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Les économistes annoncent une nouvelle crise économique et financière, les marchés financiers et les chefs d’entreprises n’y croient absolument pas... Cherchez l’erreur !
©Reuters

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En bonne logique, les marchés financiers mondiaux devraient s’effondrer et l’économie s’écrouler. C’est du moins ce que les économistes et les analystes de la politique nous expliquent. Mais les milieux d’affaires n’y croient pas, la bourse continue d’enchaîner les sommets.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Tout va mal, les faits, les chiffres les grands équilibres, tous les indicateurs sont en alerte rouge. Et pourtant, les marchés financiers qui sont des bons marqueurs pour anticiper l’avenir continuent de caracoler en tête, avec des performances économiques et financières qui dépassent et de loin les records qui avaient été établis à la veille de la crise de 2008/2009. 

Sur le terrain politique, on est obligé de reconnaître que la guerre couve un peu partout sur la planète. L’Amérique de Donald Trump s’est mise mal avec les Chinois, avec les Iraniens. Avec les pays de l’Amérique du sud et avec l’Europe, ce n’est pas l’amour fou. Les Etats-Unis préparent une déclaration de guerre sans doute contre les Allemands.

En Europe justement, Boris Johnson est arrivé à ses fins comme Premier ministre avec la promesse de faire en quelques mois ce que Theresa May n’a pas pu finaliser. BOjO, pour les tabloïds, a sans doute des pouvoirs de Superman pour organiser un Brexit dur sans faire de mal à personne. Ça tiendra de la trahison politique ou de l’opération miraculeuse. Dans les deux cas, les résultats ne seront guère brillants. 

En Russie, Vladimir Poutine est un peu comme Donald Trump, prêt à faire la guerre à tous ceux qui lui marcheront sur les pieds. 

Côté pétrole, on a du mal à comprendre ce qui se passe en Arabie saoudite, sauf qu’une partie du monde arabe cherche une hausse pour protéger les revenus, mais eux comme les autres ne savent pas comment s’y prendre. 

Dans les vielles démocraties de l’Union européenne, on cherche partout le moyen d’enrayer la grogne type des gilets jaunes. On ne trouve pas encore parce qu’on ne sait pas ce que les gilets jaunes ou ceux qui leur ressemblent, revendiquent sérieusement...

Sur le terrain économique, on assiste à une révolution technologique, extraordinaire, mais qui laisse sur le carreau des chômeurs et des clients qui décrochent. Le chômage n’a pas encore été touché par de vraies solutions. 

Donc, la croissance mondiale qui a transformé la planète depuis 20 ans s’essouffle parce que la croissance chinoise et indienne pique du nez, parce qu’il y a dans le monde occidental des risques de protectionnisme, donc de ralentissement de l’activité globale. La dernière livraison de prévisions du FMI détaille ainsi les potentialités de ralentissement. 

La croissance européenne de son côté ralentit également

En dépit de ce bilan déprimant, les marchés financiers et les chefs d’entreprises ne sont pas déprimés, au contraire. Beaucoup estiment que nous serions à l’aube d’une période très longue fondée sur les nouvelles technologies, un peu comme à la fin du 19e siècle, quand on avait parié sur la révolution industrielle. 

Alors, quelles sont les raisons de cette contradiction entre ce qui ressort des faits et des chiffres et ce qui existe dans les cerveaux des traders, des analystes, et des patrons d’entreprises? Il y a trois séries d’explications. 

La première raison tient à l’action des banques centrales qui continuent d’arroser de monnaie les différents rouages des économies. Les spéculateurs en profitent mais pas qu’eux. Les Etats trouvent là un moyen de continuer à s‘endetter pas cher. Et quand on peut s’endetter à taux zéro, pourquoi se priver ? Pourquoi aller chercher des impôts supplémentaires auprès de peuples qui ne veulent plus payer? Alors il faut le reconnaître, l’argent de la dette publique ruisselle parfois pour le bien immédiat de tous. 

La deuxième raison est que les milieux d’affaires, les classes dirigeantes, les sachants, ingénieurs et analystes sont convaincus que tout retour en arrière vers des mondes plus autarciques serait impossible. On peut ralentir l’évolution des activités mondiales, on ne réussira pas à les stopper parce que les chaines de production sont très éclatées. Plus de la moitié des pièces qui entrent dans la fabrication d’une automobile viennent d’une dizaine de pays différents. Comment rapatrier les pièces d’un tel puzzle industriel et surtout avec quel intérêt? Donald Trump ne réussira pas à fermer ses frontières car en toute logique, la fermeture des frontières n’est pas gérable sauf à consentir un changement de mode de vie que personne ne souhaite. 

La troisième raison est encore plus simple. Il n’existe plus de modèle alternatif à celui qui s’est installé dans le monde entier, à savoir la concurrence de marché matinée le plus souvent d’un capitalisme privé qui donne le vrai pouvoir aux épargnants, aux clients et aux salariés.

Les opposants au système capitaliste international ne peuvent plus compter sur le communisme marxiste ou sur les bases de la sociale démocratie. C’était jouable au 20e siècle parce que les adversaires du système capitaliste rêvaient des modèles socialistes. 

Depuis que les modèles socialistes se sont effondrés partout, sauf en Corée du nord, le marqueur utilisé par les opposants au système capitaliste et aux mondialistes, par les opposants aussi à toute activité de production. C’est l’écologie. 

L’écologie dont l’objet est de freiner le réchauffement climatique est utilisé par tous les adversaires de la mondialisation, de la concurrence, du capitalisme, et même du progrès technologique, pour déstabiliser ce système. Les écologistes vont donc regrouper tous les anciens militants socialistes, les opposant à l’industrie, aux énergies fossiles, et même au nucléaire, pour combattre le système de production capitaliste. 

Au nom de l’écologie, nous aurions besoin d’un monde nouveau. 

Au nom de l’écologie, il faudra produire moins, consommer moins d’énergie, gérer sa consommation, limiter les voyages etc. 

Au nom de l’écologie, il faut arrêter de construire des routes ou des autoroutes. 

Au nom de l’écologie, il faut évidemment consommer moins, voyager moins, s’éclairer moins, moins fréquenter le médecin sauf s’il pratique une médecine douce et naturelle ... etc. 

Au nom de l’écologie, il faudra sans doute arrêter le nucléaire. 

Et revendication très étrange, au nom de l’écologie, il faudrait annuler les grands accords internationaux, le CETA, le Mercosur... etc et tout ce qui touche au multilatéralisme. En quoi un accord international peut-t-il, en s’appliquant, contribuer à la détérioration de notre cadre de vie? En quoi empêcher les pays émergents à signer des accords internationaux?

Les marchés et les chefs d’entreprises ne sont pas gênés par cette écologie-là. Ils considèrent que l’écologie à base de règlementations ou de contrôles auraient des effets inacceptables par les électeurs. Cette écologie là dont l’objectif véritable est finalement de détruire le système économique dans lequel nous vivons, ne peut pas parvenir à ses fins. Elle peut provoquer des critiques et des colères, mais pas au point de renverser le système. 

Contre cette écologie-là, les marchés et les entreprises ont de quoi apporter des solutions aux Etats. Dans ces conditions, le système capitaliste mondialisé est beaucoup moins en danger et en risque que du temps où il existait encore un système marxiste alternatif capable de nourrir en idéologie des courants politiques puissants. 

Aujourd’hui, les chefs d’entreprise, les investisseurs et les syndicats ont des réponses à apporter, non pas aux écologistes, mais aux clients, consommateurs et actionnaires, plus efficaces que les Etats enlisés dans leurs dettes et sous la pression à court terme des électeurs.

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