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Fiscalité : le gouvernement pris au piège de l'étau fiscal auquel il a contribué
©Pixabay

souricière

Le gouvernement ne cesse de s'enfermer dans un redoutable piège fiscal qui mine les Français.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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La cacophonie fiscale atteint des sommets. Un jour un Ministre s’interroge sur l’ampleur des niches fiscales, qui mitent l’impôt sur le revenu. Un autre jour, un autre Ministre semble découvrir avec stupéfaction que moins de la moitié des ménages s’acquitte dudit impôt, résultat de décennies de renoncements et de lâchetés tout entièrement dédiées, au nom de la solidarité, à rompre le lien citoyen qui veut que si chaque français a des droits, il a aussi des devoirs. Heureusement, le Président de la République, chef d’orchestre est là pour ramener de la sérénité... sans cependant que personne ne discerne la vision qui est la sienne !

Disons-le tout net : rien de nouveau à la pétaudière qu’est devenue notre fiscalité ! « Toujours plus complexe, toujours plus élevée » : telle semble en être la devise depuis trente ans, et les gouvernements précédents s’y sont surpassés. Sauf que…le « nouveau monde » nous avait promis qu’en matière de fiscalité aussi, les français verraient enfin la situation s’améliorer. Cruelle désillusion de plus : au plan fiscal, le gouvernement actuel est finalement pire que les précédents, s’ingéniant à créer un redoutable étau fiscal, à la fois macroéconomique et microéconomique.

Au plan macroéconomique, alors que la France s’est imposée en 2017 comme le pays à la pression fiscale la plus élevée au monde, un piège parfait s’est mis en œuvre. Avec un tel niveau de fiscalité en effet, la France ne dispose plus d’aucune marge de manœuvre. D’un côté, la politique monétaire, qui n’est plus dans ses mains puisqu’elle a été communautarisée au travers de l’euro et confiée à la BCE, a usé de toutes ses marges avec la mise en œuvre d’une politique monétaire non conventionnelle à laquelle, tôt ou tard, il faudra mettre fin, ce qui, inéluctablement, conduira à une remontée des taux et à des difficultés de financement incitant le gouvernement à accroitre la pression fiscale. D’un autre côté, avec une dépense publique parmi les plus élevées au monde et une pression fiscale inédite, il est illusoire d’envisager une relance budgétaire en cas de difficulté majeure. Dans un tel contexte, le gouvernement, qui n’a pas profité de l’éclaircie de 2017, marquée par une croissance dont le niveau élevé a surpris, est démuni pour sortir la France du sentier de croissance naturel d’environ 1,5% de croissance qui est le sien et qui signifie, en l’état actuel de notre économie, le maintien du chômage à un taux de l’ordre de deux fois supérieur à celui des deux pays comparables au notre en Europe, l’Allemagne et le Royaume-Uni. L’on se demande encore combien de temps il faudra pour que nos partenaires européens et les marchés financiers se rendent compte que la France s’est mise en situation de ne plus pouvoir honorer ses engagements dans la zone euro…

Au plan microéconomique, la pression est plus forte encore, et moins dissimulable en ces temps de crise des gilets jaunes. Les exemples sont légion des mille et une petites manœuvres de garçon de bains que ce gouvernement use pour grappiller deçà delà dans les poches des français. Depuis la triste affaire du rabot de 5 euros des aides au logement, il ne manque pas de cibles commodes. Au rang des français bêtes et vulgaires parce qu’ils « fument des clopes » (B.Grivaux), dont finalement il faut avoir honte mais qu’il ne faut pas oublier de taxer, figurent notamment les fumeurs. Entre 2018 et 2020, le gouvernement a ainsi décidé une augmentation des taxes d’environ un euro par an, portant le prix du paquet de cigarettes à 10 euros, ce qui équivaudra pour un consommateur régulier à près d’un SMIC. Comme dans l’« ancien monde », les justifications ne manquent pas, et les approximations non plus en la matière. Augmenter le prix pour lutter contre le tabagisme, objectif de santé publique par ailleurs louable ? Le développement du commerce parallèle, alimenté notamment par la différence de prix entre le paquet en France et chez beaucoup de nos voisins, ne permet pas de sortir des approximations en la matière, et les objectifs ambitieux d’harmonisation européenne affichés par les autorités, comme presque tout ce qu’elles entreprennent en matière européenne, échouent. Si rien ne permet donc de conclure avec certitude à l’effet de la hausse du prix sur la consommation, une chose, en revanche, est certaine : avec près de 15 milliards de recettes, l’Etat, qui récupère 82% du prix d’un paquet, ne s’oublie pas dans l’affaire ! Curieusement, les gilets jaunes peu convaincus par l’honorabilité des objectifs de défense de l’environnement du gouvernement sont parvenus à la même conclusion à l’égard de la fiscalité du diesel…

Au total, ce pouvoir est sans porte de sortie. Empruntant à Foch sa célèbre formule, il doit comprendre que cerné de toutes parts, il n’a plus de choix que d’oser faire le pas en avant qu’il n’a pour l’instant été incapable de faire : organiser une baisse massive des impôts, gagée sur une réduction puissante de la dépense publique. Sauf à ce qu’un jour fumeurs et élites européennes comprennent que c’est la même mauvaise pièce qui leur est jouée…

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