Circulez, y'a rien à voir
Ils ont crié "Allah Akbar" et "enculés de Français"
Des mots d'une grande banalité semble-t-il. Car on a fini par s'y habituer.
Benoît Rayski
Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.
Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.
Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.
Dans les écoles de journalistes on apprend aux étudiants à hiérarchiser l'information. Un homme se donne la mort en ouvrant le gaz : pas une ligne. Un homme s'immole par le feu : des articles abondants. Tout cela en vertu du principe suivant : un chien qui mord un homme inutile d'en parler mais un homme qui mord un chien est une information de première importance.
Les policiers se sont protégés avec des boucliers et ont lancé quelques grenades lacrymogènes. Certes ils étaient armés mais les conditions de la riposte suivant le règlement veulent que les moyens de la riposte soient proportionnés à ceux utilisés par leurs agresseurs…
Finalement la BAC alertée est venue en renfort et l'affaire s'est terminée au bout de 30 minutes. Les journaux en parlent un peu. Pas trop quand même. On pourrait sen étonner et trouver bizarre qu'aujourd'hui en France il faille des policiers pour protéger d'autres policiers !
Pareillement on serait en droit de trouver singulière une situation où au lieu que ce soit les policiers qui aillent traquer les voyous dans leurs cités ce sont les voyous qui traquent les policiers dans leurs commissariats.
La vérité nous oblige à dire qu'il n'y a hélas rien de bizarre et de singulier ici. Et si nous en parlons c'est par pur désœuvrement… En effet, ces affaires sont tristement répétitives. Ainsi, le même commissariat avait été l'objet d'une attaque identique il y a un an. La routine donc.
Routine encore. En mai dernier, le commissariat de Boissy-Saint-Léger a été la cible de jets d'acide. Plusieurs policiers ont été intoxiqués. En revanche, ce qu'il s est passé en 2011 à Champigny-sur-Marne est beaucoup moins routinier. Le commissariat de la ville a été attaqué par une vingtaine de "jeunes". Mais dans ce cas précis, ils étaient animés par un élan patriotique. Ils entendaient protester contre l'invasion scandaleuse de leur territoire par une brigade policière chargée de mettre fin au trafic de drogue. Mais tout ça, à bien y réfléchir, ce n'est pas plus intéressant qu'un chien qui mord un homme.
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