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Pourquoi la meilleure des sécurités nucléaires est... la démocratie
©Andrew CABALLERO-REYNOLDS / AFP

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Depuis quelques semaines se déroule le débat public sur le Plan National de Gestion des Matières et Déchets Radioactifs (PNGMDR). Chaque semaine ou presque jusqu’en septembre, des réunions sont organisées sur divers sujets. Le 20 juin, à Bar-le-Duc, le thème portaitsur les alternatives au stockage profond des déchets.

Alexis Quentin

Alexis Quentin

Alexis Quentin est docteur en physique et ingénieur dans l'industrie nucléaire. Membre de l'association les voix du nucléaire.

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En 1991 est discutée, puis votée la loi Bataille, qui a lancé 15 ans de recherches sur la meilleure manière de gérer les déchets radioactifs de haute activité et moyenne activité à vie longue. Ces derniers ne représentent en tout et pour tout que 3% du volume total des déchets, mais concentrent plus de 99% de la radioactivité.

Ces études vont se concentrer sur trois options : l’entreposage en surface, la transmutation et le stockage profond. On ne rentrera pas dans les détails techniques de chaque solution, ce n’est pas ce qui nous intéresse ici. Au cours des discussions de cette loi, une phrase a été prononcée par un sénateur de l’Essonne qui résume dans les faits, la politique française en matière de gestion des déchets radioactifs : « La meilleure des sécurité nucléaires, c’est la démocratie ».Ce sénateur c’était Jean-Luc Mélenchon.

En effet, après le vote de cette loi, 15 ans sont donnés aux chercheurs avant de repasser devant le Parlement. Et c’est ce qui sera fait en 2006 où, devant l’absence de certitudes, cinq années supplémentaires sont données aux scientifiques. A l’issue de ces travaux la solution de stockage en couches géologiques profondesest proposée et débattue lors d’un débat public, lequel sera d’ailleurs boycotté par les associations antinucléaires.Ce débat sera suivi d’une loi qui définira Cigéo comme la solution de référence tout en gardant un œil sur les évolutions de la technologie, et en premier lieu la transmutation, remise récemment sur le devant de la scène par Gérard Mourou. Il est d’ailleursintéressant de noter que le député qui présidait la séance à l’Assemblée Nationale lors de l’adoption de cette Loi était François de Rugy.

La solution, telle que votée par le Parlement à l’issue de 20 ans de travaux, trois lois et un débat public est donc un stockage réversible, tout en conservant des travaux de recherche sur la transmutation. Tout ceci est un modèle de démocratie, de gestion publique d’un sujet extrêmement technique.Depuis 1991, les différentes institutions ont su s’appuyer sur les scientifiques et les politiques afin d’arriver à la meilleure solution possible,en se basant sur des faits, des études, et en laissant de côté l’idéologie.

Malheureusement, ce n’est pas l’histoire qu’on nous rabâche aujourd’hui. Les antinucléaires, spécialistes dans le storytelling leur donnant la part belle, ne cessent de crier au déni démocratique. Pourquoi ? Tout simplement parce que cette solution diffère de la leur. Et ce n’est pas le seul accroc. Dans une interview donnée au Point dernièrement, une députée de la majorité a affirmée, en contradiction totale avec les faits, que toutes les solutions n’ont pu être étudiées pour le stockage profond, et que cette solution n’est d’ailleurs pas réversible. Et de préciser que de véritables recherches n’ont pas été menées sur les deux autres axes de la loi Bataille. Ces coups de canifs dans la vérité et la démocratie ont été renouvelésle 20 juin dernier à Bar-le-Duc, où ont étédébattues les alternativesau stockage profond dans le cadre du débat public sur le PNGMDR.

A l’heure où Emmanuel Macron et Edouard Philippe disent aimer la Science et vouloir se baser sur elles pour définir leurs politiques publiqes, il serait de bon ton que l’éxécutif mette en pratique ces bonnes paroles sur, plutôt que de se fier aux gesticulations antidémocratiques et attentatoires à la liberté des militants antinucléaires.

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