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​Terrorisés par les voyous, les locataires d'une tour HLM d'Avion (Pas-de-Calais) vont être relogés. Et nous, quand est-ce qu'on nous reloge ?
©Reuters

Petit remplacement ?

​Certains pensent sans doute qu'il faudrait plutôt déloger les voyous. Ah non, ça c'est impossible...

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le maire (PCF) d'Avion a pris une mesure étonnante. Il a exigé du bailleur d'une tour HLM de sa localité de reloger les 40 locataires de cet immeuble devenu invivable. Ils ont peur. Très peur. Depuis des mois, des délinquants allument des incendies dans la tour. Les actes de vandalisme, les insultes se multiplient.

Le maire d'Avion est soucieux de la tranquillité de ces malheureux déjà meurtris par la vie. Ils sont, dit-il : « dans une extrême précarité sociale ». Bizarrement, Jean-Marc Tellier – c'est le nom du maire – n'a pas pensé à une autre solution : déloger les voyous parfaitement identifiables, et les reloger en prison. On le comprend : ça déclencherait des émeutes, et de toute façon, les prisons sont surpeuplées. Ainsi, les voyous ont gagné...

La France est à l'image de cette tour. La France brûle aussi. Mais nous la voyons brûler de loin, car il y a certains quartiers que nous n'habitons pas, ou que nous avons fui. C'est ailleurs, ce n'est pas chez nous. C'est « chez eux ».

Piètre et fausse consolation. Les voyous sortent de plus en plus de chez eux. Pendant les manifestations des Gilets jaunes, on les a vu à l’œuvre sur les Champs-Élysées, avenue Kléber, dans le centre de Bordeaux. Il était inévitable qu'ils se déplacent : chez eux, il n'y a pas grand chose à piller.

La tour HLM d'Avion n'est pas un cas isolé. Et elle a toutes les vertus d'un symbole. En l'espace de 30 ans, il s'est passé quelque chose en France : un petit remplacement. Dans les années 80, Renaud chantait : « Dans mon HLM ».

Les paroles de cette chanson ressemblent à une ode funéraire dédié à un monde disparu. « Au rez-d'-chaussée, dans mon HLM / Y'a une espèce de barbouze / Qui surveille les entrées / Qui tire sur tout c' qui bouge / Surtout si c'est bronzé ».

Montons plus haut. « Au premier, dans mon HLM / Y'a l' jeune cadre dynamique / Costard en alpaga ». Puis, « Au troisième, dans mon HLM / Y'a l'espèce de connasse / Celle qui bosse dans la pub' ».

« Au quatrième, dans mon HLM / Y'a celui qu' les voisins / Appellent " le communiste " ».

Et en vrac, « Pi y'a aussi, dans mon HLM / Un nouveau romantique / Un ancien combattant / Un loubard, et un flic ».

Que sont-ils devenus ? Où sont-ils ? Ils nous manquent.

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