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Quelle est la distance exacte entre le passage de la Main d'Or (Théâtre de la Main d'Or) et la rue des Saints-Pères (Editions Grasset) ?
©ERIC FEFERBERG / AFP

Vous en reprendrez bien un peu…

Seul Yann Moix a la réponse à cette question ! C'est un trajet que l'auteur d'"Orléans" affectionne. C'est là qu'il s'exerce au grand écart.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Yann Moix a des trous de mémoire. Ce qui est bien normal : il a beaucoup réfléchi, beaucoup écrit, beaucoup parlé. Comment se souviendrait-il de tout ?

Dieudonné, qui dans sa spécialité n'a rien à envier à Moix, a de la mémoire lui. Il vient de l'apostropher familièrement : "Eh Yannou, tu te souviens de moi ?". Et, photos à l'appui, il lui rappelle qu'il est venu à son théâtre en janvier 2010. Donc longtemps après les écrits antisémites du jeune Moix. A cette époque, il était pourtant déjà très en cour rue des Saint-Pères.

C'est un ami commun, Blanrue, autre antisémite et négationniste notoire, qui les avait mis en contact. "Dieudonné fascinait Moix qui voulait absolument le rencontrer" déclare aujourd'hui Blanrue dans Valeurs Actuelles.

Tous les trois ont alors beaucoup ri. De quoi riaient-ils ? Peut-être d'une charmante caricature de Moix montrant un déporté en train de jouer de la guitare électrique devant une chambre à gaz ? Ou peut-être de cette délicieuse saillie : "si BHL est philosophe alors sans doute que les chambres à gaz c'est du bidon"…

Il y en a qui se shootent au cannabis. Pour d'autres c'est le Zyklon B. Telle que la révèle l'affaire Moix, la vie parisienne – on n'ose pas dire intellectuelle – ressemble à un cloaque. On peut aller s'esclaffer avec Dieudonné passage de la Main d'Or et faire des courbettes à Bernard-Henri Lévy rue des Saints-Pères.

Pierre-André Taguieff a très bien analysé ce phénomène. Les judéophobes deviennent parfois judéophiles. Pour satisfaire une singulière et pas très saine curiosité. Mais le plus souvent par opportunisme, convaincus qu'ils sont les Juifs tout-puissants, qu'ils décident de la marche des choses et du monde. Ils vont vers eux pour assurer, croient-ils, leur propre réussite.

Mais Yann Moix est un cas exceptionnel : il est en même temps judéophobe et judéophile. Jusqu'à maintenant ça ne lui a pas trop mal réussi. Mais on ne saurait trop, pour autant, vous déconseiller de faire le trajet passage de la Main d'Or-rue des Saints-Pères. Car il est dangereux et glissant : la chaussée est recouverte de boue.  

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