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Ce compromis que prépare discrètement Boris Johnson derrière ses menaces de Brexit dur
©DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

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Alors que la course à la succession de Theresa May s’est ouverte ce week-end, Boris Johnson, très favori parce que champion extravagant d’un Brexit dur et rapide, prépare en fait les conditions d’un compromis qui éviterait la rupture.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Tout se passe comme si à l’approche du pouvoir, les candidats en position de succéder à Theresa May se rendaient compte que la gestion du Brexit sera très compliquée. Boris Johnson, le favori au poste de Premier ministre, a construit sa notoriétésur des convictions très populistes et très nationalistes, ce qui l’a amené à défendre un Brexit sans aucune concession. Brexit rapide et presque violent,à tel point qu‘il avait abandonné le gouvernement de Theresa May quand elle a négocié son projet d’accord et n’a eu de cesse de voter contre le compromis qui avait été négocié, revenant en permanence à un projet de Brexit dur et pur. Il a donc quitté la sphère du pouvoir afin d’avoir la parole plus libre, ce dont il ne s’est jamais privé. Exigeant même jusqu'au départ de la Première ministre, ce qui a fini par arriver.

Seulement voilà , aujourd’hui, il se retrouve aux portes du pouvoir, candidat favori des conservateurs, bien obligé de confirmer ses intentions, c’est à dire gérer le Brexit le plus vite possible mais bien obligé aussi d’imaginer les procédures et de prévoir un changement de régime sans drame, ni risque économique majeur pour la Grande Bretagne.

Or, Boris Johnson, qui pendant la campagne pour le référendum avait brandi des analyses prouvant que le Brexit n‘aurait que des avantages pour la Grande Bretagne, a bien du mal à confirmer ces preuves quand on les lui demande.  Boris Johnson a même abandonné le langage un peu vulgaire qui a marqué son identité pendant la période de négociations.

Quand, lui disant que les entreprise britanniques avaient besoin d’un grand marché comme l’Union européenne, il répondait « Fuck business ». Quand on lui disait que l’Europe pouvait être utile, il disait « We fuck Bruxelles ».

Boris Johnson n’a pas ressorti les mots de la colère qui ont fait sa popularité, ilest maintenant très prudent. Dans les discours,il reste un partisan du Brexit, mais dans les réunions de cabinet, il se dit aussi très lucide sur les difficultés qu’il aura en phase de responsabilités.  Donc, Brexit oui, mais il faudra tout faire pour ne pas bloquer le système économique britannique. Brexit oui, mais la clause de sauvegarde ( back stop ) n’est pas forcément nécessaire, on pourra renégocier.

Brexit oui, mais il reconnaît que l’édification d’une frontière entre l’Irlande du Nord et l’Irlande du Sud ne sera pas nécessaire, on trouvera une solution. 

Brexit oui,  mais il n’est pas souhaitable que la Grande Bretagne soit exclue ou s’exclut elle même du grand marché donc là encore, il faudra trouver une solution.

Brexit oui, mais Boris Johnson n’exclut pas de discuter beaucoup de détails,  il considère même que ça sera indispensable.

Par conséquent, Boris Johnson fait tout pour que les Anglais n’aient pas peur de ce qui va se passer.

D’abord, il promet la sortie mais il demande du temps.

Ensuite, il se refuse à organiser un nouveau referendum parce qu’il promet une renégociation avec des revendications qui portent principalement sur ce qui a déjà été négocié par Theresa May et Michel Barnier.

A voir s’il trouvera les solutions.

Aprés avoir affiché une opposition frontale à l'Europe, après avoir prôné un divorce sans compromis, Boris Johnson apparaît beaucoup plus conciliant et raisonnable à la veille de prendre la responsabilité du gouvernement.

Sur le fond, le projet de Boris Johnson a donc changé.

Sur la forme, il reste déterminé puisque, si l'Europe n'acceptait pas de renégocier l’accord de sortie du Brexit, Boris Johnson menacerait les Européens de ne pas payer la facture du Brexit.Les Anglais doivent encore pas mal d’argent à l’Europe.  Cette facture correspond à des engagements financiers pris par le Royaume-Uni avec les Etats membres, soit 50 milliards d’euros. « Dans un bon accord, l’argent reste un très bon lubrifiant » a-t-il ajouté, quand on s’étonnait que la Grande Bretagne décide ainsi de ne pas tenir sa parole.

A Bruxelles, on a parfaitement compris le message. Michel Barnier aussi. La Grande Bretagne va renégocier un accord sur lequel les modification demandées par la GB ont déjà été faites. Et sur lequel elle est d’accord.

Le blocage était donc essentiellement politique. Et actuellement les discours électoraux de Boris Johnson participent plutôt d’un dialogue de sourds, parce qu’en réalité, personne ne s’attend à de grosses difficultés. Le Parlement britannique ne pouvait pas signer le compromis parce qu’il était présenté par Theresa May. Maintenait qu‘elle est partie, tout est possible, parce que sur le fond, tout le monde reconnaît que le projet

Theresa May correspond à la réalité :
1. La Grande Bretagne a besoin du grand marché

2. L’Union européenne a besoin du marché britannique

3. La Grande Bretagne comme l’Union européenne ont besoin de normes en matières sanitaire, sociale et fiscale. Si les Etats n’acceptent pas de les mettre en place, les consommateurs se chargeront de les exiger.

A quelques mètres du pouvoir, Boris Johnson a compris tout cela. Pour le reste, comme il dirait, Fuck !

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