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Rafik Smati : "Il faut d’autant plus assumer un discours politique libéral que personne ne l’est vraiment chez nos responsables politiques"
©LOIC VENANCE / AFP

Entretien politique

Le président du parti politique Objectif France, Rafik Smati, estime dans un entretien à Atlantico qu'une grande partie de la richesse captée par l'État ne rend plus service au public.

Rafik Smati

Rafik Smati

Rafik Smati est Président du parti politique Objectif France. Entrepreneur, Il a publié  « French Paradise » (juin 2014), « Révolution Y : la génération qui va redessiner l'Europe » (2013),  « Eloge de la vitesse : la revanche de la génération texto » (2011),  « Vers un capitalisme féminin » (2010).

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Atlantico : Vous avez annoncé la fusion entre le Parti Libéral Démocrate et le parti dont vous êtes le président, Objectif France. Pourquoi cette alliance et à quelle fin ?

Rafik Smati : C'est l'idée que ceux qui partagent dans des temps politique turbulents des idées communes ont le devoir de s'unir parce qu'il y a urgence. Le temps presse. Notre pays est dans un état de danger d'un point de vue économique et social. Il faut aller vite le temps joue contre nous et on a le devoir d'avancer ensemble. C'est dans ce contexte qu'avec le PLD que nous connaissons de longue date avons décidé de faire une fusion pour pouvoir avancer ensemble dans une même entité qui porte le nom d'Objectif France.

Nous présenterons des candidats aux élections municipales de 2020 car nous sommes un parti politique et le propre d'un parti est d'être au rendez-vous des grands enjeux électoraux du pays. Deux élections comptent en France par-dessus tout, les présidentielles et les municipales car, pour ces dernières, il s'agit d'élire un élu de proximité.

Dans ce cas pourquoi ne pas s'être rangé derrière un parti ?

Nous avons un réel maillage territorial établi dans une cinquantaine de départements qui est extrêmement solide et mobilisateur. Vous savez la politique n'est pas mon métier. Ce n'est pas non plus le métier du Vice-Président Exécutif le Général Bertrand Soubelet (ancien directeur des Opérations de la Gendarmerie). Si nous nous engageons c'est pour des idées. Si ces idées étaient bien représentées sur l'échiquier politique, nous n'aurions pas besoin de nous présenter. SI nous avons lancé Objectif France et que nous rassemblons c'est précisément car on considère que nos idées ne sont portées par personne.

Aujourd'hui, qu'est ce qu'être libéral ?

C'est créer les conditions économiques pour que les consommateurs comme les entreprises puissent avancer en toute liberté avec le moins de contraintes possibles. Est-ce que la France avec 56% du PIB consacré à la dépense publique et qui a le record mondial des prélèvements obligatoires et une dette que nous léguons aux générations futures, peut-on vraiment considérer que c'est libéral ? Non. Tous les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis 30 ou 40 ans ont pratiqué des politiques qui ont créé de la dette sans régler les problèmes structurels auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui.

Comment alors, selon vous, réduire la dépense publique sans toucher aux services publics et la préservation du modèle social auquel sont attachés les Français ?

Il faut se poser des questions de fond et avoir un discours de vérité. Si nous dépensions autant pour des services publics qui nous satisferaient à la limite on pourrait considérer que c'est un choix de société. Or, si vous interroger nos compatriotes (et il suffit de se rendre dans les hôpitaux, les prisons ou les commissariats) on se rend compte qu'une grande partie de la richesse captée par l'État ne rend plus service au public.

On explique cela par des lois qui se sont empilées les unes sur les autres et se sont neutralisées comme la réforme territoriale dont il suffit de constater les résultats. Ce sont des couches qui s'empilent et à la fin ce sont les services publics qui trinquent.

Il faut maintenant distinguer service public et service au public. Regardez ce qu'il se passe dans les hôpitaux par exemple. Le service rendu au public dans les hôpitaux c'est à peu près 50% de la fonction publique hospitalière. Quand on parle des médecins des infirmières ou des aides-soignantes on parle de 50% des effectifs, le reste c'est du personnel administratif.

C'est dans l'organisation opérationnel de l'appareil d'État qu'il faut faire un vrai travail pour remettre à plat les structures.

Si le problème est si clairement identifié, qu'est ce qui explique que rien n'ait été fait alors par les gouvernements successifs ?

Car cela nécessite du courage. Prenez le principal poste budgétaire dans la dépense publique : les retraites (147% du PIB). La France est le pays au monde où la durée de travail dans la vie est la plus courte et où l'âge de départ à al retraite est le plus tôt. Comment voulez-vous résoudre l'équation si ce n'est en produisant des déficits ? Il faudrait accepter de repousser l'âge de départ à la retraite. Cette idée était portée par François Fillon qui était le candidat que j'avais soutenu à l'élection présidentielle d'ailleurs. Mais ce sont des sujets qui nécessitent de faire beaucoup de pédagogie auprès du public. Je sais que les Français sont prêts à accepter un discours de vérité à deux conditions : qu'on fasse preuve de pédagogie et que l'on ait une vision positive de notre pays, son avenir et son rôle dans le monde.

Les deux sont liés. On ne peut pas faire de la politique sur la simple promesse de "sang et de larmes". Il faut un objectif qui embarque tout le monde. Le problème aujourd'hui est que nous n'avons pas la souveraineté budgétaire pour mener à bien nos ambitions. L'équation comptable c'est la conséquence d'une vision stratégique. C'est dans ce sens-là que ça marche.

Nous avons une grande ambition pour notre pays autour de quelques piliers fondamentaux qui peuvent faire rayonner la France aux alentours de 2050. Aujourd'hui, en France, il n'y a pas de vision stratégique. Comment voulez-vous demander à nos compatriotes de faire des efforts si on n'est pas capables d'expliquer pourquoi l'on doit faire ces efforts

Porter un discours de moins de dépense publique à un moment où la France traverse une crise sociale sans précédent et ont montré qu'ils voulaient de la proximité avec les services publics, qu'ils y étaient attachés, est-ce un discours facile à porter ?

C'est probablement le discours le plus difficile à porter. Mais ce n'est pas parce que c'est difficile qu'il ne faut pas le porter. Je suis même convaincu qu'il est l'unique discours possible pour notre pays. Je suis pro-business, pour la suppression totale de l'ISF, je considère que les entreprises sont la clé du sursaut de notre économie mais en même temps j'ai de la sympathie pour le mouvement des Gilets jaunes tel qu'il était à ses débuts car je suis conscient de la misère sociale que nous avons dans notre pays. Mais en réalité, tout ce cela est le même sujet.

Le discours du Président de la République hier était assez symptomatique. D'une part il renonce à baisser la dépense et a laissé sous-entendre qu'il reviendrait sur son objectif de diminution des fonctionnaires. En même temps, il veut diminuer les impôts. A travers les annonces, cela doit représenter un petit 20 milliards d'euros. On n'allège donc pas l'Etat, on rend du pouvoir d'achat aux Français mais comment financer tout cela ?

Le président a donné la réponse hier, il va mettre les entreprises à contribution. Sauf que les entreprises françaises aujourd'hui payent 62% d'impôt, taxes et charges sur leur résultat commercial, ce qui est le record mondial. Qu'est ce qui se passe à moyen terme ? On entérine le chômage de masse pour les 30 prochaines années à venir.

On achète la paix sociale aujourd'hui pour avoir encore plus de Gilets jaunes demain.

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