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Les dessous de la superpuissance américaine : les nouveaux Etats-Unis, où le règne des puritains et des “flocons de neige”
©GEORGE FREY / AFP

P2: American Express

Derrière l'image caricaturale transmise par Hollywood ou la propagande anti-américaine, retour en six étapes sur l'état réel de la superpuissance américaine. Deuxième partie.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Les Etats-Unis, vue cavalière

Quel est alors le bulletin de santé du géant interventionniste ? Plutôt préoccupant disent d'éminents experts - eux-mêmes Américains. 325 millions d'Américains, dans un pays infiniment complexe, morcelé, communautarisé, aux innombrables "cultures" et au sens du collectif étriqué, voire évanescent. Où des masses émiettées finissent par n'avoir entre elles plus grand chose de commun. Sauf un patriotisme, lui aussi en baisse : à l'été 2018, au plus bas depuis 2000, 47% des Américains sont "très fiers de l'être". Peu auparavant (avril 2018) un sondage PEW révèle que seul 1/5e des sondés pense que la démocratie américaine fonctionne bien ; 2/3 des sondés estimant que le gouvernement américain a un vrai besoin de changements significatifs.

I - ÉTATS-UNIS, CADRE SOCIAL ET ÉCONOMIQUE

Observons d'abord l'état présent de la société américaine ; ce qu'elle vit, ce qu'elle éprouve et s'inflige ; ce qui l'étreint et la tourmente. Le tout apparaissant désormais étrange, farfelu et parfois inquiétant, au reste du monde.

1 - Le retour en fanfare du puritanisme

Ce qu'on voit de prime abord est une forme mentale de l'isolationnisme qui étreint l'Amérique, quand le monde extérieur lui devient par trop confus et illisible. Aujourd'hui, cet énième feu de prairie prend la forme d'un brutal retour à Salem  et au puritanisme ancestral : ce violent coup de barre ramène l'Amérique à l'originale communauté des purs : plus de sexe, plus de race, plus de luxure, ni d'agréments : en termes d'aujourd'hui : "théorie du genre" (en fait, de l'absence de sexe), fanatisme féministe, végans, tous humbles et uniformes sous l'œil du dieu jaloux et de l'assemblée du Temple qui veille et stimule la délation publique.

Or bien sûr, chaque fois qu'il revient sous des oripeaux neufs, l'ancestral puritanisme se pare des plus nobles motifs : Satan ! Femmes battues par d'ivrognes époux (Temperance, devenue Prohibition) ! Weinstein ! Souffrances animales ! etc. Inévitablement, ce puritanisme entraîne la haine de la dépouille charnelle et de la répulsive beauté (Satan !) ; un beau jour (prétexte affiché, une bienséante "célébration de la diversité") les naguère superbes mannequins de la mode deviennent de squelettiques laiderons au regard vide, affligés de telles difformités, infirmités et imperfections, qu'à la fin, le spectateur sain d'esprit pouffe de rire - mais bien sûr, c'est fort mal de rire car Satan rôde et le Mal est partout.

Parmi les dernières et réjouissantes lubies puritaines américaines, trop méconnues en Europe : plus d'odeurs capiteuses, plus de jouissance, le porno et l'édition dans la ligne du Parti (puritain), le sexe contractuel :

• Fanatisme du sans-parfum : Fragrance Free, No-Scent Zones, etc. Slogan (sans rire !) Think before you Stink. Prétexte : de rares hypersensibles aux composés organiques volatiles prétendent que les parfums "attaquent leurs poumons" ; maladie d'ailleurs quasi-impalpable, relevant sans doute de l'hystérie ou de la mode. DONC disent les néo-puritains, interdisons partout l'usage de tout parfum. Le bienséant Canada obtempère : Fragrance Free zones dans des hôtels et restaurants... Les bus d'Ottawa... Bâtiments et transports de Halifax...Université de Toronto... Aux Etats-Unis : université Stanford (Californie), celle du Colorado... Bâtiments publics de Detroit. Consécutive loufoquerie : des parfumeurs proposent désormais des... parfums inodores pour Snowflakes !

• Présence désormais sur les tournages de films porno d'un (féminin bien sûr) commissaire politique (intimacy director) qui dirige les mouvements, s'assure de la chirurgicale asepsie de l'acte, jauge, comment dire ? les angles de tir, etc. Quasiment du Molière (Baiserai-je ?).

• Pareil pour les livres ! Là le commissaire politique se nomme "Sensitivity Reader". Tout éditeur (de romans, pour l'instant) a le sien, qui strictement expurge tout texte de ses "stéréotypes nocifs" : race, religion, sexualité, maladies, infirmités, atteintes à la diversité, cas d'"appropriation culturelle", etc. Que recrache ce broyeur de négativité humaine ? Des romans pour "Snowflakes". Mort trop tôt, le pauvre Philippe Muray aurait adoré.

• - Drague réussie dans l'Amérique de 2018 : voici votre conquête alanguie sur le canapé, drink en main. Vous allez "conclure"... Pas si vite ! D'abord, récupérez sur l'appli Legal Fling (ou analogue) un "contrat de consentement" au sexe (document of intent). Ce contrat inaltérable (technologie Blockchain) prévoit tout : préservatifs... SM... Gros mots... (lesquels ?) gestes autorisés/interdits..., etc. Enfin ! Click and consent : le document est sauvegardé, place à l'acte. Faribole imprévue ? Le document est récupérable et modifiable à volonté. Qu'en est-il dans ce pensum juridique, du désir et du plaisir ? Euh...

2 - Délires académiques

Génération pourrie dès la naissance (Sa Majesté le Bébé), enfants gâtés ensuite, ces "Flocons de Neige" sont convaincus ("narcissisme infantile") que le monde tourne autour d'eux. Leurs parents vite domptés par chantage au suicide, ils enchaînent les caprices sexuels - la psychiatrie dit : "syndrome de Peter Pan" (le petit garçon refusant de grandir) ; désir pré-pubère d'en rester au monde asexué - le tout, pur et simple déni du réel. Le Canada se rue : dans ce pays, rejeter le désir de changement de sexe d'un enfant est puni par la loi. Les Etats-Unis n'en sont pas loin.

Ces gosses de riches accèdent bien sûr aisément à des universités hors de prix. Pas vraiment à la dure : toujours plus souvent, dit récemment le New York Times, la famille de l'enfant-roi choisit son université en avion privé - $50 000 à 60 000 la semaine de voyage - les nuitées bien sûr, en hôtel de luxe.

Etudiant, l'hypersensible "Flocon de Neige" bascule illico dans un outrancier anarchisme, offensé d'un rien et horrifié par toute idée qu'il rejette. Exigeant d'être protégé de tout ce qui l'offusque, il trépigne et sanglote à toute contrariété. Dans les universités se multiplient ainsi les "placards des pleurs", aux murs couverts de photos de chatons-mignons, avec corbeille de peluches ; le "Flocon de Neige" s'y réfugie en larmes en cas de gros chagrin.

Parmi cent ineptes conférences destinées à calmer les "Flocons de neige" (leurs parents paient, après tout...), celle sur la pratique du Yoga par les Blancs, "système raciste de pouvoir, de privilège et d'oppression patriarcale et xénophobe" constat suivi d'un appel à décoloniser le yoga de "l'appropriation culturelle" qu'il subit...

Parfois les "Flocons de neige" voyagent. Là, ils exigent toujours plus le "support émotionnel" d'un animal de compagnie (doudou vivant pour adulte secoué...). Un certificat médical et voici votre chien dans l'avion... Un paon récemment. Bientôt un boa constrictor sans doute. Ainsi évolue la jeunesse estudiantine américaine. Ces prochaines années, le "renouvellement des élites" du pays sera pittoresque..

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