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Démission de Laurent Wauquiez : une décision très contrainte mais relativement habile
©ERIC PIERMONT / AFP

Changement à droite

Laurent Wauquiez a accédé aux demandes de certains membres de son parti, en annonçant hier à 20 heures sa démission des fonctions de Président de LR.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Sa situation était devenue intenable ; après que son parti ait encaissé le pire résultat électoral de son histoire, subi les assauts de ses élus nationaux et territoriaux, sans parler de la désaffection de ses adhérents, Laurent Wauquiez a constaté que ses tentatives pour tenir en attendant que passe la tempête, étaient vaines : les démissions et les menaces de scission se multipliaient  au sein des Républicains et face au risque de se retrouver à la tête d'une coquille quasi vide, défié et ignoré à défaut d'être démis, il a cédé et jeté l'éponge, constatant la digue cédait de toutes parts. Il l'a fait de manière théatrale au journal de 20H de TF1, annonçant qu'il se retire sur son aventin Rhône-alpo-auvergnat pour se consacrer dorénavant exclusivement aux habitants de sa région, expliquant vouloir  éviter "tous risques de guerres des chefs, de revanches", et ajoutant ne pas vouloir être un obstacle à à la reconstruction des Républicains. Il n'a pas souhaité bon courage à celui ou ceux qui s'attelleront à cette reconstruction, mais c'était suggéré, car le parti est en ruines...

La décision de Laurent Wauquiez a été murement réfléchie au cours de la semaine passée. Elle lui permet de  se draper dans la nécessité de retrouver une légitimité auprès des électeurs, et lui-même calcule sans doute qu'en se retirant, il se préserve d'une hypothétique guerre des chefs et peut se reconstruire. Mais nul ne sait de quoi  sera fait l'avenir de son parti. Car son départ est loin de mettre un coup d'arrêt à l'enchainement de conséquences de l'échec des européennes au sein du mouvement...Si dans l'instant qui a suivi son annonce, celui qui était vu comme un  boulet pour la droite, s'est vu paré de toutes les qualités :" digne, responsable, faisant preuve de panache, et de sincérité", l'heure, pour ce qu'il reste des Républicains n'est pas à l'apitoiement , car le parti est face au défi posé par Emmanuel Macron: "entre le FN et La République en Marche, il n'y a plus rien".

Le sénateur des Hauts de Seine, Roger Karoutchi a posé l'équation dans un twitt : "sa démission met tout le monde au pied du mur: sommes nous capables de refonder un parti de droite rassembleur et populaire ? L'espace politique existe-t-il encore? Réponse très vite". Car hasard du calendrier, quelques heures avant Laurent Wauquiez, Marion Maréchal Le Pen qui faisait son retour sur les antennes, appelait à une " grande coalition des droites", englobant le Rassemblement National et les Républicains, tandis que le député RN Sébastien Chenu constatait simplement "ils sont au bout du chemin". A l'opposé,  un peu plus tard dans la soirée les députés Agnès Firmin Le Bodo (la suppléante d'Edouard Philippe), et Olivier Becht, porte paroles d'Agir, qui ont quitté les Républicains au moment de la présidentielle, fustigeaient l'équipe Wauquiez qui représente "la frange la plus conservatrice et identitaire" et "n'a pas été capable d'empêcher la dérive du parti"; ils ont appelé ceux qui se réclament de la droite pro-européenne, libérale et humaniste" à les rejoindre . Pour certains, comme le maire de Quimper, c'est déjà fait . D'autres élus L.R. ont claqué la porte la semaine dernière, sans pour le moment, rejoindre la République en Marche , où les guichets sont ouverts. Le Rassemblement National et une coalition formée autour de La République en Marche vont-ils se partager les dépouilles ? Ou bien la démission de Laurent Wauquiez permettra-telle d'enrayer l'hémorragie de LR? "Nous n'avons pas su construire notre espace...nous avons laissé toute la droite modérée,...la droite c'est plus que les républicains ...nous avons  besoin de collégialité.", reconnaissait ce matin Eric Woerth sur RTL, fustigeant en creux la ligne purement identitaire et le fonctionnement " jupitérien"(- d'autres disent clanique ),de Laurent Wauquiez. A Paris, certains, à l'instar de Claude Goasguen, prônent une alliance avec La REM dans la perspective en vue des municipales . Et pour les élus cette échéance est au moins aussi importante que la présidentielle. En cas de nouvelle déroute, Laurent Wauquiez pourrait être appelé à descendre de ses montagnes auvergnates pour rendre des comptes ...

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