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Quand cessera-t-on enfin de parler de "violences gratuites" ? Deux mots pour ne rien dire : ces violences ont toutes des causes et des raisons !
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Ça suffit

Cette expression cache une réalité qui est, hélas, géographiquement très identifiable.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

Atlantico vient de consacrer un article, au demeurant excellent, à une affaire qualifiée comme étant de "violence gratuite". Elle s'est déroulée à Toulouse devant une boîte. Il étai trois heure du matin. Un policier -en civil- faisait, avec d’autres personnes, la queue devant une baraque à frites. Un groupe d'une dizaine d'individus sortit de la boîte. L'un d'eux hurla à la serveuse de la baraque qu'il voulait être servi en premier. Le tout assorti d'un tombereau d'insultes. 

Le policier fit alors une réflexion à l'individu. Ce qui lui valu d'être tabassé à mort ! "Violence gratuite?" Non. Pour certains une réflexion peut valoir arrêt de mort. L'agresseur (arrêté peu après) habitait au Mirail un quartier de Toulouse qui obéit à des codes de conduite très spécifiques. Là-bas, comme à Bobigny, Saint-Denis ou à La Courneuve, le savoir-vivre se décline de façon particulière, la violence s'apprenant là-bas dès le plus jeune âge.

A lire sur Atlantico : Meurtre d’un policier à Toulouse : les raisons qui expliquent cette explosion des violences gratuites (et les moyens de l’endiguer)

Refuser de donner une clope à un habitant de ces coins de France sera considéré par lui comme une offense grave. Un regard de travers -"il m'a mal regardé"- est pareillement une insulte intolérable. Logique donc qu'on y réponde par une violence qui n'a rien de "gratuite".

Une mésaventure personnelle m'a tout appris sur la question. Mes toilettes fuyaient et j'appelais ma propriétaire pour lui en faire part. Elle me dit qu'elle allait m'envoyer son plombier qui était un gars très bien. Le plombier arriva, poli et courtois, regarda mes toilettes et décréta qu'elles étaient mortes. Il fallait donc les changer.

Il me dit qu'il allait en acheter une pour moi dans un magasin spécialisé qu'il connaissait. Il me demanda de l'argent : la somme était importante et il ne voulait pas l'avancer. J’obtempérais. Deux heure après il revint avec une "nouvelle" cuvette. Nouvelle n'était pas vraiment le mot adapté : elle semblait usagée, d'occasion, sans doute tombée du camion. Il l'installa, je lui dis alors de me rembourser ce que je lui avais donné pour une cuvette neuve. 

Il me regarda méchamment : "t'as pas à t'occuper de mon business". Et il partit aussitôt. Je l’appelais sur son portable pour lui dire que j'allais porter plainte. La réponse fusa en wesh wesh. "Si tu fais ça, enculé de ta race, on va venir avec des potes à moi et on te traînera ta meuf et toi dans une des caves de notre cité. On s'en donnera à cœur joie avec ta meuf qui sera défoncée. Et toi tu connaîtras le sort d'Ilan Halimi". Il raccrocha. "Violence gratuite" ? Non, elle n'était pas gratuite : il m'avait identifié comme étant de la même origine qu'Ilan Halimi.

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