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Meurtre en vidéo et sur les réseaux sociaux : un fait divers révélateur de l’intensification de la violence en France
©CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Acte de barbarie

A Lyon, deux jours après la découverte d'un corps sans vie d'un jeune homme dont la mise à mort a été filmée et diffusée via la messagerie de Facebook, le parquet a annoncé avoir retrouvé la deuxième personne malmenée dans la séquence. Elle est en vie.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Atlantico : À Lyon un meurtre barbare, précédé d'actes de torture, à beaucoup choqué. Le motif serait un vol de téléphone. Est-ce un fait isolé ou un ensauvagement réel de la société française ?

Xavier Raufer : Aborder ce problème en braquant le petit bout de la lorgnette sur une seule infraction - certes remarquable de brutalité - ne mène à rien ; c'est l'arbre qui cache la forêt. Le cas que vous évoquez n'est qu'un macabre point d'application local d'une réalité sous-jacente que le gouvernement et ses médias occultent et nient tant et plus. Cette réalité, la voici :
- Des cités et quartiers entiers de la France métropolitaine sont désormais sous la coupe de bandes criminelles se livrant à divers trafics, grâce auxquels ils accumulent d'immenses avoirs illicites : dans une seuls cité, un seul point de deal de cannabis rapporte plus de cent mille euros par an en chiffre d'affaires, avec un taux de profit dépassant d'usage les 50%. Dans les quelque 800 quartiers où s'opèrent ces trafics en France métropolitaine, au quotidien et à grande échelle, des milliards d'euros sont ici en cause. Les faits que vous citez se comprennent dans ce contexte :
- La torture et l'assassinat de l'individu précité résultent des guerres de gangs visant à agrandir ou protéger des fief criminel ; la police parle de "règlements de comptes entre malfaiteurs" et de 2016 à 2018, ces homicides ou tentatives ont doublé en France,
- Les émeutes comme celle de Grenoble - et ces centaines d'autres sous divers prétextes en 2018 (mondial de foot, Halloween, etc.) - visent à sanctuariser ces fiefs criminels. Après une insurrection locale, la police évite le quartier - souvent sur discrète injonction des politiques du coin "Ce n'est pas le moment, une élection approche, etc.". le carcan policier et judiciaire desserré, le trafic s'opère sans risques ni dommages, CQFD.

Ironie macabre, les meurtriers ont filmés le crime avec un portable, et l'ont posté sur internet. La vidéo circule sur les réseaux sociaux malgré l'interdiction de PHAROS de la relayer, ces derniers peuvent-ils avoir un rôle dans l'identification des criminels ou jouent-ils juste le jeu d'un voyeurisme macabre ?


Ne nous laissons pas les écrans nous hypnotiser. Cette vidéo est diffusée par les assassins pour effrayer "la concurrence" - les bandes rivales - et intimider la population locale. Ensuite, quand vous croisez un des caïds locaux - chacun les connaît dans ces cités et quartiers - sachant (par de telles vidéos) ce dont ils sont capables, la docilité de tout un chacun, politiciens locaux en tête, est assurée.
Cela, tout policier et gendarme de base, tout travailleur social de terrain le sait, le vit et le constate au quotidien. Mais bien entendu L'Etat dans ses sommets sait combien le président Macron et son entourage dédaignent les problèmes de sécurité de terrain. Il n'y a qu'à voir comment fut naguère traité M. Borloo, qui présentait un plan de reconquête de ces quartiers hors-contrôle, pour tout comprendre. M. Macron l'a envoyé promener et n'a pas vraiment touché au dossier depuis.

Quelles solutions pour lutter plus efficacement contre ces actes de grande délinquance ?


D'abord cet avertissement grave : épuisées par l'hebdomadaire manifestation des Gilets Jaunes partout en France, la police et la gendarmerie sont épuisées, harassées et peinent toujours plus à accomplir leurs usuelles tâches de maintien de l'ordre. Depuis novembre 2018 et le début de ces manifestations, le nombre des cambriolages et des braquages de proximité - notamment ceux des camions de fret - explose en France. Les chiffres qui nous parviennent sont terribles. Un seul suffira : Dans la zone police de la Haute-Loire, du Puy-en Velay, où les Gilets Jaunes sont très présents, les cambriolages ont bondi de + 27% en 2018. C'est énorme. Bien sûr les Gilets Jaunes n'ont rien à voir avec ces infractions - mais les forces de l'ordre ne peuvent être partout en même temps.
Le terme de "grande délinquance" dont vous usez est le honteux euphémisme des politiciens et médias du système pour censurer le mot CRIME, seul existant dans la réalité et les codes en vigueur. Ces médias remplacent "crime" par "délit" ; on ne vole plus on "dérobe", on ne meurt plus mais on "perd la vie". Tout cela vise à oblitérer la négativité de l'existence humaine - car la mondialisation Soros-Davos est le Rayonnant Souverain Bien que rien de criminel ne doit assombrir.
Sur le fond, comment lutter contre le crime ? Un outil tout trouvé et parfaitement rôdé existe pour cela : le code pénal. Il suffit de l'appliquer sérieusement - ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.

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