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Comment la chasse au Trump est devenu un sport national en France
©SAUL LOEB / AFP

Frénésies obsidionales

Cette discipline n'est pas encore homologuée par les instances olympiques. Bientôt, peut-être ?

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Haïr Trump, c'est bon pour le moral et pour le corps. Il y a de part le monde, et à la tête de beaucoup d'États, des tortionnaires, des criminels, des assassins. On n'a que l'embarras du choix. Mais notre assassin préféré reste, en champion incontestable, Donald Trump.

Lisez les journaux, écoutez les radios, regardez les écrans de vos téléviseurs, aucun doute n'est permis : il est l'homme que nous aimons haïr ! Critiquer Trump (et Dieu sait s'il y a de quoi faire) il ne faut pas y penser ! Ce serait mollasson et émollient, alors que les âmes bien nées qui pullulent dans les médias ont besoin de boissons fortes, et non pas de tisanes.

On se croise le matin à la machine à café du bureau. « Et toi, t'as fait quoi comme cauchemar sur l'immonde occupant de la Maison-Blanche ? ». « J'ai vu, dans un rêve affreux, qu'il étranglait un petit afro-américain. Et toi ? ». « Chez moi, il piétinait à mort un bébé latino ».

Avec Trump, nous sommes dans le vaudou. On plante des aiguilles dans le corps de la poupée qui le représente. Et c'est en transe, exorcisant le démon, qu'on lui interdit de dire du mal des suprémacistes blancs (ce qu'il a fait après la tuerie d'El Paso) car il est lui même, selon les adeptes du rituel vaudou, un suprémaciste blanc...

Même la mort de Toni Morrison est prétexte à démolir le président des États-Unis. C'était une grande romancière : elle a reçu le prix Nobel de littérature en 1993. Dans de nombreux articles consacrés à son décès, on souligne qu'elle était noire et anti-Trump. Était-ce vraiment indispensable ?

Prenons trois écrivains célèbres de langue allemande : Stefan Zweig, Joseph Roth, et Lion Feuchtwanger. Personne à leur décès n'a eu l’indécence et la bêtise d'écrire qu'ils étaient juifs et anti-Hitler.

Dans ce registre, une mention particulière pour Bernard-Henri Lévy. Rendant hommage, comme d'autres, à Toni Morrison, il a déclaré : « Elle était un antidote à la trumpitude ». Alain Finkielkraut a écrit La Défaite de la pensée. Bernard-Henri Lévy devrait lire Alain Finkielkraut. 

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