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Euro 2020 : les Bleus digèrent leur coupe du monde par une victoire probante en éliminatoires contre la Moldavie
©FRANCK FIFE / AFP

Football

En s'imposant nettement en Moldavie, avec quatre buteurs différents, l'équipe de France a idéalement lancé sa campagne de qualification pour l'Euro 2020.

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez

Olivier Rodriguez est entraîneur de tennis et préparateur physique. Il a coaché des sportifs de haut niveau en tennis. 
 
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Remettre le bleu de chauffe lorsque l'on est champions du monde, le Graal d'une vie pour tout joueur professionnel, n'est pas chose aisée. L'idée peut paraître paradoxale mais ce qui succède aux plus grandes victoires peut être plus piégeux que ce qui découle des pires défaites. Seule terreur d'un groupe largement à sa portée, l'équipe de France le sait bien, désormais, elle sera attendue partout. Devenue cible et point de mire, il lui sera demandé de gagner, bien sûr, mais aussi d'être à la hauteur de sa propre légende. La gloire est une chose, mais sa digestion en est une autre. Elle convoque des questions existentielles. Pour les joueurs: comment quitter l'exceptionnel pour retrouver le quelconque ? Pour Didier Deschamps: comment redonner faim à un groupe qui, s'il pourra difficilement faire aussi bien, ne pourra jamais faire mieux ? Au niveau du management, ce n'est pas plus simple. Dans ces circonstances, la tentation de l'immobilisme est grande mais, il y a peu, le mauvais exemple donné par nos voisins Allemands a prouvé que se reposer sur ses certitudes n'était pas la voie à suivre. Dernier élément de poids à prendre en considération, la gestion de la temporalité de la compétition. Si une phase finale de Coupe du monde s'étale sur un mois, les qualifications pour le prochain Euro courront jusqu'en novembre. Neuf mois c'est long, pour toute gestation...

Vendredi soir donc, le nouveau chapitre du roman de l'histoire s'écrivait en Moldavie. La remise en cause nécessaire du système et de tous ses acteurs passait par le désuet stade Zimbru. Une enceinte bien modeste (dix mille places) pour les nouveaux champions du monde. 170ème nation au classement mondial, pleine d'envie et de bonne volonté... la Moldavie a explosé. Pas rapidement, pas d'un coup, mais progressivement. A la façon dont on allume un pétard à mèche longue, la France a pris son temps. Griezmann (24ème minute), Varane (27ème), Giroud (35ème) ont dynamité des joueurs qui ont eu l'élégance de perdre avec un certain sérieux, comme s'ils avaient ça toute leur vie. Aussi, lorsque Mbappe (85ème) marqua le dernier but des bleus de la soirée, chacun avait compris que la foudre venait de tomber sur un tronc déjà calciné. La réduction du score par Ambros (89ème) relevant plus d'un relâchement général que d'une erreur individuelle, nous ne nous étendrons pas sur le sujet.

 Du côté des satisfactions, nous citerons Griezmann, Pogba et Giroud. Les deux premiers cités, au delà de la solidité de leur prestation, ont fait la démonstration, sur l'ouverture du score, que la véritable compréhension se passe de langage.

Olivier Giroud, lui, a passé une excellente soirée. Il a, hier soir, marqué son ... 34ème but en équipe de France. Une statistique incroyable. Ecrire ici que seuls Platini et Henry ont fait mieux que lui est certainement assez puisque cela en dit déjà beaucoup. La prestation de Kylian Mbappe constitue une des seules fausses notes de la soirée. Oh, pas tellement pour la qualité de son jeu mais plutôt pour celle de son comportement. Depuis quelques semaines, ce buteur névrotique semble ne pas accepter que ses coéquipiers ne soient pas exclusivement à son service. Et son langage corporel, comme ses mimiques, soulignent son exaspération systématique à chaque action avortée, à chaque passe manquée par ses partenaires. Il semble désormais vivre sa vie de joueur comme d'autres font du cinéma: s'il marque c'est un blockbuster, s'il ne marque pas, c'est un drame. Cette réduction du monde à lui-même montre malheureusement qu'il est bien un jeune homme de son temps. Pourvu que ça lui passe... Le destin contrarié de Coman (blessé compulsif) et l'inaptitude des remplaçants à se montrer à leur avantage compléteront le tableau restreint des déceptions. 

Faute d'une réelle opposition, les enseignements à tirer d'une telle rencontre sont limités. Ce matin, l'essentiel est là. Les trois points sont pris et la différence de buts est soignée. Face à l'équipe la plus faible de sa poule, en se rendant le match facile, l'équipe de France a fait plus que le nécessaire. Très souvent mise en difficultés par le passé face à des équipes jouant bas et regroupées, elle a, hier soir, su trouver des solutions et créer des espaces. Sur ce plan-là, on peut même dire qu'elle est en progrès. En se montrant patients et efficaces en première période, les bleus ont pu gérer tranquillement la seconde, en préservant leurs forces. Des forces dont ils auront besoin lundi prochain au Stade de France pour recevoir l'Islande, quart de finaliste surprise de l'Euro 2016... Face à un adversaire d'un autre niveau, il faudra confirmer. Mais quel système choisira Didier Deschamps ? Avec quels hommes pour l'animer ? Puisqu'il sait que toute habitude est une stagnation, parions qu'il régénérera son équipe par petites touches et qu'il cherchera à piquer l'orgueil des uns sans froisser la vanité des autres. 

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