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Ces Occidentaux qui font flamber la production de vidéos d’abus pédophiles aux Philippines
©Thomas SAMSON / AFP

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Des pédocriminels installés dans différents pays occidentaux dont la France commandite des viols et des agressions sexuelles commis et filmés en direct depuis l'Asie. Cette pratique porte un nom : le live streaming pédopornographique.

Philippe Guichard

Philippe Guichard

Le commissaire Philippe Guichard dirige l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP).

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Atlantico : Le live streaming pédopornographique semble être un phénomène en plein essor. Pouvez-vous nous expliquer concrètement ce dont il s'agit ? 

Philippe Guichard : Le live streaming est une possibilité offerte à des internautes, via des services de diffusion en direct comme Skype de prendre contact avec des personne à l'étranger et spécialement aux Philippines et les pays de l'Est afin de commander des séquences d'agressions sexuelles, viols, actes de torture et de barbarie, sur des enfants, souvent jeunes. 
Via Skype notamment, ils commandent ce qu'ils veulent et tous les milieux sociaux sont concernés.
L'essor de ce type de pratiques s'explique par plusieurs raisons. D'abord, cela se développe dans des pays extrêmement pauvres. L'idée de recevoir autour de 50$ pour ce type de prestation est pour eux une source de revenus considérable.
Pour les pédophiles occidentaux, notamment français, c'est une solution de facilité extrême. L'idée d'une commande à distance semble à la fois sécuritaire et peu onéreuse.

Si les Philippines restent l'épicentre du phénomène, et plus particulièrement l'île de Cebu, on estime qu'il n'y a pas de raison particulière qu’il ne contamine pas d'autres régions du monde et notamment d'Asie du Sud-Est. On peut dire que tous les pays pauvres, avec un minimum d'infrastructures, risquent de voir émerger ce genre de pratiques.


Il y aurait actuellement une centaine de signalements concernant des Français qui s'adonneraient à cette pratique. Quels sont les moyens mis en place aujourd'hui pour lutter contre ce phénomène ?

Il y a aujourd'hui certainement plus d'une centaine de signalements et encore d'autres à venir. D'abord il faut faciliter la coopération internationale. C'est dans ce cadre que nous avons organisé un séminaire la semaine dernière à Singapour ayant pour thème la lutte contre l'exploitation sexuelle des mineurs afin de faire se rencontrer différents acteurs (autorités, ONG, entreprises) des différents pays concernés. D'abord pour avoir des échanges directs et essayer d'identifier les bonnes pratiques pour essayer de palier le développement de cette pratique.

A l'OCRVP maintenant il y a le groupe central des mineurs victimes (GCRV) qui est composé de 13 enquêteurs qui travaillent sur la pédopornographie en général et en particulier sur le live streaming.


Cela paraît peu au vu du nombre de signalements...

Je suis assez d'accord avec vous, cela paraît peu sachant que chaque dossier représente souvent plusieurs mois de travail. 


Et les suites judiciaires ? 

Elles sont souvent décevantes pour l'instant. On ne désespère pas que les juridictions finissent par prendre en compte le phénomène et finalement retenir des infractions qui sont en rapport avec les actes commis, comme la complicité de viol ou d'agression sexuelle par exemple. 

Le problème, aujourd'hui, est que l'infraction en tant que telle n'existe pas dans le Code pénal. Il n'y a pas véritablement de jurisprudence sur ces cas comme les jugements sont très récents. Aujourd'hui la Justice retient surtout le qualificatif de détention et diffusion d'images pédopornographiques. Récemment une peine de six mois de prison a été prononcée.

De plus, nous éprouvons des difficultés avec les pays d'origines parce qu'il n'y a pas d'accord judiciaire avec eux et, souvent, il n'y a pas d'exécution de commission rogatoire internationale. Ce manque vient inévitablement fragiliser les dossiers.

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