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Comment la haine est devenue une envahissante passion française
©ABDULMONAM EASSA / AFP

Toujours plus…

Elle n'est pas cotée en bourse. Mais son cours est en hausse.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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On entend "flic, suicidez-vous". On lit "Flic suicidé, flic à moitié pardonné". On s'indigne naturellement. Et on pense que cette haine toute fraiche a fait irruption avec l'apparition des Gilets jaunes. C'est une erreur.

Elle vient de loin et d'hier. Souvenons-nous des "Tout le monde déteste la police" des manifestations de la loi El Khomri. Du "Poulet Grillé" de l'antenne CGT de Publicis après qu'une voiture de police avec ses occupants à l'intérieur ait été incendiée. Et comment oublier l'infâme affiche de la CGT avec la chaussure d'un CRS baignant dans une flaque de sang.

Mais la haine ne se limite pas à la police. Elle voit grand, conquiert de territoires et des âmes. Elle est contagieuse et se nourrit à une pensée réduite à des hoquets de ressentiment. Ainsi, ils sont des centaines de milliers à haïr les mécréants, les Gaulois, les Juifs et les fiottes. Leur rage est pour eux une carte d'identité.

Ils ont fait "sécession", une des rares expressions juste de l'allocution de Macron, de la communauté nationale. Ils incendient les Eglises, coupables de faire de l'ombre aux mosquées. Et certains d'entre eux, plus fanatiques que d'autres, vont jusqu'à l'assassinat. La haine, on l'a dit, voit large et ne se cantonne pas aux territoires perdus de la République. Les riches sont haïs sans aucune mesure. On l'a vu quand des milliardaires ont fait des dons pour rénover Notre-Dame. Ils ont été copieusement insultés.

Un parti politique – celui de Mélenchon et de Ruffin – appelle les ouvriers et employés à haïr leurs patrons. Par la magie de leur verbe haineux, ces derniers cessent d'être des êtres humains pour devenir des "suceurs de sang". Il était légitime de les combattre dans la grève. Il est désormais normal de souhaiter leur disparition.

La France est dorénavant un pays ravagé par des pulsions mortifères. Elle est abîmée et, pour le moins défigurer. Haïssez, haïssez, il en restera toujours quelque chose… Et ce qui en reste est un paysage de cendres. 

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