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François de Rugy, le bouc émissaire dont la mise à mort inquiète le monde de l’entreprise
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

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L’ancien président de l’Assemblée nationale s’est sans doute piégé lui même, mais en l’attaquant ainsi, les écologistes radicaux ciblent surtout celui qui incarne une politique de transition compatible avec la croissance et l’équilibre de l’économie de marché.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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En attaquant François de Rugy ainsi, c’est toute la politique de transition écologique que certains groupes de pensée hostiles au système d’économie de marché espèrent faire capoter. 

François de Rugy a commis beaucoup de maladresses dans l’exercice de ses fonctions et dans l’image qu’il a renvoyée. Beaucoup des méfaits qui lui sont reprochés soulèvent évidemment un peu d’étonnement, un peu d’émotion et de colère chez tous ceux qui ne connaissent pas les mœurs et les habitudes de vie dans les cercles du pouvoir. Mais ça n’est pas nouveau bien sûr. On a connu la gauche caviar, les coiffeurs de luxe de François Hollande ou les cireurs de chaussures. On a vu la droite bling bling du Fouquet’s bien sûr, et voilà qu’apparaît un pouvoir aux couleurs du homard que les écologistes viennent de bannir des tables de salles à manger. Tout comme le château Yquem dont aucune bouteille ne vaut moins de 500 euros. Les photos étaient évidemment de trop. 

Tout cela est sans doute excessif mais dans le climat actuel, comment ne pas trouver cela intolérable ? L’opinion publique n’accepte pas les ors et les frasques des palais officiels sauf quand ils sont engendrés par des footballeurs millionnaires - et encore. 

Bref, tout cela est maladroit parce que étranger à la morale partagée qui varie beaucoup. Mais rien de tout cela n’est illégal et rien, sauf preuve, ne vaut autant d’opprobres, de violences et de condamnations sans aucune autre forme de procès.

François de Rugy a donc commis beaucoup de maladresses, et en plus il se défend assez mal en jouant sur l’émotion ce qui accroit les présomptions ou les suspicions de culpabilité. 

Cette affaire est strictement politique, liée à la fonction qu’il exerce et à la politique du gouvernement. 

Emmanuel Macron a donné à la deuxième partie de son quinquennat l’objectif de préparer la France à se mettre en capacité de stopper les émissions de gaz à effet de serre, de ralentir le réchauffement climatique et de protéger la planète dans son environnement. 

C’est un objectif qui répond aux études scientifiques, lesquelles dénoncent une dégradation accélérée et qui répond aussi aux engagement de la COP 21. Mais c’est un objectif qui est partagé et approuvé par une immense majorité de la population. 

Cela dit, dans le logiciel retenu, cette politique de transition écologique doit être compatible avec les contraintes de la croissance et de progrès. Emmanuel Macron en a même fait un des moteurs de la croissance future. 

Une grande partie de l’opinion publique estime que la lutte contre le réchauffement climatique ne doit pas être payée par un recul du progrès technologique et un recul de la croissance.

François de Rugy est le principal ministre nommé par Emmanuel Macron pour incarner et mettre en œuvre cette politique. C’est son job. 

Et dans l’exercice de son job, il est confronté à l’opposition et à la critique parfois brutale d’une partie de l’opinion qui considère que l’action écologique est incompatible avec l’économie de marché, que la lutte pour le climat passe par un ralentissement de la croissance, donc de la dépense, donc des revenus. Ce courant est porteur d’une écologie radicale, autoritaire et beaucoup considèrent que l’Etat doit fixer des règles de comportement et même des interdits, des censures etc. sans parler des contraintes fiscales. Cette écologie est liberticide et aucune démocratie ne peut la tolérer. 

Cette position-là est pourtant défendue principalement par la gauche qui retrouve ses racines autoritaristes. L’écologiste est forcément de gauche. Si l’écologiste n’est pas de gauche, il ne peut pas défendre l’écologie. Cette position est défendue par une grande partie de la France insoumise, et par le parti qui lui est très proche EELV, Ecologie les verts. 

Et qu’on le veuille ou non, François de Rugy est victime d’un méchant procès parce qu’il incarne cette politique. Nicolas Hulot, à qui on souvent reprocher l’utilisation des hélicoptères, de 4/4 puissants et même de shampooings à sa griffe Ushuaia mais commercialisés par L’Oréal, a lui aussi été la cible d’un procès identique. Pour les écolos autoritaires, il était trop vedette, trop luxueux et pas assez à gauche 

C’est évidemment ce type de procès qu'on est en train d’instruire à l’encontre du ministre de l’environnement actuel. « Qui se défend comme un pied » oui, parce que cette dictature de l’écologie autoritaire lui fait peur. Il faut dire qu’elle rencontre un écho assez fort dans l’opinion. 

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