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Hamza Ben Laden, un des fils d’Oussama Ben Laden aurait été tué mais ce n’est en aucun cas la fin d’Al-Qaida "canal historique"
©Handout. AFP

Fils spirituel

Même si cette information se confirme - on n’en sera certain que lorsque Al-Qaida aura officiellement annoncé son "martyre"-, cela ne signifie en rien la fin de l’organisation.

Alain Rodier

Alain Rodier

Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français, est directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée.

Son dernier livre : Face à face Téhéran - Riyad. Vers la guerre ?, Histoire et collections, 2018.

 

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La presse américaine fait était de la mort de Hamza Ben Laden le fils dit "préféré" du créateur d’Al-Qaida "canal historique" né en 1989. A noter que cette information peut aussi être infirmée si, par exemple, Hamza Ben Laden publie un message vidéo qui peut être daté. Il est vrai qu'il est dans la culture des responsables politiques, en particulier américains mais pas seulement, de rapidement proclamer victoire. On a vu ce que cela a donné en Irak, en Libye, au Sahel, contre Daech, etc.

 Si l’on en croit les documents saisis à Abbottabad après la mort d’Oussama Ben Laden en 2011, ce dernier l’aurait désigné comme son successeur éventuel puisque Saad, son fils aîné avait été tué par un drone américain en 2009. Chose étonnante, il n'a été reconnu par Al-Zawahiri comme faisant vraiment partie d'Al-Qaida qu'en 2015. Bien que relativement discret, Hamza Ben Laden s’est exprimé à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux. Comme son père, il reconnaissait l’autorité spirituelle des taliban, appelait à venger la mort de ce dernier, attaquait la famille des Saoud et vouait aux gémonies les chiites. Il appelait aussi les musulmans à mener des actions terroristes en Occident.

C’est en Iran qu’il avait trouvé refuge avec une partie de sa famille après l’invasion de l’Afghanistan en 2001/2002. Il s’y est même marié avec la fille d’Abou Mohammed al-Masri, un haut responsable de la nébuleuse qui y serait toujours présent.

Recherché depuis 2017, la prime pour tout renseignement permettant sa neutralisation se montait depuis le début 2019 à un million de dollars. Hamza Ben Laden pourrait jouer rôle d’unificateur tellement les groupes constituant la nébuleuse sont disparates. Il est même possible que certains activistes qui se sont rangés sous la bannière de Daech depuis 2014 ne reviennent vers la maison mère déçus par la disparition du califat "physique" situé à cheval sur la Syrie et l’Irak.

Selon plusieurs sources, Hamza séjournait clandestinement depuis 2010 dans la région d’Islamabad au Pakistan après avoir été échangé contre un diplomate iranien enlevé par Al-Qaida. Les détails sur sa mort qui remonterait à plusieurs mois restent inconnus donc cette information reste à prendre avec toutes les précautions d'usage.

Al-Qaida "canal historique" est toujours bien présent en Syrie dans la région d’Idlib, en Égypte (hors Sinaï encore tenu par Daech), au Yémen, en Libye, au Sahel, en Somalie, au Caucase, en zone Afpak et en Extrême-Orient (Philippines). Le rôle que l’on voulait faire jouer à ce jeune homme de trente ans à la tête de cette organisation salafiste-djihadiste était un peu mal taillé pour sa faible carrure. Même les Américains ne s’y trompaient pas car ils ne demandaient qu'un million de dollars pour sa tête. Pour mémoire, l’offre est de 20 millions pour Al-Zawahiri (qui, né en 1951, ne semble pas souhaiter prendre sa retraite) et pour Abou Bakr al-Baghdadi (l'émir de Daech). Nombre d’autres responsables de la nébuleuse sont recherchés pour des sommes allant de cinq à dix millions de dollars ! Les remplaçants éventuels d'al-Zawahiri en cas d’empêchement de ce dernier sont nombreux. Le nom de Saif al-Adel, un ancien colonel égyptien issu des Frères musulmans revient fréquemment même si on n’a pas de ses nouvelles directes depuis des années.

Hamza lui, n’est ni un chef politique, ni un responsable religieux et n’a pas de passé militaire glorieux ; il est uniquement un symbole utilisé par la propagande du mouvement. Enfin, sur le plan familial, Oussama Ben Laden a eu au moins cinq épouses et 24 enfants. Il n'est pas impossible qu'un de ces rejetons mâle ne fasse surface dans l'avenir.

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