à l'encontre de tous les modèles, et exagèrent l'impact refroidissant du ralentissement du Gulf Stream.

Guillaume Séchet

Guillaume Séchet

Guillaume Séchet est un météorologiste. Présentateur météo et prévisionniste à La Chaîne Météo (entre 1996 et 2007), puis à Météo News (entre 2007 et 2009) et depuis 2009 à BFMTV, il est également le créateur et responsable de la société Meteo-Villes qui englobe des sites de météo expertisée pour 19 grandes agglomérations. Il est également l'auteur de 4 ouvrages sur les évènements climatiques (les plus connus étant "Quel temps !" et "Y'a plus de saison").

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Atlantico.fr : D’après vos analyses, les prévisions déduites de l’étude des météorologues de l’University College of London sont erronées ?

Guillaume Séchet : Je suis surpris par ce type de prévisions, qui revient quasiment tous les ans.  Cela va à l’encontre des tendances et des différents scénarios annoncés par les modèles météorologiques, qui vont tous dans le même sens pour l’instant, et ce depuis des mois. Selon ces modèles, les températures cet hiver devraient être supérieures, ou même largement supérieures, aux normales saisonnières en Europe. 

À quel phénomène ces températures supérieures aux normales saisonnières seraient-elles dues ?

Le réchauffement climatique est un élément majeur. On voit de plus en plus des températures d’hiver plus hautes que la normale. 

Il se peut que le courant El Niño entre en jeu, mais le lien de causalité entre ce courant et la hausse des températures en hiver en Europe occidentale n’est pas prouvé. 

Systématiquement, à l’été ou l’automne, les tendances prévues pour l’hiver vont toujours dans le sens d’un temps plus doux que la normale. Ces prévisions s’affinent ensuite, et on voit alors des différences entre les mois apparaître, avec des mois plus froids que la normale. On ne s’en rend compte que plus tard. Les modèles météorologiques intègrent le fait qu’il y a un réchauffement climatique, et il y a plus de nuances quand on se rapproche de l’hiver. 

Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs comment ces modèles fonctionnent ? 

Ces modèles se basent sur le temps qu’il fait et qu’il a fait sur l’ensemble de la planète et dans les différentes couches de l’atmosphère. Une infinité de facteurs influencent le temps qu’il fait et qu’il fera, et un maximum de facteurs sont pris en compte par des ordinateurs avec d'énormes puissances de calcul. On est désormais capables d’anticiper les grandes tendances en indiquant si un mois sera plus chaud, plus froid, plus humide ou plus sec que la normale sur de grandes régions mais pas avec davantage de précision. Les deux modèles (américain et européen) sont actualisés tous les jours, et diffusés sur des sites accessibles au grand public. 

Et donc les prévisions d’un hiver froid vous surprennent ?

Ce qui me surprend, c’est que ça vienne d’un journal anglais reconnu. Tous les ans, des publications vous annoncent le pire hiver du siècle, comme si c'était un bon moyen de se faire connaître. 

L’étude anglaise évoque le ralentissement du Gulf Stream, qui priverait l’Europe de l’effet d’adoucissement de ce courant sur l’hiver. Qu’en pensez-vous ?

Le Gulf Stream a effectivement ralenti, depuis de nombreuses années, à cause du réchauffement climatique. Mais ce ralentissement n’implique pas nécessairement que l’Europe occidentale ne puisse pas connaitre des hivers doux. En effet, il y a quelques années, des analyses norvégiennes ont démontré de manières concluantes que le Gulf Stream n’a qu’une influence limitée sur la douceur hivernale en Europe occidentale. En fait, la douceur hivernale en Europe occidentale est avant tout liée au fait que nous sommes influencés par des vents d’Ouest et l'effet océanique atténue le froid. Ces phénomènes sont certes moins forts depuis que le Gulf Stream ralentit, mais ils persistent tout de même.  D'autre part, comme les températures sont partout plus élevées qu'avant (notamment au Nord), les apports d'air froid sont moins importants.

Le ralentissement du Gulf Stream a surtout une influence sur des régions plus proche de lui, sur l’Islande, ou encore le Nord-Ouest de l’Atlantique, c’est-à-dire sur le labrador, le Québec, Terre-Neuve. Chez nous, les conséquences sont plus limitées.

Il n’y aurait donc pas de différence entre l’impact du ralentissement du Gulf Stream en Angleterre et en France ?

Il est possible que ce ralentissement ait une plus grande influence refroidissante dans le Nord-Ouest de l’Angleterre. Mais si leur hiver est froid, notre hiver devrait être froid aussi.

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