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Suicides, violences domestiques, agressions … la hausse des températures n’est pas mauvaise que pour la santé
©LOIC VENANCE / AFP

Sang chaud

Un lien peut être fait entre les fortes chaleurs et la hausse des violences.

Antoine Pelissolo

Antoine Pelissolo

Psychiatre et chef de service au CHU Henri-Mondor à Créteil, spécialiste des troubles anxieux, des phobies et des TOC. Auteur notamment du livre "Les phobies : faut-il en avoir peur ?" (le Cavalier Bleu) et du blog "mediKpsy"

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Atlantico : Dans quelle mesure l'augmentation actuelle des violences (incivilité, violences conjugales, agressions groupées, suicide etc.) sont-elles liées à la hausse des températures ?

Antoine Pelissolo : Il faut toujours être prudent avec ce type d'interprétation, mais on dispose de données scientifiques sérieuses établissant un lien entre les fortes températures et différents types de comportements brutaux : des comportements agressifs et criminels, des suicides violents, et même la survenue de conflits et de guerre dans l'histoire. Une analyse multi-disciplinaire regroupant une soixantaine d'étude de nature scientifique et historique, publiée dans la revue Science en 2003, est assez convaincante à ce sujet. Une autre étude réalisée aux Etats-Unis en 2016 chez des étudiants montre des effets délétères de la chaleur sur les fonctions intellectuelles.   

Comment expliquer que les conditions météorologiques influencent différemment la santé mentale de chaque individu ? Quels sont les mécanismes psychologiques à l'œuvre dans ce phénomène ?

Bien sûr chacun réagit selon sa propre constitution, et notamment selon sa personnalité et ses vulnérabilités. Globalement, les fortes températures sont des facteurs de stress physique et de fatigue pour l'organisme dans son ensemble, demandant un effort de régulation plus important et réduisant les apports en oxygène. Le cerveau peut être directement fragilisé par les fortes chaleurs, comme c'est le cas lors des fièvres élevées. Ceci pourrait expliquer une moins bonne régulation cognitive et émotionnelle, conduisant à plus d'irritabilité, d'impulsivité et d'agressivité. Certains chercheurs ont plus spécifiquement émis l'hypothèse de dérèglements du système de la sérotonine induits par les fortes températures, expliquant des troubles émotionnels et du comportement. 

Quels sont les autres effets de la canicule sur le comportement de chacun qui pourraient confirmer ou, à l'inverse, contredire cette corrélation entre chaleur et violence ?

En dehors des éventuels effets bénéfiques de l'ensoleillement sur l'humeur chez certaines personnes, notamment celles qui souffrent de dépression saisonnière en hiver, la canicule entraine de nombreux comportements délétères pour la santé mentale : troubles du sommeil, mauvaise hydratation, déséquilibre de l’alimentation, restriction des activités physiques et des contacts sociaux, etc. Ces dysfonctionnements entrainent surtout du stress et de l'anxiété, et parfois des troubles de l'humeur, mais on peut faire aussi craindre des comportements agressifs et violents chez certaines personnes au tempérament prédisposé.

Y a-t-il une température idéale qui permet de maintenir l'ordre public et la stabilité cognitive et psychologique de chacun ?

En moyenne, les populations occidentales sont habituées à des températures situées entre 20 et 25° à l’intérieur des lieux de vie, qui semblent permettre un fonctionnement physique et psychique optimal. Mais l'être humain a des capacités d'adaptation non négligeables; il est surtout impacté par de fortes variations de température sur des temps courts, empêchant la mise en place des systèmes de régulation. Au vu des perspectives du changement climatique, il serait important de conduire des recherches approfondies sur les effets des variations de température sur la santé mentale et les comportements pour mieux s'en protéger.

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