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Qu'est-ce qui sépare un homard d'une crevette ? L'appartenance sociale de ceux qui les mangent !
©FRED TANNEAU / AFP

Fruits de mer(de)

J'emprunte l'idée de cet article à Bernard Pivot qui sait admirablement manier les mots…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le homard c'est pour les millionnaires, les chefs d'Etat, les ministres, les puissants et les présidents d'Assemblée nationale. 

La langouste c'est pour les cadres supérieurs, la bourgeoisie moyenne et les fonctionnaires hauts placés. 

Les gambas c'est pour ceux qui ont un barbecue dans le jardin de leur résidence secondaire ou de leur pavillon de banlieue. 

Les crevettes c'est pour les pauvres, les smicards et les chômeurs. 

Une énumération gastronomique qui vaut tous les traités de sociologie. Il y a aussi la façon de manger qu'il ne faut pas oublier. Les riches accompagnent leur homard de vin blanc prestigieux : du Montrachet à 390 euros la bouteille. Les pauvres noient leurs crevettes dans du Muscadet ordinaire qui a le même effet sur les boyaux qu'un liquide déboucheur sur une canalisation obstruée.

Il y a aussi les manières. Ce que chez ceux de la haute on appelle le savoir-vivre. Le millionnaire ou le président de l'Assemblée nationale aura des larbins pour lui casser la carapace du homard. Les pinces du crustacé auront été préalablement broyées laissant apparaître la chair la plus fine. Quelles que soient ces délicates précautions une certaine odeur imprégnera les doigts du riche. Pour la faire disparaître il aura un rince-doigt en argent, rempli d'une eau citronnée où baigneront des pétales de rose. 

Le pauvre se régalera de crevettes. Il les mangera directement avec ses doigts. Et parfois pour ne rien perdre car il est pauvre, il les engloutira sans oublier la tête. Ses doigts sentiront mauvais. Il les nettoiera avec une lingette de supermarché au parfum incertain. 

Avec les crevettes on ne peut pas se goinfrer. On les déguste une à une. Ca prend du temps. Et avec le temps, la faim passe ce qui permet de renoncer au deuxième plat. Avec les homards on peut s'empiffrer. "Encore un homard monsieur le Président ?". Je déteste le homard. J'aime beaucoup les crevettes. 

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