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Violences après la victoire de l’Algérie en CAN : y a-t-il un deux poids, deux mesures dans les missions de maintien de l’ordre sur la voie publique ?
©DOMINIQUE FAGET / AFP

Ministère de l'Intérieur

Jeudi soir, après la victoire de l'Algérie contre la Côte d'Ivoire en quarts de finale de la CAN, des débordements de supporters ont eu lieu dans plusieurs endroits en France (notamment les Champs-Elysées et la place Bellecour). Les forces de police sont parvenues, au milieu de la nuit, à maintenir l'ordre. Ces incidents interrogent après la crise des Gilets jaunes et la riposte policière et judiciaire des autorités envers les manifestants.

Jean-Paul Mégret

Jean-Paul Mégret

Jean-Paul Megret est secrétaire national du Syndicat indépendant des commissaires de police (SICP).

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Atlantico.fr : Les violences et les dégâts matériels provoqués par les supporters ont rappelé les débordements en marge du mouvement des Gilets Jaunes. Les forces de police pratiquent-elles un deux poids deux mesures devant ces troubles de l'ordre public ? Le traitement des manifestations par la police diffère-t-il selon les manifestations ?

Jean-Paul Mégret : Il n'y a eu et n'y a pas de deux poids de mesures entre les Gilets jaunes et les démonstrations de supporters pro-équipe d'Algérie. Pour ce dernier cas nous étions devant l'ampleur d'un phénomène non anticipée ayant lieu en début de nuit vers 22h donc au moment où les forces liées à l'odre public sont peu nombreuses sur la Capitale. ce sont alors les effectifs de la BAC de nuit qui interviennent en unité constituée. en province ou en grande banlieue c'est encore plus vrai il n'y a pas de forces mobiles non plus disponibles. Il a donc fallu gérer au mieux avec les quelques effectifs de voie publique et les unités BAC nuit un phénomène de foule très important et  non anticipé. En plus les "supporters" étaient en  groupes très mobile en voiture et deux roues, parfois festifs et bon enfant souvent plus agressif au fur et à mesure que la nuit avançait. J'ajoute que nous étions à quelques jours d'un très gros week-end pour les forces de l'ordre avec une mobilisation 24/24 y compris dans la nuit du 13-14 juillet et qu'en conséquences les forces n'étaient pas placées toutes en alerte maximale pour les préserver. car aucun renseignement ne permettait de laisser croire à de tels débordements même si par le passé des situations similaires avaient eu lieu.

Hier, Christophe Castaner a annoncé la mobilisation de 2500 policiers dans la nuit du samedi 13 juillet à Paris. Les effets d'annonce sont-ils dissuasifs en matière de troubles publics ? La stratégie du Ministre de l'Intérieur a-t-elle fait jusque-là ses preuves pour le maintien de l'ordre ?

Les effets d'annonce ne sont pas toujours dissuasifs. Cependant, en l'occurrence la communication du Ministre de l'Intérieur n'est pas directement liée aux événements avec les supporters de l'équipe d'Algérie mais vise au contraire, comme cela se fait chaque année, à détailler l'ampleur du dispositif policier destinée à préparer le gros week-end du 14 juillet sur Paris. Des événements majeurs comme le défilé et la protection du site la veille, le feu d'artifice le soir du 14 juillet à a tour Eiffel mais aussi les événements hélas devenus traditionnels d'attaques des symboles de l'Etat dans les quartiers sensibles de banlieue parisienne et dans les arrondissements sensibles du Nord Est de la Capitale avec les tirs de mortiers les jets de pétards contre les forces de l'ordre auront lieu en ce week-end si particulier puisqu'il coïncide avec la Fête Nationale.. Cette année le dispositif doit être plus dense en particulier la nuit du 13 au 14 juillet non seulement compte tenu des bals des pompiers à sécuriser mais c'est traditionnel mais aussi et surtout des menaces à peine voilées de groupes radicalisés pro Gilets jaunes incitant à aller commettre des exactions sur la zone de Champs-Elysées pour que celles-ci soient visibles le lendemain lors du défilé et créent un événement médiatique...

Les difficultés du maintien de l'ordre ne viennent-elles pas du fait que tout événement (politique, social, culturel, sportif) peut rapidement dégénérer et qu'il devient de plus en plus difficile de le prévoir ? Comment faire face à cette difficulté ?

C'est évidemment le cas, les phénomènes de foule créent trop souvent  la bêtise et l'impunité de fait. Les interpellations deviennent très délicates, surtout si l'on ne souhaite pas porter atteinte à l'intégrité physique des fauteurs de troubles. Nous devons aussi prendre en compte l'intégrité physique des policiers et gendarmes car nous savons dorénavant qu'ils sont dans ces moments là des cibles qu'on souhaite blesser ou mutiler. En outre, les fauteurs de troubles, parfois aussi sous l'emprise de l'alcool ne reculent dorénavant plus devant rien ...

Les images avant hier de cet individu avec une tronçonneuse thermique montrent bien que dorénavant tout événement devient le prétexte à un défoulement généralisé et à la tentation du pillage compte tenu de l'impunité précédemment décrite. Il faut tout de même souligner, et c'est une particularité française, que les personnes interpellées à cette occasion lorsqu'elles sont présentées à la justice font preuve d'une très grande mansuétude et ne sont que très symboliquement condamnées même en cas de violences avérées. L'exemple du " boxeur" lors de manifestations de Gilets jaunes montre que la Justice française n'a pas la même définition de la peine exemplaire que le reste de la société. Pourtant des peines lourdes sont prévues au Code Pénal, elles sont en matière de délits commis dans une foule, lors d'un gros événement de voie publique, encore moins appliquées que dans d'autres cas de délinquance plus classiques au prétexte commode que toutes les responsabilités individuelles n'ont pu être établies.

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